Voici le nouveau discours écologiste aux USA. Suffisamment intéressant pour que nous vous le traduisions…
La technologie aide l’écologie à sortir de l’ornière la réduisant à un mouvement contre l’économie et la consommation.
Alex Nikolai Steffen pour Wired magazine
Depuis des décennies, les écologistes mettent en garde contre les dérèglements climatiques qui se préparent. Leurs cris d’alerte n’ont pas été entendus et l’année écoulée s’est soldée par une première moisson de catastrophes : une saison d’ouragans particulièrement meurtriers, des chutes de neige record en Nouvelle-Angleterre, les pires incendies en Alaska, des glaciers arctiques à leur niveau le plus bas du millénaire, une sécheresse désastreuse au Brésil, des inondations dévastatrices en Inde -voici les premiers présages du potentiel destructeur du réchauffement climatique.
Si les environnementalistes n’ont pas réussi jusqu’ici à faire bouger un plus large public, ce n’est pas parce leur analyse du problème était fausse, mais parce que la plupart des gens ne se reconnaissait pas dans les solutions qu’ils préconisaient. Ils appelaient à se serrer la ceinture et à refréner ses appétits, à baisser le thermostat et à changer ses habitudes alimentaires. Ils recommandaient le retour à un mode de vie plus élémentaire en rejetant le développement économique, les technologies et la prospérité. Pas étonnant donc que le mouvement n’ait eu que peu d’impact. Demander aux citoyens des sociétés les plus évoluées et riches de tourner le dos aux sources de toute cette abondance est pour le moins assez naïf.
Avec les changements climatiques qui nous tombent dessus, un nouveau mouvement vert se met en place, un mouvement qui reprend les préoccupations écologistes mais rejettent les solutions de retour en arrière. Les technologies peuvent être la source de solutions créatives à l’infini. L’économie peut être un moteur du changement. La prospérité peut nous aider à construire le monde que nous recherchons. La recherche scientifique, le design innovant et l’évolution culturelle sont nos plus puissants outils. L’ardeur d’entreprendre et les forces du marché peuvent, si elles sont guidées par des règles de développement durable, propulser notre monde vers un brillant avenir teinté de vert.
Si nous, les Américains, nous détruisons ainsi la planète, ce n’est pas par pure malice mais parce que notre système industriel nous y oblige. Nos ranchs et gratte-ciel, usines et exploitations agricoles, autoroutes et systèmes commerciaux, ont été conçus avant de connaître les rouages de la planète. Leurs concepteurs n’ont pas bien saisi les conséquences de leurs actions.
Prenons par exemple le cas de l’automobile, désastre écologique par excellence. Chaque fois que vous en tournez la clef de contact, vous participez à un engrenage entraînant pollutions atmosphériques, marées noires et conflits armés. De la prise de conscience de ces conséquences est né un marché alternatif, avec des propositions plus respectueuses. Aujourd’hui déjà vous pouvez choisir une Toyota Prius qui consomme beaucoup moins d’essence qu’une voiture conventionnelle. Demain, nous verrons sans doute des voitures indépendantes des combustibles fossiles et n’émettant plus de gaz à effet de serre. En combinant ces voitures à un développement urbain raisonné, nous nous dirigeons vers une mobilité soutenable.
On ne change pas le monde en se cachant dans les bois, en portant des pulls tricotés mains ou en apposant des autocollants « sauvons la planète » pour se donner bonne conscience. Non, le changement viendra de l’articulation d’une vision claire du futur et de sa mise en œuvre par tous les moyens ingénieux dont l’homme est capable. En fait, être écologiste en ce début du 21e siècle signifie s’engager franchement à perfectionner la civilisation. Voici quatre principes de base pour y parvenir :
L’énergie renouvelable est une énergie abondante. La combustion des énergies fossiles pollue et les réserves s’épuisent. Heureusement, un nombre croissant d’alternatives renouvelables garantit une énergie propre et inépuisable : éoliennes, capteurs solaires, moulins à marée, piles à hydrogène, géothermie, même les déchets peuvent être transformés en hydrogène par des algues transgéniques. Le défi est de transposer ces technologies à une dimension industrielle, mais c’est exactement le challenge que les entrepreneurs audacieux affectionnent.
L’efficacité est source de profit. Le premier produit de l’industrie US est le déchet. C’est une dépense plus que stupide et on assiste dans tous les secteurs à une amélioration de la compétitivité des entreprises qui consomment moins d’eau, d’énergie et de matières premières. Cette règle vaut aussi pour le particulier : une maison bien isolée et bénéficiant d’un éclairage naturel, une voiture sobre, sont des exemples alliant économies d’énergie et économies financières.
La ville bat la périphérie. Les habitants de Manhattan consomment moins d’énergie que la moyenne américaine. La dispersion de l’habitat gaspille le territoire et génère des embouteillages alors que sa concentration utilise l’espace et les infrastructures de manière beaucoup plus judicieuse. Elle favorise aussi la marche à pied, les transports en commun et la convivialité.
La richesse vient de la qualité et non de la quantité. Plus ne signifie pas mieux, mais mieux c’est mieux ! Pourquoi déménager pour une plus grande maison si une meilleure disposition de l’espace disponible est possible ? Le surplus de matériels par rapport à celui que vous utilisez réellement est du gaspillage. De nombreux concepts écologiques et matériaux non toxiques existent déjà et il reste encore beaucoup de pistes à explorer. Leur acquisition est peut-être plus onéreuse, comme c’est le cas des ampoules économiques, mais leur rentabilité est assurée sur le long terme.
Remodeler nos sociétés selon ces principes pourrait nous apporter une qualité de vie que peu soupçonnent. C’est pourquoi une écologie bien appliquée représente une concrète richesse. Un air pur et une eau claire, une diversité animale et végétale, des ressources minérales et agricoles, une météo prévisible, en sont les fruits prêts à être récoltés année après année, aussi longtemps que l’espèce humaine vivra et peut-être même au-delà.
Cela peut paraître très éloigné, mais des prémices apparaissent déjà dans les coins de ciel bleu : une société basée sur un concept radicalement vert, des énergies renouvelables et des circuits courts, est en marche. La civilisation de l’avenir repose sur cette technologie efficiente, écologique et recyclable.
Traduction par Lydia Blaise pour Etopia
www.wired.com/wired/archive/14.05/green.html