«Les» attentats du vendredi 13 à Paris ont créé une onde de choc considérable dans la population. 130 personnes ont y trouvé la mort. Par ses actes criminels effroyables, ce sont nos démocraties, nos modes de vie et notre vivre-ensemble qui sont attaqués. Après le temps de l’émotion, du rassemblement et de l’unité, le débat et la controverse se sont installés ; hommes et femmes politiques, journalistes, militants associatifs, experts académiques et citoyens développent et échangent au quotidien des arguments sur les causes, les conséquences et les solutions à apporter aux problèmes posés par le radicalisme violent. Chacun tentant d’imposer ou de contribuer au formatage de la problématique pour ainsi peser sur la formulation des actions à entreprendre pour la contrecarrer. C’est en particulier sur la délimitation du problème, l’imputation des responsabilités et les solutions à mettre en œuvre que les points de vue se font les plus virulents et contradictoires. Ces controverses sont vertueuses sur le plan démocratique pourvu qu’elles soient sous-tendues pour une volonté réelle d’apporter des solutions aux problèmes et qu’elles soient fondées sur des analyses les plus étayées possible. A l’inverse, c’est le débat démocratique qui s’enraille et s’abîme quand la part belle est faite aux postures, aux stéréotypes et aux fausses-évidences, a fortiori lorsque ceux-ci sont le fait des décideurs politiques dont l’expression peut, dans certaines conditions, avoir des effets performatifs particulièrement contre-productifs.
C’est dans cet esprit que nous avons souhaité produire cette compilation partielle et subjective d’idées reçues qui s’admettent aussi facilement qu’elles sont nocives pour qui veut voir le réel en face, dans toute sa complexité, pour mieux l’influencer. Les idées reçues, les fausses-évidences, les stéréotypes et autres clichés assument une fonction principale : ils nous donnent souvent le sentiment de dompter la complexité du monde dans lequel nous vivons et nous offrent le temps d’un instant l’impression rassurante d’une maîtrise de notre environnement. Ce sont des illusions parfois rassurantes mais souvent dangereuses.
Dans la période qui a suivi les attentats de Paris, comme celle qui a suivi les attaques contre Charlie Hebdo et l’épicerie Hyper-Casher en début d’année, les stéréotypes ont été de plusieurs types : il y a ceux qui blessent, qui amalgament, qui font payer à un groupe les agissements de quelques-uns, qui visent par exemple à tracer une ligne de démarcation entre musulmans et non-musulmans. Il y a les clichés, presque anodins, qui n’existent qu’à force d’être répétés et cela bien qu’ils soient démentis systématiquement. Il y a aussi les clichés qui nous arrangeraient bien parce qu’ils font le lien entre l’actualité du radicalisme violent et des combats plus antérieurs qui nous tiennent à cœur ; sans rapports directs avec le sujet, c’est l’occasion de les « réactiver » en les connectant à l’actualité. En définitive, ces clichés, ces idées-reçues, ces stéréotypes répondent à des logiques différentes – les uns sont émotionnels et impulsifs quand d’autres sont rationnelles et prémédités, certains sont mal-attentionnés quand d’autres le sont beaucoup moins – mais ils partagent tous une conséquence fâcheuse : ils obscurcissent le débat plus qu’ils ne l’éclairent, et ce faisant, ils nous condamnent à l’échec quoique nous entreprenions.
Pour relever le défi posé par le terrorisme et le radicalisme, pour espérer œuvrer aux bonnes solutions, il faut poser un diagnostic solide sur le problème qu’il s’agit de résoudre. A défaut ; dans le meilleur des cas, on tape à côté ; au pire, et c’est le plus probable, on alimente un problème qu’on prétend vouloir résoudre. Les clichés, les préjugés et les stéréotypes constituent ainsi de dangereuses illusions d’optique qui nous mettent hors-jeu et nous poussent à la faute dans des moments où nous ne pouvons pas nous le permettre.
Cliché 1 : La Belgique est la base arrière du djihadisme européen ; avec environ 500 combattants en Syrie et en Irak, la Belgique est le premier exportateur de djihadistes en Europe.
Les chiffres comptent. Bien qu’ils soient fragiles, ils permettent de donner un ordre de grandeur au phénomène des Belges partis combattre en Syrie et de ceux qui en reviennent. Depuis 2013, des chiffres sont avancés par le Ministre des Affaires étrangères, le Ministre de l’Intérieur, le Ministre de la Justice, et des responsables de services de sécurité et de renseignement. Il est utile de préciser ce que mesurent effectivement ces chiffres car, pour ce qui concerne les Belges partis combattre en Syrie, ils présentent une part d’ambiguïté qui peuvent donnent lieu à des lectures contradictoires. Essayons d’y voir plus clair : en octobre 2015, les chiffres officiels font état de 470 individus impliqués ou ayant été impliqués, au départ de la Belgique, dans une filière djihadiste à destination de la Syrie et de l’Irak. Ce chiffre ne fait donc pas référence au nombre de personnes effectivement « sur place » : il n’y a pas actuellement 470 Belges qui combattent aux côtés de Daesh ou du Front al-Nosra. Ce chiffre est en réalité l’addition de plusieurs catégories d’individus : « les personnes présumées en Syrie », « présumées en route vers la Syrie », « présumées avoir séjourné en Syrie », « présumées avoir tenté de gagner la Syrie », « présumées candidates au départ » et « décédées en Syrie ». Le nombre de ressortissants belges présents effectivement en Syrie s’élèverait à environ deux cents personnes.
Non, la Belgique n’est pas le premier exportateur UE de djihadistes en Syrie et en Irak. Il s’agit de la France suivie de la Grande-Bretagne. Toutefois, la Belgique est le pays le plus impacté par le départ de ses ressortissants en proportion de sa population. Encore que cet indicateur est très critiquable. Pour avoir une idée plus précise – mais non définitive – de l’impact réel, il faudrait plutôt ramener le nombre de personnes concernées par un engagement djihadiste au poids démographique dans la communauté musulmane, et non sur l’ensemble de la population. Quoi qu’il en soit, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Allemagne comptabilisent, à elles seules, près de 80 % des combattants UE.
Cliché 2. Les returnees reviennent tous le couteau entre les dents.
En octobre 2015, on comptait pour la Belgique 118 returnees, c’est-à-dire 118 des personnes en Belgique, présumées avoir séjourné en Syrie. Dans une étude intitulée « Qui sont ces Belges partis combattre en Syrie ? »[Mohssin El Ghabri, Soufian Gharbaoui, Qui sont ces Belges partis combattre en Syrie ?, Etopia, Namur, 2014, [en ligne], [https://www.etopia.be/spip.php?article2663.
]], publiée en mai 2014 par Etopia, nous proposions une typologie théorique des profils des individus engagés sur le terrain djihadiste en Syrie et en Irak. Le principal mérite de cet exercice était de mettre en lumière la pluralité potentielle des profils en présence et la nécessité d’apporter une réponse politique, policière et judiciaire adaptée à la singularité des trajectoires. Nous montrions qu’une politique de démobilisation durable nécessitait, dans certains cas, d’actionner des leviers relevant de la réinsertion sociale et dans d’autres, des politiques sécuritaires. Le 7 févier 2015, Jaak Raes, le directeur de la Sûreté de l’État, sembla aller dans le même sens dans une interview accordée à la Libre Belgique[Christophe Lamfalussy et Jacques Laruelle, « Jaak Raes (Sûreté de l’Etat) : ‘Savoir qui est rentré de Syrie, ce n’est pas si simple », in La Libre Belgique, Bruxelles, 7 février 2015, [en ligne], [http://www.lalibre.be/actu/belgique/jaak-raes-surete-de-l-etat-savoir-qui-est-rentre-de-syrie-ce-n-est-pas-si-simple-54d4f52f35701001a195c492.
]] dans laquelle il lui était demandé si tous les returnees étaient dangereux. Il répondit : « les returnees ne sont pas tous dangereux. Bien sûr que non. Il y en a qui sont bouleversés parce qu’ils ont vu là-bas, qui ont vécu des atrocités et qui ne veulent plus en entendre parler. Il y aussi les aventuriers qui sont revenus parce qu’ils n’ont pas trouvé ce qu’ils recherchaient. Mais il y a une petite partie, complètement radicalisées, qui revient avec un plan ou un projet ou une mission. Ceux-là méritent d’avoir notre attention absolue ». A l’heure actuelle, les personnes présumées avoir séjourné en Belgique seraient toutes fichées par les services de sécurité et suivies par les services de renseignement et/ou la police locale. Elles font ou ont fait chacune l’objet d’un suivi judiciaire, et dans certains cas, d’une incarcération. Serait-il dès lors opportun d’envoyer automatiquement tous les returnees en prison ? Le souci sécuritaire peut nous en faire douter. Il apparaît contre-productif d’envoyer en prison des personnes traumatisées par leur passage en Syrie-Irak, qui n’ont pas de sang sur les mains ni d’intentions hostiles et dont l’ancrage idéologique est très faible. En effet, l’ensemble des spécialistes s’accorde à dire que les prisons constituent des accélérateurs de radicalisation. La réinsertion sociale de ce profil de returnees est d’abord une nécessité sécuritaire dans la mesure où c’est leur marginalisation qui est un facteur majeur de risques. L’enjeu principal c’est donc de donner à la justice et aux renseignements les moyens humains pour de faire le tri et d’apporter une réponse judiciaire adapté à la singularité de chaque trajectoire et conforme à l’intérêt de la société qui réside dans la démobilisation durable des returnees. De ce point de vue, l’exemple de la ville d’Aarhus (développé, en décembre 2014, dans « Belges partis combattre en Syrie : quelle réponse politique ? »[Mohssin El Ghabri, Belges partis combattre en Syrie. Quelle réponse politique?, Etopia, Namur, 2014, [en ligne], [https://www.etopia.be/spip.php?article2832.
]]) est un exemple éclairant et inspirant de politique intégrée de gestion des returnees.
Cliché 3 : Les jeunes djihadistes se radicalisent dans les mosquées
La très salutaire pièce Djihad, écrite par Ismaël Saïdi, raconte le parcours tragique de trois personnages qui partent « faire le djihad » en Syrie. L’un d’eux raconte s’être radicalisé à l’initiative de l’imam de la mosquée du quartier. En réalité, dans l’immense majorité des cas, ni les mosquées ni leurs imams ne participent du phénomène de la radicalisation violente. Ce n’est pas dans les mosquées que cela se passe. Younous Lamghari (ULB) explique[Younous Lamghari, « (De Zemmour à Charlie) Jeunes : comment ils se radicalisent », in Politique. Revue de débats, n° 89, mars-avril 2015, Bruxelles, [en ligne], [http://politique.eu.org/spip.php?article3176
]] que le processus de radicalisation se manifeste chez des individus qui se sont détournés « des vecteurs de transmission institutionnelles de l’islam » tels que les mosquées. Ces personnes se bricolent une nouvelle identité religieuse dans des espaces plus informels (quartier, prison, club de sport) ou carrément virtuels (réseaux sociaux et sites internets). Olivier Roy, politologue française, spécialiste de l’islam, explique[Olivier Roy, « Le djihadisme est une révolte générationnelle et nihiliste », in Le Monde, Paris, 30 novembre 2015, [en ligne], [http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/24/le-djihadisme-une-revolte-generationnelle-et-nihiliste_4815992_3232.html.
]] que « le djihadisme est une révolte nihiliste et générationnelle » et que, dans l’immense majorité des cas, les profils rencontrés sont ceux d’individus, sans culture religieuse, qui « islamisent » leur radicalité. En cela, leur radicalisation participe à la fois d’une rupture par rapport à la société occidentale dans laquelle, pour la plupart, ils sont nés et où ils ont grandi que d’une rupture avec la communauté musulmane « réelle ». C’est la raison pour laquelle ils se détournent des mosquées et de l’islam de leur parent car cette offre religieuse ne correspond pas à la radicalité qu’ils recherchent. Ils vont donc la chercher ailleurs, notamment sur internet.
Cliché 4 : Tout cela montre l’échec de notre modèle d’intégration culturelle
Rappelons qu’au sein de l’Union européenne, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Allemagne comptabilisent près de 80 % des combattants djihadistes en Syrie et en Irak. Ces quatre pays ont des modèles d’intégration très différents : la France est dite « assimilationniste » tandis que la Grande-Bretagne est considérée comme « multiculturaliste ». Néanmoins, ces deux pays sont fortement impactés, l’un et l’autre, par l’engagement djihadiste de leur ressortissants.
Si l’engagement de ressortissants en Syrie et en Irak indique l’échec de notre modèle d’intégration culturelle, comment expliquer la très forte sur-représentation des personnes converties parmi les candidats au djihad ? La cellule antiradicalisation du ministère français de l’intérieur comptabilise parmi « les Français en voie de radicalisation et proches du djihadisme » 40% de convertis à l’islam[Marine Messina, « Qui sont les Français sur la piste du djihad ? », in Le Monde, Paris, 19 novembre 2014, [en ligne], [http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/11/19/qui-sont-les-francais-sur-la-piste-du-djihad_4524774_4355770.html
]]. Ils seraient 23 % parmi les Français engagés aux côtés de Daesh et du front al-Nosra. Cette très forte sur-représentation des « Français d’origine française » montre à elle-seule combien la grille de lecture de l’échec de l’intégration culturelle est caduque pour comprendre la complexité du phénomène de la radicalisation.
Pour Younous Lamghari, tout qui veut comprendre les dynamiques de radicalisation doit être attentifs à la dimension identitaire. Les individus porteurs d’univers et d’appartenances composites (origine étrangère, convertis, familles monoparentales) sont confrontés à une forme de « bricolage identitaire » plus difficile qui peut, dans certains cas, engendrer souffrance, fragilités et frustrations. Cet état de « stress identitaire » est propice à la réception des discours les plus radicaux, et ne se limite pas aux personnes issus de l’immigration. Ce cadre théorique permet d’expliquer par exemple la sous-représentation des personnes d’origine turque parmi les Belges partis combattre en Syrie chez qui les vecteurs de transmission traditionnels et l’équilibre des appartenances sont plus effectifs. Elle permet également d’intégrer le phénomène de la radicalisation des personnes converties à l’islam. Ce qu’une lecture par l’intégration culturelle ne permet pas.
Cliché 5 : Ceux qui prennent les armes sont les plus convaincus par la justesse de la cause djihadiste
Toutes les personnes sympathisantes de la cause djihadiste ne s’engagent pas dans une forme d’action violente. Tous les partisans de Daesh ne partent pas combattre en Syrie. Qu’est-ce qui explique le passage de la position de sympathisant à celle d’activiste violent ? L’intuition voudrait qu’on explique le passage à la violence par une adhésion idéologique plus forte. Ce qui expliquerait qu’un sympathisant djihadiste passe ou non à l’étape de l’engagement violent serait son niveau de conviction et d’adhésion au projet de Daesh ou du Front al-Nosra. Dans une étude intitulée « Qui sont ces Belges partis combattre en Syrie ? », publiée en mai 2014 par Etopia, nous proposions une hypothèse alternative : ce qui contribue à expliquer le passage à l’action violente est la question de l’altruisme familial. Plus son niveau de responsabilité familial est important, moins le sympathisant sera tenté de s’engager dans la violence politique. Ceux qui font le choix de la lutte armée sont, en conséquence, ceux qui ont le moins de responsabilités familiales. En ce sens, celles-ci agissent comme une source de dissuasion pour les militants susceptibles de s’engager dans l’action violente. Cette hypothèse expliquerait notamment le jeune âge de la grande majorité des candidats au djihad : plus on est jeune, moins on est susceptible d’avoir des responsabilités familiales. Eric J. Hobsbawm écrivait en 1969 dans les « les bandits sociaux » que « tout le monde n’est pas également susceptible de devenir hors-la-loi. Il existe toujours des groupes auxquels leur position sociale donne la liberté d’action nécessaire. Le plus important d’entre eux est celui des jeunes gens situés entre la puberté et le mariage, c’est-à- dire ceux dont le poids des responsabilités familiales n’a pas encore courbé l’échine ». Cette hypothèse, si elle confirmée par les données, impacte à la fois notre compréhension de la radicalisation violente et la physionomie des actions à entreprendre pour lutter contre elle. En effet, toute politique de prévention de la radicalisation violente devra consister à réduire les obstacles qui empêchent les jeunes d’entrer dans la vie active et d’acquérir des responsabilités familiales (lutte contre les discriminations à l’embauche et le décrochage scolaire, investissement dans la formation professionnelle, lutte contre le chômage des jeunes, etc.).
Cliché 6 :. Nous sommes en guerre. Il faut exterminer ces terroristes.
Depuis les attentats du 13 novembre, le discours à l’égard de Daesh s’est considérablement musclé. La rhétorique guerrière a pris le pas, considérant « l’entrée en guerre » contre l’Organisation de l’État Islamique comme une nécessité. Les termes utilisés, dans cette optique, vise à la « destruction », « l’éradication » voire à « l’extermination » de ceux qu’il devient courant de dénommer comme « barbares ». C’est dans ce cadre que s’est inscrite la volonté du Président français, François Hollande, de mettre sur pied une grande coalition internationale, destinée à unifier les frappes aériennes contre l’OEI. Démarche cependant infructueuse.
La période que nous vivons nous impose de choisir les mots qui ont du sens. Soit pour ne pas nous tromper dans notre analyse, soit pour éviter de faire le jeu de ceux que nous combattons.
Le terme de « guerre » est ainsi mal choisi. Une guerre se fait entre deux États, ayant recours à deux armées étrangères qui s’affrontent. Et le terme d’une guerre voit l’État victorieux occuper l’État perdant ou, à tout le moins, négocier un traité de paix lui octroyant les bénéfices de la victoire. Dans le cas présent, utiliser ce terme n’a pas de sens. L’État islamique n’est pas un État en tant que tel, même s’il cherche à le devenir. Il s’agit d’un mouvement terroriste s’opposant aussi bien aux musulmans qu’aux Occidentaux. De plus, l’emploi du terme « guerre » renforce la logique de l’État Islamique, qui cherche précisément à se faire reconnaître comme autorité légitime. Enfin, l’emploi de ce terme est particulièrement délicat, les terroristes ayant perpétrés des actes de terreur en Europe étant, précisément, des Européens.
Cette question amène plusieurs réflexions. L’OEI est-il toujours simplement une organisation terroriste ? Plusieurs documents rapportés par le chercheur Aymen Al-Tamimi témoignent de la volonté de l’OEI de se doter d’instruments d’administration étatique[[http://www.aymennjawad.org/.
]]. Toutefois, l’organisation se révélerait encore incapable d’assurer correctement le fonctionnement de son administration. Et des tensions avec les tribus et communautés locales sont encore possibles, représentant autant de contestations de son autorité. L’OEI ressemble dès lors plus à un proto-État, c’est-à-dire plus vraiment une seule organisation terroriste et pas encore réellement un État viable. Toutefois, une victoire contre Daesh ne peut plus, dès lors, passer par une simple succession de frappes militaires destinées à combattre des éléments terroristes. L’implantation de l’OEI dans un territoire déterminée, l’adhésion de nombreuses tribus et communautés locales à l’alternative que représente l’OEI face au régime syrien ou irakien pèsent lourdement sur ce futur. Et l’absence de projet politique alternatif et répondant aux attentes des populations concernées, dans une région en complète recomposition, est une des principales faiblesses de la coalition internationale[[Pierre-Jean Luizard, Le piège Daech. L’État islamique ou le retour de l’Histoire, Paris, La Découverte, 2015, p. 11.
]]. L’État Islamique se réfère d’ailleurs à une rupture avec les États du Moyen-Orient. Les références à l’accord Sykes-Picot, de la fin de la Première Guerre Mondiale, sont nombreuses : les frontières établies par les Occidentaux sont abattues pour recréer un territoire libre et pur religieusement, pour les sunnites du monde entier.
En réalité, il semble crédible de dire que les frappes aériennes occidentales ne feront que renforcer l’effort de recrutement de l’État islamique et accroître la probabilité de nombreux étrangers rejoindre le groupe en voyant vidéos et images de Syriens innocents tués par les frappes[Dilly Hussain, « Dix raisons pour lesquelles les frappes aériennes britanniques en Syrie ne mèneront à rien », in Middle East Eye, Londres, 7 décembre 2015, [en ligne], [http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/dix-raisons-pour-lesquelles-les-frappes-riennes-britanniques-en-syrie-ne-m-neront-rien.
]]. Sans que rien ne soit entrepris contre le régime de Bachar Al Assad. De nouveaux chiffres, publiées en décembre par le Soufan Group, un centre de recherche américain, démontrent justement l’accroissement important des combattants étrangers rejoignant l’OEI, depuis le début des frappes américaines en 2014[[Certains chiffres peuvent faire l’objet de débats. Ainsi, concernant la Tunisie, le Soufan Group parle de 6000 combattants, là où Tunis les estime à 4000 et l’ONU à 5500. Les tendances à la hausse sont, toutefois, considérées comme crédibles.
]].
Éliminer la menace que représente l’EI sans avoir une solution politique pour les communautés locales revient à aider l’émergence d’un futur EI, sur les cendres de l’ancien.
Cliché 7 : Daesh a été créé par les Américains et les Saoudiens
Il s’agit d’une affirmation reposant sur l’idée que l’Arabie Saoudite finance le djihadisme international et que ce sont les Américains qui ont permis l’émergence de l’État Islamique. La réflexion est en partie vraie mais utilise de nombreux raccourcis qui font un peu oublier l’origine réelle de l’État Islamique.
L’État Islamique trouve ses racines en Jordanie mais aussi en Afghanistan. Développé par le jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, à la fin des années nonante, ce qui n’est encore qu’un groupe terroriste affilié à Al Qaeda va profiter du chaos irakien suite à l’invasion américaine pour s’implanter et se développer sur un territoire. Le groupe se distingue par sa brutalité. Il se revendique, en effet, d’une conception particulièrement violente du djihadisme, inspirée par Abu Bakr Naji, auteur de « Gestion de la barbarie ». Dans son manuel, Naji soutient l’idée que c’est par la terreur à la fois contre les non-musulmans et contre les musulmans infidèles que le djihadisme finira par s’implanter. Le sentiment d’insécurité ainsi créé laissera des États abandonner des régions entières, où les populations feront dès lors appel aux combattants de l’islam pour réinstaurer l’ordre. L’originalité de ce qui deviendra l’État Islamique tient dans une conception de la terreur réalisée contre les infidèles musulmans : chiites et mécréants refusant de suivre la ligne définie par l’islam de l’EI sont pourchassés. De même que les États arabes mécréants, aussi bien laïcs que basé sur la charî’a. Dans cette vision du monde, l’Arabie Saoudite est une cible privilégiée. De part ses alliances avec les États-Unis et ses prises de positions aussi bien politiques que sociales, le royaume protégeant les lieux saint de l’Islam est considéré comme étant à abattre. Dans de nouvelles vidéos de propagande diffusée en décembre 2015, le l’EI incite ses sympathisants à frapper le pouvoir des Saoud. Considérant le pouvoir en place comme mécréant, il fustige également l’alliance avec les États-Unis ainsi que la présence des Occidentaux dans le royaume[« La mauvaise graine », vidéo de la section EI de Deir Ezzor ainsi qu’un enregistrement sonore d’Abou Bakr Al-Baghdadi diffusé le 26 décembre 2015 (« Le chef de l’EI sort de son silence pour appeler au soulèvement en Arabie saoudite et menacer Israël », in Le Monde, Paris, 26 décembre 2015, [en ligne], [http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/12/26/apres-sept-mois-de-silence-al-baghdadi-appelle-les-saoudiens-au-soulevement-dans-un-message-audio_4838300_3218.html).
]].
L’invasion américaine de l’Irak aura, bien entendu, joué un rôle de catalyseur pour le groupe terroriste. Néanmoins, les américains ne sont pas derrière l’avènement de l’EI. L’invasion, la gestion totalement hasardeuse et l’improvisation qui auront régné en Irak durant l’occupation par les États-Unis sont un des facteurs ayant permis à l’État Islamique de devenir aussi puissant[[Par exemple, le camp Bucca, situé au sud de la province de Basra, a été ainsi réellement utilisé par les groupes terroristes comme une université de djihadistes.
]].
Il ne s’agit pas, ici, de dédouaner l’Arabie Saoudite et les États-Unis de leurs responsabilités. Chacun n’a guère hésité à financer et à être un pourvoyeur en armes et en moyens financiers de ses groupes et soutiens, au gré de ses intérêts[[Le retour de flamme est d’ailleurs violent à la fois pour l’Arabie Saoudite et pour les États-Unis qui se retrouvent, aujourd’hui, confrontés à l’échec de leurs politiques étrangères et à la mise à nu de leurs politiques contradictoires. L’Arabie Saoudite se trouve, aujourd’hui, dans une période de mise sous tensions de sa société et à une remise en cause de son leadership dans la région.
]]. Mais il s’agit de ne pas oublier que les responsabilités sont nombreuses et multiples. L’autoritarisme et le sectarisme pro-iranien et hostile aux sunnites de l’ancien premier Ministre irakien Nouri al-Maliki sont tout autant à pointer du doigt. La cause première de l’établissement de l’EI en tant que réalité politique et sociale est bien celle de groupes terroristes s’inscrivant dans une vision fanatique et eschatologique de l’islam. Mais c’est aussi celle de communautés et combattants locaux luttant pour défendre leurs identités et territoires contre ce qu’ils identifient comme des oppresseurs politiques et confessionnels. Vaincre l’État Islamique ne pourra dès lors se faire sans proposer un projet politique alternatif pour les musulmans sunnites de Syrie et d’Irak.
Cliché 8 : Daesh est très riche, grâce notamment à son pétrole que nous achetons
Il est très difficile de connaître la réalité des fonds et moyens financiers dont dispose l’État Islamique. Dès septembre 2014, ce sont surtout les questions liées au pétrole qui ont attiré l’attention. Les diverses estimations disponibles situent les ressources de l’EI entre un et trois milliards de dollars par an. La fourchette entre les deux chiffres, relativement importante, souligne la difficulté à correctement chiffrer ses revenus.
Cette idée d’une organisation terroriste riche grâce au pétrole se base, notamment, sur une déclaration faite par Jana Hybaskova, ambassadrice de l’Union Européenne en Irak, le 2 septembre 2014 : « Malheureusement, des États membres de l’UE achètent ce pétrole ». Cette déclaration, aujourd’hui de plus en plus critiquée, ne résiste pas aux analyses récemment sorties. Le contrôle de puits de pétrole par le groupe terroriste n’est pas neuf. Entre 2005 et 2010, ce qui s’appelait encore Al Qaeda en Irak (AQI), organisait déjà une contrebande de pétrole via la raffinerie de Bayji, dans la province de Salaheddine[[Michael Weiss, Hassan Hassan, EI. Au coeur de l’armée de la terreur, Paris, Éditions Hugo et Cie, p. 100.
]]. Les revenus de cette contrebande se sont renforcés avec l’occupation de vastes zones pétrolifères. L’État Islamique contrôle, en effet, plusieurs puits de pétrole en Syrie et en Irak. Le raffinage ne se fait pas sur place mais via des raffineries mobiles, ravitaillées en pétrole grâce à des camions tankers assurant les liaisons. Mais où va ce fameux pétrole? Vers l’étranger qui l’achète à prix d’or? Non, au contraire. Déjà, la production de pétrole de Daesh est de 40.000 barils par jour. À titre de comparaison, l’Arabie Saoudite produit 11,5 millions de barils de pétrole par jour. Et l’essentiel du pétrole de l’EI est destiné à la consommation intérieure afin de garantir la paix sociale ainsi qu’aux troupes armées[[Il faut rappeler qu’il y a une population de plusieurs millions d’habitants qui a besoin de se chauffer et de se déplacer
]]. Une faible quantité est revendue en-dehors des territoires contrôlés par l’EI. Une partie est achetée par les troupes de Bachar Al Assad et également par les peshmergas kurdes. Quand à l’infime quantité exportée en Turquie, il profite essentiellement aux populations locales qui y trouve un pétrole bon marché, mais de mauvaise qualité.
L’État Islamique est-il d’ailleurs aussi riche qu’on le prétend ? Plusieurs documents récemment révélés démontrent que l’OEI est en voie d’autonomisation de ses revenus. Les taxations locales, le racket et les filières de contrebande lui permettent de se passer de financement extérieurs, comme ceux de généreux donateurs étrangers. D’autres ressources naturelles comme le blé, l’orge et le coton sont aussi exploitées, contribuant aux revenus de l’organisation. Enfin, les trafics divers tels que celui d’oeuvres de l’antiquité ainsi que celui des organes permettent de compléter les rentrées financières. Le modèle économique de l’État Islamique apparaît comme largement diversifié et dépend de transactions se réalisant sur place, donc difficile à contrer.
Toutefois, un point généralement oublié est celui des dépenses réalisées par l’EI. Le groupe terroriste est en charge d’un territoire à administrer. Il s’agit dès lors de payer des employés, de distribuer des biens et produits de base et d’organiser une structure administrative. Tout cela afin d’éviter une révolte de tout ou partie des 10 millions de personnes vivant sous son autorité. Enfin, l’organisation doit mener une guerre sur plusieurs fronts. Les combattants sont donc à rémunérer avec, semble-il des salaires attractifs pour les troupes présentes sur les fronts. Face à ces dépenses, l’État Islamique pourrait donc très bien se trouver en situation d’équilibre budgétaire voire de déficit.
Comment agir, dès lors ? Des mesures efficaces seraient plutôt de l’ordre d’un embargo contre les produits sortant de ces territoires, ainsi que d’une lutte efficace contre les filières de contrebande. La difficulté est, toutefois, que la frontière turque, principale concernée, est particulièrement longue, poreuse et soumise à la corruption des administrateurs locaux. La lutte financière contre le terrorisme international ne doit pas non plus être négligée. Paradis fiscaux et filières opaques sont donc aussi des cibles à ne pas oublier.
Cliché 9 : Oui, Bachar est un dictateur. Mais Daesh est la menace et il faut s’allier avec lui pour les battre
Il s’agit d’un argument régulièrement sorti pour tenter de trouver une solution à la crise : « Quand il a fallu abattre Hitler, on s’est allié avec Staline ». Au-delà de la réécriture de l’Histoire[[La Deuxième Guerre Mondiale est le fruit d’un contexte totalement différent de celui rencontré aujourd’hui face à l’État Islamique.
]], cette idée ne tient pas la route. Il faut, pour cela, remonter aux origines de la révolte syrienne, en 2011. Face aux manifestations contre son pouvoir, Bachar al Assad a opté pour une stratégie claire : lui ou le chaos. Afin de se maintenir au pouvoir, il aura, dès le début, joué lé jeu de la radicalisation djihadiste. Libérant, dès mai 2011, les prisonniers islamistes des geôles syriennes, Assad aura également diabolisé l’ensemble des mouvements rebelles, les qualifiant de « terroristes d’Al Qaeda soumis aux États-Unis ». Le dirigeant syrien se place ainsi résolument dans une posture à la fois impérialiste et héritière d’un courant laïc arabe. C’est pourtant oublier qu’à la fin des années nonante, le régime syrien a joué, de manière opportune, la carte confessionnelle, afin de renforcer sa légitimité. Le régime baasiste a bel et bien pratiqué une politique de séduction religieuse, ouvrant notamment nombre de centres et institutions musulmanes sunnites dans le pays.
Depuis le début de la révolte syrienne, Bachar al Assad aura laissé s’étendre les territoires contrôlés par les forces djihadistes, tout en luttant férocement contre les groupes rebelles laïcs et nationalistes. La logique poursuivie par le régime n’est guère celle du sens de l’État mais celle de son maintien au pouvoir, quoi qu’il en coûte. C’est le régime qu’il faut maintenir, quitte à brader l’État comme, par exemple, accepter de se soumettre aux décisions prises par Téhéran et par Moscou, principaux pourvoyeurs du régime en moyens matériels et financiers[Certains chiffres relayés révèle que l’Iran a accordé en 2013 à la Syrie 4,6 milliards de dollars, soit 3,6 milliards sous forme de facilités de paiement — uniquement consacrés aux importations de pétrole — et un milliard pour financer des importations diverses (Henri Mamarbachi, « Comment fonctionne l’économie de guerre en Syrie », in Orient XXI, 8 octobre 2015, [en ligne], [http://orientxxi.info/magazine/comment-fonctionne-l-economie-de-guerre-en-syrie,1047.
]]. Il s’agit de jouer ainsi sur tous les tableaux en même temps, s’alliant au gré des circonstances aux occidentaux ou aux russes voire à tout autre soutien entrant dans leur logique de maintien au pouvoir.
Dans un récent éditorial, le journal anglais The Guardian est parvenu à parfaitement résumer, en quelques mots, la situation actuelle dans la région : Daesh est l’ennemi, mais Assad est le problème. À moins d’appliquer une vision realpolitik du conflit, et donc ne pas régler le problème à la racine, la victoire contre Daesh ne sera jamais possible en permettant à Assad de continuer à rester au pouvoir.
Cliché 10 : Les djihadistes rentrent en Europe par les filières des réfugiés.
La crise humanitaire qu’a connu l’Europe en 2015, avec un afflux de réfugiés syriens, a entraîné un grand nombre de rumeurs sur la présence de djihadistes dans les flots de réfugiés. Surfant sur cette actualité, l’État Islamique a communiqué, en septembre 2015, sur l’infiltration de plusieurs milliers de ses combattants via les bateaux de réfugiés syriens. Reprise par de nombreux médias, cette information de propagande a été abondement relayée sur le web. Les mouvements d’extrême-droite l’ont ainsi particulièrement amplifiée afin de délégitimer les politiques d’accueil. Il s’agit pourtant bien d’une désinformation de la part de Daesh, qui suit plusieurs objectifs.
Tout d’abord, les membres de l’ État Islamique dénoncent régulièrement, via les réseaux sociaux, le départ des Syriens de leur pays. Pour le groupe terroriste, l’immigration hors des terres d’Islam s’apparente à de l’apostasie. Daesh insiste d’ailleurs sur le trajet inverse, d’Europe vers ses territoires.
Ensuite, il est particulièrement risqué pour l’État Islamique de faire transiter ses combattants via les filières des réfugiés. Déjà, attaqué de toutes parts, l’OEI a besoin de ses troupes. Ensuite, les combattants étrangers européens de Daesh disposent de passeports européens (ou des fonds pour en acquérir via des filières criminelles). Les filières traditionnelles sont donc beaucoup plus sûres. Le voyage de la Syrie vers l’Europe est long, coûteux et risqué. Les réfugiés syriens fuient les conflits, essentiellement les frappes du régime de Bachar al Assad et n’ont donc rien à voir avec les djihadistes de l’État Islamique. La menace est domestique et non pas humanitaire.
Le but de l’État Islamique est bien d’effrayer les opinions publiques européennes, et de les diviser entre elles. En stigmatisant les réfugiés, en jouant sur les peurs contre les musulmans et en usant des codes médiatiques pour y donner un large écho, Daesh parvient à manipuler les opinions européennes à son profit.
Cliché 11 : Bonus (en tant que conclusion): de toute façon, on ne peut rien y faire/on nous cache tout/c’est la faute aux arabes/c’est la faute à l’Occident
De nombreux autres clichés existent, alimentés par les réseaux sociaux, les sites internet conspirationnistes et complotistes, l’extrême-droite ou même, parfois beaucoup plus simplement, des médias et sources d’informations dépassés par la complexité de la situation. Car ces conflits en cours sont particulièrement difficile à appréhender. La réalité nécessite plusieurs pages d’explications là où le complotisme n’utilise une phrase.
Nous avons pourtant besoin d’une approche plus simple et pédagogique des enjeux importants en cours aujourd’hui au Moyen-Orient. Il nous faut cependant comprendre que notre grille de lecture, traditionnelle, est dépassée. Les forces qui dirigent aujourd’hui au Proche-Orient ne sont plus les États mais les organismes comme Daesh. Le monde change et les repères aussi. C’est à une crise de système que nous avons affaire. Il serait ainsi simpliste de penser qu’un écrasement de l’État Islamique réglerait les crises et permettraient un retour à l’ordre ancien. Déjà tout d’abord car cet ordre ancien n’existe plus. Des États, où à tout le moins leurs structures, sont en cours de disparition, avec des populations qui aujourd’hui ont été déplacées ou sont en luttes féroces. Ensuite, car les mouvements djihadistes se sont implantés ailleurs qu’en Syrie et en Irak : le Yémen, l’Égypte, la Libye sont touchés, de même que le Mali, la Somalie, le Nigéria. Enfin, le retour des combattants étrangers de l’État Islamique impose une réponse politique mais aussi juridique, sociale et économique sur du long terme, dans nos pays.
Pour parvenir à dépasser ces crises et tensions actuelles mais aussi en devenir, la réaction devra donc être globale. En luttant efficacement contre les différents foyers de crises réels et potentiels. Et en réinventant la politique étrangère menée par l’Europe dans ces régions en tensions. Car c’est d’espoir que les communautés et populations concernées ont besoin, afin de ne pas verser dans le radicalisme ou l’appel à des solutions radicales. Le défi de ce XXIème siècle naissant est celui de cette nouvelle intégration, dans une forme de mondialisation plus positive et respectueuse des particularismes et des aspirations de chacun, où qu’il vive.