On vit une drôle d’époque, qui voue aux gémonies les optimistes et considère avec le plus grand respect les propagateurs de mauvaises nouvelles, de sinistres augures. Certes, le monde ne nous renvoie pas toujours de lui–même la plus jolie des images mais pour ma part, je suis heureuse d’être là aujourd’hui, de m’inscrire dans ce siècle qui débute. Le prologue est sans doute un peu chahuté mais il nous promet une belle histoire.

Et quelle histoire !! Je vous fais le pitch ?

C’est la crise mondiale, la coalition des insensibles technocrates et des financiers cyniques semble avoir gagné la partie. Pourtant, de sympathiques rebelles s’organisent autour d’un intéressant projet de société. Qui va gagner ?

Je crois le savoir…

Car aussi profonde soit « la crise », aussi entremêlées soient les crises – sociales, économiques, alimentaires, climatiques, financières, géostratégiques, énergétiques… –, nombreux sont ceux qui réalisent que l’humanité est pour toujours mariée à cette Terre à la fois unique et limitée en ressources et que notre prospérité est indissociable de celle de notre planète. Ce qui est, selon moi, source d’un espoir inattendu.

À l’inverse de ce qui est bien souvent promulgué, je ne peux me résoudre à penser que ce que traversent nos Régions, la Belgique, l’Europe et le monde, ne serait qu’une crise.

La crise est un phénomène que l’on subit ; le mot lui–même évoque un orage, des vents violents, une tornade peut–être ; on devine aussi des hommes et des femmes calfeutrés, dans leur cave peut–être, en attendant le calme et le retour progressif à la vie normale. Or, en Belgique et dans le monde, ils sont de moins en moins nombreux ceux qui attendent un hypothétique « retour à la normale » : écart croissant entre les riches et les pauvres, dérèglements climatiques meurtriers, émeutes de la faim dans le Sud et scandales agroalimentaires dans le Nord, mise à mal de nos démocraties par la tyrannie des marchés financiers. Reconnaissons la force et le cynisme de ceux qui, au fil de plusieurs décennies, étaient parvenus à ériger au rang de normalité un modèle économique et social basé essentiellement sur l’épuisement des hommes et des ressources.

En revanche, on ne compte plus ceux qui, même derrière les façades les plus lisses et les discours les plus assertifs, sont gagnés par le doute. Dans les services d’études des syndicats, des mutuelles ou des secteurs industriels, dans les laboratoires de nos universités et de nos PME, au cœur de la création artistique ou de -l’engagement citoyen, dans nos fermes, nos cantines scolaires et même dans certaines grandes surfaces, chez celles et ceux qui travaillent ou militent aux côtés des victimes toujours plus nombreuses des impasses actuelles, le doute s’est insinué et a fait petit à petit place à l’action. Ils inventent ou réinventent, à leur échelle, des manières de consommer, de produire, de se déplacer, d’habiter, avec la conscience aiguë que dans ce monde aux ressources limitées, il continue d’exister des infinis : le lien social, la culture, la connaissance, la solidarité.

À l’inverse de la crise, cette transition est l’antidote à la fatalité. Elle se nourrit de l’audace citoyenne, individuelle ou collective. Elle réhabilite le rôle du politique, pleinement décidé à se mobiliser pour bâtir un avenir en lequel on croit vraiment.

On le sent bien, ce dessein n’est pas une -utopie. C’est un chemin que nous avons commencé à emprunter, même si l’air du temps reste dominé par l’impact de la débâcle économico–financière qui marque le début de ce siècle. Difficile, en effet, de voir autre chose car les journaux parlent peu des trains qui arrivent à l’heure.

Depuis trop longtemps, la plupart des politiques ont décidé de rester à quai. Pour ma part, je n’aime ni attendre sur le quai ni voyager seule ; ça tombe bien, de plus en plus de gens prennent le train !

Ces lignes s’écrivent à l’aube d’une importante échéance électorale. Le débat politique portera avant tout sur le socio–économique ; c’est la moindre des choses.

À l’heure où les uns vendront une énième réforme fiscale destinée à financer une économie non régulée, et où les autres se dresseront en rempart car « sans eux ce serait pire », Ecolo a d’autres ambitions que de repousser la catastrophe à plus tard. L’heure est aux choix et aux décisions qui redonnent espoir. L’espoir concret d’un projet d’avenir économique porteur de sens, qui n’épuise ni les gens ni les ressources, qui réconcilie les extraordinaires ressources humaines dont nous disposons et ces nouveaux métiers à la portée de ceux qui oseront tendre la main pour les saisir.

Car je veux également ici vous dire à quel point la Wallonie et Bruxelles peuvent être gagnants. Aujourd’hui, je suis profondément convaincue que nous sommes capables de construire un avenir pour l’industrie et l’emploi chez nous. J’en suis convaincue parce que cela a commencé. Bien sûr, les fermetures de nos sites industriels constituent une blessure profonde, avec des drames économiques, personnels, familiaux. Le nier serait une injure à celles et ceux qui en sont victimes.

C’est bien la question d’une stratégie viable de développement socio–économique de nos territoires qui est posée et à laquelle nous travaillons d’arrache–pied depuis 2009 en Wallonie et 2004 à Bruxelles.

Quelles sont les grandes lignes directrices des propositions et réponses d’Ecolo en matière de création d’activité économique, d’emploi du futur et de transition écologique ?

  1. Se doter d’un projet énergétique ambitieux pour nos Régions. L’énergie est la condition à la fois sociale et économique de notre redéploiement. Une économie forte est une économie qui maîtrise son énergie. Comme l’était la Wallonie riche de son sous–sol charbonneux au xixe siècle ; comme le sont aujourd’hui les pays scandinaves grâce à leurs énergies renouvelables bien maîtrisées ;
  2. Choisir la durabilité, créatrice de prospérité partagée, comme stratégie économique : relocalisation de la production, compétitivité fondée sur l’efficience des ressources, circuits courts ;
  3. Miser sur la jeunesse, notre unique capital, notre plus grande richesse. Lorsque les budgets publics sont maigres, les investissements ne peuvent être qu’à haute valeur stratégique ; et investir dans l’enseignement et la formation, c’est investir dans notre avenir.

Cette vision, je vous la livre avec enthousiasme et confiance : l’avenir n’échappe qu’à ceux qui lui tournent le dos.

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