« Les gens heureux n’ont pas besoin de se presser »

(Proverbe chinois)


Le culte de la vitesse

La vitesse, ce besoin profondément ancré dans les schémas culturels des Occidentaux, semble avoir aujourd’hui conquis l’universalité. TGV, gains de productivité, records athlétiques et grands prix automobiles sont régulièrement célébrés dans le monde entier. La vitesse en soi est devenue une valeur, quelle que soit son utilité. N’y a-t-il pas là un culte d’ordre irrationnel ?

Je dois reconnaître que les trains à grande vitesse ont un intérêt certain ; celui de concurrencer efficacement le plus grand pollueur de l’atmosphère : l’avion. Mais en matière de déplacement cela tourne à l’obsession. Les performances que les constructeurs automobiles rendent possibles en témoignent ; de même que le comportement de la plupart des conducteurs, même quand ils ne sont pas pressés par une urgence.

Les effets pervers de l’excès de vitesse sur route

L’excès de vitesse a trois graves effets pervers : l’insécurité (la sienne et celle des autres), le gaspillage d’énergie, le surcroît de pollution.

 La distance de freinage nécessaire pour éviter un obstacle croît de manière exponentielle avec la vitesse du véhicule.

 Une voiture consomme 30% de moins en respectant la vitesse urbaine de 50km/h plutôt que de rouler à 80km/h.

 Son dégagement de polluants atmosphériques est d’autant plus important que la vitesse est élevée. Ce qui justifie (même si cette mesure n’a qu’un impact limité) le renforcement des contrôles de vitesse dans le cadre du plan d’urgence contre les pics de pollution dont le bien fondé est mal perçu par la population.

En diminuant la puissance des automobiles mises en vente pour la rendre conformes aux limitations de vitesse en vigueur, on réduirait sensiblement leur consommation énergétique et leurs émissions polluantes, ainsi que la gravité des accidents ! La possibilité existe déjà sur certaines voitures d’une limitation volontaire de vitesse ; mais qui osera imposer de brider les moteurs ?

Compétences du pouvoir communal

Un pouvoir local peut imposer des espaces préservés tels que les « zones 30 » et les « zones résidentielles » (vitesse limitée à 20km/h).

Faute de contrôle suffisant, l’efficacité de tels panneaux de circulation est cependant toute relative !

Il peut aussi mettre en place des obstacles matériels.

Les casses-vitesse et plateaux surélevés ont été dénoncés de manière récurrente par l’opposition libérale durant la précédente législature. « Trop hauts, mal profilés, trop nombreux, mal placés, bruyants » … tout prétexte est bon pour s’en plaindre.
Il vrai que l’aménagement de chicanes et de « coussins berlinois » (obstacles contournables par les cyclistes), ainsi qu’une réduction de la largeur des voiries (notamment l’aménagement indispensable d’un sas d’entrée dans les zones 30) sont souvent des solutions plus adaptées ; mais je crois que le plateau surélevé demeure un moyen très efficace d’éviter les accidents aux carrefours.


Il peut et doit exercer son pouvoir de contrôle.

Récemment, des radars prévenant l’automobiliste de sa vitesse sont apparus sur certaines de nos voiries communales. L’initiative est louable ; malheureusement au lieu d’un avertissement « migrant » de voirie en voirie, ce sont des radars fixes qu’il faudrait multiplier. Pour un meilleur respect des deux types de limitations en ville: 30 mais aussi 50km/h !

Insuffisance du contrôle

Prévenir qu’il y a infraction est une bonne chose. Mais beaucoup trop peu de procès-verbaux sont dressés pour excès de vitesse dans les villes. Manifestement, la police a d’autres priorités.

J’avoue n’avoir aucune indulgence pour ceux qui se permettent des excès de vitesse en zone d’agglomération urbaine. Je considère que ceux qui persistent dans ce type de comportement sont des criminels en puissance. Ils sont d’autant moins excusables que le gain de temps qu’ils en obtiennent est dérisoire. Nous avons tous fait l’expérience de ces conducteurs frémissants qui vous « collent aux fesses » puis finissent par vous dépasser en trombe… et que nous retrouvons à nos côtés au feu rouge suivant !

Les enfants sont particulièrement exposés. N’oublions pas qu’avant 10 ans un enfant est incapable d’assurer sa sécurité sur la voie publique. Il évalue mal les distances et les vitesses ; il a un champ de vision plus étroit que l’adulte, ce qui l’empêche de voir les véhicules venus latéralement. Il n’est pas capable d’anticiper et ses réactions sont impulsives.

« La mort d’un enfant sur la route ce n’est pas un fait divers »

soulignait récemment un parent membre de l’association des victimes de la route.

Force est de constater que sans une multiplication des contrôles imprévisibles
(dont les services de police n’ont pas les moyens) et des sanctions plus sévères (que les parquets hésitent à prendre), l’excès de vitesse des véhicules motorisés demeurera un mal du siècle.

L’excès de vitesse routière contribue à la croissance de l’insécurité,

à celle du PIB et à celle du réchauffement climatique !

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