La succession d’événements environnementaux hors normes et de publications insistant sur l’urgence d’un changement radical de nos sociétés face aux dangers climatiques rythment de manière soutenue nos sociétés. Les dynamiques de contestations intègrent aujourd’hui les revendications environnementales. Cette intégration passe par un renouvellement de l’engagement politique depuis le début des années 2010. Les mouvements « des places », des Indignés aux Gilets jaunes, renouvellent l’action collective. Revendiquant plus de transparence et de participation, ces mobilisations s’inscrivent autour d’un spectre large, allant de la recherche de la légitimation du mouvement à la mise sur pied d’une nouvelle organisation destinée à la réalisation d’un projet politique, ou, plus loin encore, à la définition d’un nouvel horizon de lutte.

Loin d’être réservé à un courant de gauche progressiste, l’enjeu environnemental se trouve approprié par d’autres tendances politiques. Parmi ceux-ci, l’extrême-droite cherche à intégrer le sujet autour de ses postures identitaires. S’éloignant des déclarations simplistes, ces positionnements obligent à réfléchir sur la stratégie poursuivie, sur les dynamiques en cours et sur la capacité de ces mouvements d’agréger autour d’eux.

Cette tendance n’est pas nouvelle. Prenant ses racines dans les courants réactionnaires du début du XXème siècle, l’écologie identitaire est parvenue à réaliser le syncrétisme entre un discours d’extrême-droite classique et une critique féroce du système capitaliste. Si, jusque maintenant, cette tendance est longtemps restée minoritaire, la conjugaison des crises sociales, économiques et environnementales lui offre un nouvel horizon. L’écologie identitaire pourrait, dès lors, représenter un nouveau danger à court terme, au fur et à mesure de l’intensification de la crise environnementale et de la crise de sens. La dynamique des contestations, en cours, et ses différents acteurs, pourraient très bien devenir perméables à ce nouvel imaginaire négatif. Un avertissement de cette possibilité en est l’ouverture des médias classiques aux hérauts de ces idées.

Comment comprendre ce mouvement et mieux appréhender les défis qu’il fait peser sur nos sociétés ? Cette analyse tentera dans un premier temps de définir l’écologie identitaire dans le temps. Ensuite, l’objectif sera de se pencher sur ses principales caractéristiques avant d’arriver à une conclusion remettant ces mouvements en perspective du courant écologiste classique.

1. Les extrêmes-droites et l’environnement : une histoire ancienne

Il serait erroné de penser que extrême-droite et environnement sont deux espaces hermétiques l’un à l’autre. Au sein de la famille extrémiste, le courant identitaire s’est approprié la dynamique environnementale au moins depuis les années 1970. L’historien français Stéphane François 1 en a proposé une approche suivant plusieurs critères:

– une promotion de la civilisation et des origines ethniques européennes.
– une préservation des particularismes locaux et régionaux du grand ensemble ethnico-culturel indo-européen.
– une approche antimoderne, tantôt païenne tantôt radicale chrétienne.
– une vision mixophobe, centrant la protection des biotopes autour de l’importance de la lutte contre le métissage sur le sol européen.
– une dimension localiste insistant sur la consommation des productions locales et l’autarcie des communautés, dans une dénonciation de mondialisation économique et de l’uniformisation des pratiques culturelles.

Les composantes de l’extrême-droite, de manière simpliste, se rassemblent autour du retour à un passé mythifié avec des idéaux révolutionnaires combinés à une réinvention de l’État total. Cet État est un État en guerre à la fois contre les menaces extérieures mais aussi intérieures. L’individu autonome est une des cibles à abattre. Avec l’élément environnemental, une autre dimension s’ouvre pour l’extrême-droite. S’inspirant de la révolution conservatrice allemande 2, l’explication du monde tourne autour de l’idée d’une civilisation en déclin dont le renouveau devrait passer par une régénération sociale et politique. Ce déclin n’est pas seulement dû aux déstabilisations extérieures mais aussi intérieures. C’est ici qu’entre en jeu un aspect nouveau, à savoir la critique non plus seulement du capitalisme mais de la société techno-industrielle dans son ensemble. Un imaginaire social réactionnaire est promu, souhaitant le retour à la terre et aux pratiques ancestrales. Réinterprétant des penseurs comme Jacques Ellul, cette écologie réactionnaire s’oppose aux Lumières et porte un discours civilisationnel.

L’écologie identitaire se présente donc comme une innovation politique dépassant le traditionnel clivage traditionnel gauche-droite/conservateur-progressiste. En effet, placer ce courant réactionnaire dans l’espace de la droite-conservatrice ne restitue pas complètement les nouvelles dimensions portées par le mouvement et donc les défis posés face à son essor. L’écologie identitaire s’engage dans un nouveau paradigme. Si la critique de l’immigration et de l’universalisme relient cette tendance à l’extrême-droite plus classique, les projets anti-moderne et anti-productiviste distinguent radicalement l’écologie identitaire des autres composantes de l’extrême droite.

Le rapport au productivisme force donc à proposer un nouvel axe. Ce dernier irait d’un positionnement favorable à l’extractivisme, à savoir l’exploitation massive des ressources de la nature ou de la biosphère à l’anti-extractivisme, soit une opposition à ce recours. Si ce premier effort de distinction éclaire déjà sur le particularisme de l’écologie identitaire, il mêle cependant dans le courant anti-extractiviste des tendances qui ont peu en commun. En effet, la critique du productivisme n’est pas un domaine réservé à l’extrême-droite. Des courants progressistes s’engagent résolument dans cette voie. Une confusion pourrait donc s’installer sur le positionnement politique de la critique du productivisme, comme le démontrait d’ailleurs un encart du périodique belge Le Vif du 18 avril 2019, à propos d’Alain de Benoist: « Le dernier ouvrage d’Alain de Benoist, Contre le libéralisme, questionne cependant de façon suffisamment intéressante le capitalisme, notamment par ses critiques que l’on pourrait… rapprocher de celles de l’extrême gauche […] 3. »

Il s’agit donc d’affiner la réflexion. Le rapport à l’altérité permet d’introduire une nouvelle distinction. Cette altérité se définirait soit par la promotion d’une société soit ouverte soit fermée. Le rapport au territoire y prendrait sa place ainsi que celui lié à la hiérarchisation sociale. Au sein du courant anti-productiviste, une distinction forte existe entre les tendances considérant que les inégalités entre les humains sont naturelles tandis que d’autres les perçoivent comme instituées. La question du positionnement face au différentialisme et à l’inégalitarisme seraient les moteurs de ce nouvel axe.

Un dernier positionnement est cependant encore nécessaire autour du rapport à l’acteur du changement. Si l’anti-système se retrouve souvent au cœur des mouvements critiques et alternatifs, force est de constater que l’anti-système porté par l’écologie identitaire s’articule autour d’autres valeurs. L’idée de nature s’y impose dans un sens déterministe, réifié. L’écologie identitaire se retrouverait ainsi dans un rapport au changement fondé sur l’anti-modernisme et l’organicisme, assimilant la société humaine à un organisme naturel dont l’équilibre est assuré par la symbiose de ses différentes composantes. Ce positionnement est donc à l’inverse de la critique de la modernité insistant sur les contextes sociaux et historiques et envisageant les sociétés humaines de manière complexe. Le rapport à l’histoire, à travers notamment son appréhension de manière cyclique, pourrait être un autre élément normatif de ce courant réactionnaire.

Passé cette tentative de définition des critères et des valeurs de l’écologie identitaire, un retour sur ses origines historiques et son développement dans la sphère publique s’avère utile.

2. L’appropriation du risque environnemental par l’extrême-droite au XXIème siècle

Longtemps marginale au sein de l’extrême-droite, l’écologie identitaire voit son audience augmenter au début du XXIème siècle à la faveur des crises environnementales, migratoires et démocratiques. La fatigue sociale et la quête de sens ouvrent la voie à un nouvel imaginaire permettant de répondre aux angoisses des sociétés se percevant comme fragilisées ou en déclin. Avec la critique de « l’idéologie du progrès » et la montée en force de l’ethnodifférentialisme, un nouvel espace s’ouvre dans l’agora politique.

Dans l’espace francophone, Le Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE) occupe une place importante dans la diffusion de l’écologie identitaire. Désigné également sous le label de « Nouvelle Droite », le GRECE, fondé en 1969, cherche à proposer une nouvelle culture de droite autour d’un nationalise ethnique. Le retour à la « civilisation européenne » contre les formes de domination imposées de l’extérieur fait partie des objectifs poursuivis par le groupe. Pour ce faire, différentes voies sont proposées et synthétisées dans un texte, le Manifeste pour la renaissance européenne, qui insistera, outre sur les référents traditionnels de l’extrême-droite, sur la critique de la modernité et l’anti-productivisme 4.

La particularité du GRECE est sa stratégie de diffusion de ses idées. Intégrant le fait que le groupe est ultra-minoritaire, ses tenants décideront de se réapproprier les mécanismes de lutte de Gramsci afin de grignoter petit à petit une place dans l’espace public. « Gagner la guerre culturelle » devient un objectif affirmé 5. Cette volonté de diffusion plus large que dans les cercles isolés habituels se matérialise par la diffusion accrue d’articles et de revues liant identité et environnementalisme. Des auteurs d’extrême-droite comme Alain de Benoist, avec Demain, la décroissance ! Penser l’écologie jusqu’au bout 6 ou Philippe Baillet avec Pitié pour le cosmos 7, s’engagent résolument dans la construction d’un discours réactionnaire et nationaliste en faisant de l’élément environnemental un pilier de leur réflexion. Robert Dun fait figure de précurseur, prônant le ré-enracinement des individus, la lutte contre la société matérialiste et le retour à la terre notamment au sein de revues comme L’Or vert. Dans la lignée des réflexions de de Benoist et Dun, plusieurs revues promouvant l’écologie identitaire feront leur apparition. Éléments, Terre et Peuple, Krisis, Présent, Réfléchir et agir, Limite, etc. développent des positions autour d’un réenracinement contre un système capitaliste pervers. Les éditorialistes revendiquent ainsi une « écologie conservatrice 8 » qui promeut le « retour à nos valeurs, à notre identité, dans une écologie saine et authentique 9 ». La défense de la civilisation contribuerait, selon eux, à la défense de l’environnement. Ces revues s’aventurent également sur d’autres sujets que ceux de la philosophie politique, pour débattre de la décroissance 10, de la fin du pétrole 11, du veganisme 12 ou des questions liées à l’effondrement 13. Optant également pour une stratégie de légitimation et de dédiabolisation, nombre de ces revues n’hésitent guère à publier des penseurs pourtant éloignés de la mouvance d’extrême-droite.

Certaines caractéristiques méritent une analyse plus fine afin de mieux cerner l’écologie identitaire: le rapport au territoire, l’opposition au rationalisme et la valorisation du conflit.

Le rapport au territoire

Le rapport au territoire structure la conception environnementale de l’écologie identitaire, permettant, a posteriori, de légitimer les projets politiques notamment autour de l’enjeu migratoire. Face à l’épuisement, aux crises et à la rareté, les réactions auto-centrées fabriquant et exacerbant un « nous » face à un « eux » s’articulent autour de l’idée d’un espace délimité à défendre ou à reconquérir. À cet espace serait lié des pratiques locales à revaloriser, témoignant d’un rapport naturel entre « terres » et « peuples ».

Ce rapport à territoire se réalise suivant une approche culturelle, comme le prétendent des auteurs tels que l’historien français Fabien Niezgoda : « Il peut difficilement y avoir un engagement écologiste sans amour pour le lieu qu’on habite, une forme d’empathie envers ce qui nous entoure. Cet attachement à l’enracinement ne passe pas seulement à des espèces particulières. C’est aussi toute la dimension culturelle : un paysage, c’est aussi la façon dont un clocher est emblématique, dont l’homme a façonné des lieux de culture. Il y a aussi cette dimension patrimoniale et culturelle 14 ». À un espace géographique correspond une espèce humaine s’y adaptant pleinement. En conséquence, la question des limites incorpore celle des frontières physiques à défendre contre des étrangers non plus seulement culturellement mais aussi « naturellement » différents. L’écosystème devient racisé, via notamment une écologie des populations.

Politiquement, cette défense du territoire reste floue. L’institutionnalisation de cet espace civilisationnel glisse le long d’un large spectre, allant d’une entité européenne fédérée à l’éloge des petites communautés favorisant le retour à la terre (sous l’influence du penseur fasciste belge Marcel De Corte).

L’opposition au rationalisme et au matérialisme

Comme vu plus haut, un autre aspect de l’écologie identitaire est sa critique radicale de la modernité. Anti-capitaliste, anti-moderniste, anti-chrétien dans certains courants, l’écologie identitaire souhaite reconnecter l’homme à « son histoire », allant d’un discours de culture à un discours civilisationnel 15. S’appuyant sur des penseurs comme comme l’allemande Oswald Spengler, l’italien Julius Evola mais aussi Nietzsche et Heidegger, ce courant propose une relecture négative du monde tel qu’il aurait évolué depuis les révolutions industrielles et celle des Lumières. Un déterminisme historique est porté en avant, avec notamment d’une revalorisation du sacré. La critique de la modernité portée par l’écologie identitaire suppose que la société techno-industrielle aurait coupé l’homme de son histoire, « loin des préoccupations quotidiennes, l’homme insouciant devant le désastre anthropologique et écologique 16 ». Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que certains propos de ces mouvements réactionnaires s’inspirent de la « sobriété heureuse » développé par Pierre Rabhi, dont la critique conservatrice finit par servir le discours identitaire 17. La critique de la modernité, plutôt que de pousser à une modernisation de la modernisation, opte au final pour un retour à un monde pré-moderne mythifié. Le rapport à une alimentation saine, à vision hygiéniste du corps et de la famille sont autant d’exemples pratiques promus. Une nouvelle éloge de la morale apparaît au sein de laquelle des combats progressistes comme le droit à l’avortement, le mariage pour tous ou le droit à l’euthanasie n’ont plus de place.

Le discours de domination et de contestation s’oriente ainsi résolument dans un mythe pré-moderne à faire revenir, grâce notamment à la mise sur pied des communautés locales précitées. La tentation organiciste en ressort validée, s’ancrant résolument dans un rejet de la modernité assimilé à l’essor du productivisme.

La valorisation du conflit

Dans ce contexte, face à un monde hostile et où les structures politiques, en crise, sont considérées comme dépassés, le conflit est poussé à son paroxysme. Une naturalisation de l’approche du conflit est ainsi proposée. L’horizon partagé est celui de « l’avènement d’un nouveau césarisme qui brisera « la dictature de l’argent et de son arme politique, la démocratie 18 ». C’est logiquement qu’un des penseurs de la révolution conservatrice, l’allemand Carl Schmitt, est considéré comme une référence. La politique est ainsi d’abord l’art de distinguer l’ami de l’ennemi, et donc de faire la guerre 19. La mondialisation est ainsi l’ennemi à abattre, « phénomène global qui bouscule en même temps, les modes de vie et les conditions de production 20 ».

Il est nécessaire d’ouvrir les yeux sur cette menace. Cette valorisation du conflit ouvre une brèche dans laquelle la radicalisation violente n’hésiterait pas à s’insérer. La violence extrême serait ainsi perçue comme faisant avancer l’histoire, permettant d’enclencher la révolte contre les multiples sources de domination. La propagation de la peur, de manière à affaiblir la société cible et à créer ou à renforcer des divisions au sein de la société afin de la rendre plus vulnérable en deviennent des objectifs. Le récit exacerbe les positions du sujet autour de l’identité (à savoir qui nous sommes), établissant une relation de conflit entre “nous” et “eux”.

L’écologie identitaire pourrait-elle nourrir la radicalisation violente ? Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que les dynamiques qui amènent au passage à l’acte violent restent complexes. Les caractéristiques structurelles sociales déterminent la nature et la prévalence de la violence. Cet aspect macro ne peut se faire sans une approche micro, où des dynamiques locales peuvent contribuer à provoquer et canaliser la violence extrémiste à travers des expériences individuelles.
La violence identitaire environnementale n’est cependant plus impossible. L’existence d’une sous-culture suprémaciste, se posant en victime et incorporant l’élément environnemental a d’ailleurs connu une brusque entrée dans le domaine du terrorisme avec l’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019. Dans sa revendication, l’auteur des faits, Brenton Tarrant, incluait ainsi l’enjeu environnemental dans ses revendications, insistant sur un espace (à savoir celui de la race blanche) menacé par les migrants. Le « grand remplacement » est dorénavant intégré au discours sur l’état d’urgence climatique.

3. Quelles réponses ?

Si l’écologie identitaire ne représente encore, en 2019, qu’un courant minoritaire, sa marge de progression est certaine. La société occidentale en crise et en quête de sens peut représenter un terrain où l’écologie identitaire s’épanouirait, à conditions de parvenir à connecter les attentes des populations. Jouant sur les affects, elle pourrait mobiliser des individus et collectifs déboussolés. Le retour à un monde ancien, mythifié, rassurant au fur et à mesure de l’intensification de la crise climatique pourrait être un puissant élément mobilisateur. Le terreau est d’autant plus fertile que l’identitaire a tout envahi. Face à ce « sens de la marche », le différentialisme, l’inégalitarisme et l’organicisme de l’écologie identitaire, couplé à une approche anti-système d’un monde devenu instable, peuvent donc trouver un large écho.

Ces dangers doivent obliger les mouvements écologistes classiques à être lucides sur l’appropriation négative de leurs idées. La part d’ombre de certaines propositions n’est pas une illusion. Sans verser non plus dans la tétanisation, quelques éléments doivent être présents dans les esprits pour éviter de devenir des « idiots utiles » de mouvements extrémistes surfant sur la vague des crises.

Déjà, il est nécessaire de bien comprendre que les contradictions dans l’idée moderne de « nature » ouvrent la voie à une appropriation de l’écologie par les courants réactionnaires. Le danger d’un rapport sacré à la nature, et donc à l’homme, et la proposition d’un réenchantement du monde par cette voie, obligent à une prise de conscience nouvelle. Ce sont ces contradictions qui expliquent, notamment, la diversité des courants se revendiquant de l’écologie. Il est donc important d’éviter de semer les germes d’une nouvelle « religion » de la nature, réifiant les rapports des êtres vivants et ouvrant la voie à une conception organiciste et inégalitaire de ces rapports. Les affects écologistes ne peuvent être écartés de l’histoire des mouvements sociaux dont ils naissent.

Un autre risque majeur est de voir l’extrême-droite réussir à proposer une nouvelle unité sociale face à la fragmentation en cours, dont les crises environnementales exacerberont les oppositions. Cette société de l’entre-soi, réorganisée autour d’un corps pur fantasmant un retour à la terre et en excluant les parasites ne pourrait être que totalitaire. L’importance du lien social à recréer, de manière positive, en faisant entrer la dimension environnementale dans les questions d’égalité est à assurer.

Enfin, si l’urgence climatique impose des mesures qui tendront à être de plus en plus fortes voire impopulaires au fur et à mesure de l’avancée des chocs environnementaux, la défense de la démocratie doit rester une constante fondamentale des mouvements écologistes. La crise systémique qui s’ouvre devant nous est à la fois une crise démocratique et une crise environnementale. Sans réaffirmation du projet démocratique et sans modernisation de ses institutions, le risque est grand de voir un « imaginaire tyrannique » prendre le pas sur les autres formes du politique et nous amener à nouveau vers la catastrophe. L’alternative, au final, est simple : écologie ou barbarie.

 

Enfin, si l’urgence climatique impose des mesures qui tendront à être de plus en plus fortes voire impopulaires au fur et à mesure de l’avancée des chocs environnementaux, la défense de la démocratie devra rester une constante fondamentale des mouvements écologistes. La crise systémique qui s’ouvre devant nous est à la fois une crise démocratique et une crise environnementale. Sans réaffirmation du projet démocratique et sans modernisation de ses institutions, le risque est grand de voir un « imaginaire tyrannique » prendre le pas sur les autres formes de politiques, et nous amener à nouveau à une nouvelle catastrophe. L’alternative, finalement, est simple : écologie ou barbarie.

 

Bibliographie
1 Stéphane François, L’Écologie comme enjeu de l’extrême droite, Paris, Fondation Jean Jaurès, 2016 ; « L’extrême droite et l’écologie », Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, n°44, 2016, pp. 187-208.
2 La « Konservative Revolution », popularisée en 1927 par l’écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal.
3 « Le libéralisme a affaibli le lien social en échange de confort et de sécurité », in Le Vif/L’Express, 18 avril 2019, [en ligne], https://www.levif.be/actualite/magazine/le-liberalisme-a-affaibli-le-lien-social-en-echange-de-confort-et-de-securite/article-normal-1123731.html.
4 Alain de Benoist, Charles Champetier, Manifeste pour la renaissance européenne, 2000, [en ligne], https://issuu.com/atreideleto/docs/namea7d764.
5 François Bousquet, “L’art de la guerre culturelle. Asymétrie et guérilla”, in Blog Éléments pour la civilisation européenne, 29 avril 2018, [en ligne], https://blogelements.typepad.fr/blog/2018/04/fran%C3%A7ois-bousquet-lart-de-la-guerre-culturelle-asym%C3%A9trie-et-gu%C3%A9rilla.html#more.
6 Alain de Besnoit, Décroissance ou toujours plus ? : Penser l’écologie jusqu’au bout, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2018.
7 Philippe Baillet, Piété pour le cosmos: Les précurseurs antimodernes de l’écologie profonde, avec Giovanni Monastra,Akribeia, Saint-Genis-Laval, 2017.
8 Pierre Saint-Servant, « face aux éco-tartuffes : une véritable écologie conservatrice », in Présent, 26 décembre 2018, [en ligne], https://present.fr/2018/12/26/face-aux-eco-tartuffes-une-veritable-ecologie-conservatrice/.
9 Franck Cosset, « Pour une écologie au service de l’homme », in Les 4 vérités, 25 décembre 2018, [en ligne], https://www.les4verites.com/autres/pour-une-ecologie-au-service-de-lhomme
10 Krisis, Nature, n° 49, décembre 2018.
11 Réfléchir & Agir, La question énergétique, n° 58, hiver 2018.
12 Éléments, Sociologie des gilets jaunes, n° 176.
13 Limite, Ecosystèmes : tout est plié ? N° 13.
14 Fabien Niezgoda : « clarifier l’identité politique de l’écologisme », Sputnik, 21 avril 2017, [en ligne], https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201704211031016310-fabien-niezgoda-ecologisme/.
15 Dominique Lang, « Notre écologie est-elle intégriste ? », in Limite, 5 mars 2019, [en ligne], http://revuelimite.fr/notre-ecologie-est-elle-integriste
16 Romain Gonzalez, « « Emmanuel Macron est une arnaque » – un entretien avec Paul Piccarreta », Vice, 31 mars 2017, [en ligne], https://www.vice.com/fr/article/nzgk4m/interview-paul-piccarreta-limite-revue
17 Jean-Baptiste Mallet, « Le système Pierre Rabhi », in Le Monde Diplomatique, août 2018, p. 22-23.
18 Edouard Rix, « Le déclin de l’Occident, bréviaire pour des années décisives », in Réfléchir & Agir, n° 58, hiver 2018, p. 35
19 Éléments, Je suis la guerre : désigner l’ennemi, n° 159.
20 Gaultier Bès, Radicalisons nous !, La politique par la racine, Paris, Éditions Première Partie, 2017, 128 p.

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