Hériter d’un monde au bord du gouffre…[[Ce texte, au départ à destination interne, a été rédigé dans le but de rassembler et articuler quelques idées et nourrir la réflexion préalable sur la nature et le contenu du – alors futur – manifeste politique. C’est à la fois une réaction et un positionnement par rapport au texte initial (lequel a été rédigé précisément à cette fin, voir sa version finale p45), pour ajouter un angle d’approche, en somme pour suivre le propos même développé plus loin. Certaines phrases sont des emprunts « recontextualisés ». Le propos, ici, était de dégager des concepts et principes idéologiques en amont de toute politique instrumentale (programme électoral…), de proposer les balises qui permettrait de se positionner comme « écologiste politique » face à n’importe quelle question dans un débat… ou face à des choix personnels. La forme hybride tient à la volonté de vulgariser sans en avoir ni le temps ni l’espace 😉 Le texte est récursif.]][[Se pose immédiatement la question « d’où est (doit être) écrit ce texte »… et sans mea culpa occidentalo-centriste qui règlerait un peu trop vite les comptes. Le point de départ est le militant écolo belge francophone. Le périmètre est celui du champ d’action supposé réaliste d’un parti vert belge francophone avec un regard ouvert sur le monde…]]
Dans le rapport qu’il construit de l’humanité au reste du monde, l’Occident hérite d’une tension historique grandissante qui culmine depuis un demi-siècle pour atteindre un point de basculement. Ce qui au départ relevait de la domestication d’une portion congrue du sauvage devient aujourd’hui une menace pour la biosphère, nous compris[[… en faisant l’impasse, ici, sur la géopolitique à sens unique de la modernité.]]. La situation est telle qu’une minorité d’acteurs joue des outils économiques et financiers, dans un cadre politique dévoyé pour extraire une part colossale du gâteau, instrumentalisant à leurs fins l’humanité -leurs pairs et leur travail- et le reste de l’écosphère. La puissance de ce système fait que tous les dispositifs de décision collective (représentation…) sont court-circuités sinon instrumentalisés. Il fait fi des dégâts environnementaux et sociaux, les crises elles-mêmes lui étant profitables alors qu’elles plongent des populations entières dans la précarité et ruinent à peu près tous les écosystèmes. La globalisation du « modèle », jouant des opportunités, s’est affranchit des responsabilités locales, a mutilé les singularités des sociétés et dilapidé le patrimoine culturel exposant de douloureuses plaies qui divisent plus que jamais l’humanité.
Ce monstre est en pleine forme, il a un nom : le capitalisme financier néolibéral[[Terminologie « par défaut » en essayant de se garder d’être (trop) guidé par l’attirail dialectique qui l’accompagne.]].
En réaction à ces constats de plus en plus alarmants sont apparues dans la société des approches d’abord philosophiques, concrètes et enfin politiques pour réévaluer ce rapport. Ces approches, même rassemblées, restent minoritaires tant l’organisation sociétale a cette capacité d’absorber les luttes et de se perpétuer par le fait que la plupart des parties est engagée à la promesse de quelque futur dividende.
Ce à quoi nous tenons[[Très nombreux emprunts entre autre à Ce à quoi nous tenons et Ecologie politique d’Emilie Hache, Les faiseuses d’histoire de Vinciane Despret et Isabelle Stengers, Un engagement pour le possible d’Isabelle Stengers…]]
Le champ de l’écologie politique s’étend à l’ensemble de la planète. L’enjeu n’est pas de sauver la planète, c’est de nous sauver avec la planète. Notre regard écologique sur la société est systémique. Il accepte la complexité comme un facteur essentiel d’être au monde. Les interactions entre l’individualité, le collectif, la société et l’écosphère ne peuvent être résumées à un système d’équations. Les questions éthiques, écologiques ne sont pas quantifiables et in fine mesurées en devises. La nature n’a pas de prix, la démocratie n’a pas de prix, l’égalité n’a pas de prix, la liberté n’a pas de prix. Tout ce qui les touche ne peut être décidé économiquement et doit faire l’objet d’un débat aussi large que possible.
Nous devons faire entrer les grands absents à toutes les tables de discussion : les peuples, les générations futures et les éco-systèmes. Il est temps d’entrer en conversation avec le monde et son avenir, de leur prêter existence. Le terme collectif fera aussi référence à cette inclusivité.
Nous sommes dans l’intention, décidés, porteurs de projets et cependant prudents. L’incertitude[[«… une question ne se construit bien qu’à partir de l’incertitude». Isabelle Stengers, Revue Cosmopolitiques, 2002]], face à la complexité du devenir ne nous empêche pas d’agir mais nous engage à respecter le principe de précaution, à tenir compte des controverses, des voix disparates et à ré-évaluer régulièrement notre projet. En recadrant inlassablement la question dans sa perspective globale et collective, nous contribuons à composer un monde commun ouvert[[Par opposition à un monde unifié.]].
ECOLO est le levier politique de cette prise de conscience, d’autres, le mouvement, des associations, des entreprises d’économie solidaire… la relaient dans les diverses instances de la société civile.
Un moteur de transformation coopérative
Le projet écologique est d’être un moteur de transformation de la société. Il est pris dans un rapport de forces où les siennes ne sont pas celles de la majorité. C’est un acteur au milieu des autres qui cherche par la qualité, la bienveillance de ses propositions à créer de l’adhésion, fût-elle momentanée, afin de trouver l’appui nécessaire à la transformation collective et pacifique de la société : le changement coopératif. L’enjeu est de tenir ensemble nos idées, nos actes et leurs conséquences et d’y impliquer nos différents partenaires.
Ce moteur articule trois concepts relationnels[[Selon la bonne vieille méthode pédagogique du très républicain «Liberté, égalité, fraternité». Pourquoi d’ailleurs ne pas repartir de là ? La différence me semble tenir dans l’intention de pointer des «états de la qualité sociétale des relations» et non des «moyens» (droit / philo) de faire société. Le pluriel reconnaît la complexité intrinsèque du vivre ensemble (donc sa richesse et sa résilience).]]: les égalités, les autonomies et les prospérités collectives. Ils opèrent comme des balises éthiques qui se complètent, se soutiennent réciproquement pour permettent de construire, évaluer et mettre en œuvre des réponses. Leur dimension relationnelle, y compris avec l’écosphère, reflète la finalité sociétale de l’écologie politique. C’est de cette qualité que viendront les solutions et surtout l’énergie de les porter, de les revendiquer. Cette transformation est donc avant tout culturelle, une (nouvelle) matrice sociale.
Des trajectoires politiques
de transition écologique
Faire société, c’est construire un monde commun, concrètement vécu, à partir des relations entre individus différents et égaux. Ce cadre relationnel induit une éthique du collectif pour que les intérêts individuels et collectifs se rejoignent par renforcement mutuel. Notre souci de l’intérêt général nous permet de ne pas avoir à choisir[[« L’altruisme est notre ADN politique », Christophe Derenne, séminaire autour du livre Pour un individualisme de gauche de Sophie Heine, mai 2013]] entre ce qui est bon pour nous et ce qui est bon pour autrui.
La société qui sortira de la transition écologique n’aura qu’une très vague ressemblance avec celle que nous connaissons. Et nous ne pouvons ni la comprendre ni la créer avec des concepts usés jusqu’à la corde. Cependant, nous ne pouvons rester au balcon et nous contenter d’indiquer l’horizon, il faut proposer le chemin, les jalons des transformations depuis l’intérieur du problème, avec les acteurs et les outils qui le composent[[Voir acteurs-réseaux, Bruno Lattour & co]] et en tenant compte du passif accumulé.
La société comme toute organisation développe des réflexes de sécurité, de confort… qui, face aux questions, conduisent systématiquement à retrouver les chemins déjà expérimentés[[A défaut d’être validées démocratiquement. D’où l’intérêt économique de pousser les expérimentations (réacteur d’essai, OGM en plein champs…) plutôt que d’attendre un arbitrage scientifique et/ou démocratique.]]. Ce sont les seuls documentés, évalués, connus, pratiqués… Chaque jalon voit se dresser la majorité des forces vives en faveur des solutions du passé et ce quelles que soient les options.
Ce refus d’explorer sert le renforcement des capacités et positions acquises avec le temps (pouvoir, rapport de force, légitimité…) dans tous les champs (politique, économique, scientifique, culturel, industriel, non-marchant…). Ce filtre crée une véritable culture sociale de l’immobilisme. Le lock-in est sociétal.
Pour vaincre cette inertie, l’écologie politique propose des trajectoires de transition.
Des disparités aux égalités
L’entretien dynamique des inégalités sous-tend le système pyramidal du capitalisme. Les inégalités sont multidimensionnelles, enchevêtrées et cumulatives. Elles font système dans le sens qu’elles s’engendrent l’une l’autre. Elles animent une mécanique du manque. De tous ces béances, l’énergie du démuni[[Pour rappel, humains, non-humains, discours…]] -tout comme son renoncement, retourné en efficace motif d’exhortation pour les autres- est instrumentalisée pour alimenter la machine considérablement injuste du productivisme.
Les égalités appellent la reconnaissance des singularités individuelles et collectives et par là toute expérimentation alternative qui respecte les mêmes principes. Elles forcent la redistribution entre les positions inéquitables qu’elles soient financières, d’accès aux services ou à l’action politique. A cette fin, les services publics sont un vecteur essentiel d’égalité. Les égalités forment un socle commun sécurisant dans le respect des projets individuels. Dès lors, l’empathie collective générée permet à chaque individu de s’articuler, constructivement, en confiance, à la société solidaire.
Les égalités, c’est aussi prêter à chacun des compétences, pratiques, intellectuelles, politiques pour la participation au projet social non pas parce qu’il les a, mais parce que le fait de les lui prêter le met en situation de les construire, de traduire sa réalité[[Exprimer un lien entre les éléments (singulièrement perçus) et les enjeux (singulièrement énoncés).]] et ainsi renverser, entre-autre, « l’éclipse du public », effet-cause de l’apathie de nos systèmes de représentation.
Dans ce contexte, l’autonomie favorise l’auto-construction, une relation cognitive singulière et renouvelée entre l’individu et la société, qui le met en capacité de se déployer dans la société et de contribuer à l’empathie sociale et aux prospérités collectives[[Et de déployer un pacifisme contagieux]].
De l’asservissement à l’autonomie
Qu’il prenne la forme du clientélisme politique, de la subordination consumériste, de l’endoctrinement par l’enseignement, de la néo-culture des media… l’asservissement au fonctionnement du système est intégré à un point tel qu’il en devient naturalisé (on le croît neutre) voire addictif. Chaque individu en devient le promoteur assidu et aliéné, tant pour sa défense que sa reproduction, en rivalisant de signes pour prétendre à sa propre zone de (ré)confort, à la reconnaissance d’en être, dans un conformisme globalisant, son potentiel créatif étant perdu, pour lui et pour la société.
Les autonomies donnent la capacité -et la possibilité- de définir ses valeurs, de choisir son mode vie. Elles ne sont possibles que si un ensemble de droits et libertés, civils et politiques, économiques et sociaux, sont effectifs. Elles sont à la fois individuelles et collectives et impliquent l’émancipation de toute dépendance et autorité illégitimes, en même temps que la prise en compte de l’appartenance de l’individu à une société, à un écosystème.
Les autonomies, liées aux égalités, favorisent l’autogestion et l’auto-organisation de groupes se réappropriant des parts de biens communs, de savoirs et de droits de décisions confisqués ; récupérant par là une puissance d’agir, d’être capables ensemble. Il ne s’agit pas tant de « liberté pour la liberté » que de construction d’une liberté collective, comme autorégulation des libertés individuelles. Elles reconnaissent dans l’équilibre complexe des dynamiques relationnelles à l’œuvre dans la société, les parts d’égo-centrisme et d’altruisme, et, sur le mode de la confiance, les compétences renouvelées qui se tissent entre elles, le fait social. Elles enrichissent la diversité et augmentent le capital social commun par l’addition des points de vue et des médiations qui les font tenir ensemble[[Voir théorie des acteurs-réseau, Bruno Latour & co]].
Les autonomies permettent aussi avec les prospérités collectives d’instaurer un équilibre dynamique et bien compris entre autodétermination et fédéralisme, entre subsidiarité et suppléance en accordant le juste pouvoir aux instances légitimées[[Avec la difficulté réelle que représente l’outil européen dans l’état (politique et démocratique) actuel.]] du local au global en relativisant la place de l’Occident dans la multiplicité des sociétés.
De la société de l’épuisement aux prospérités collectives
Le marché a profité de l’affranchissement du religieux comme structurant la gestion du commun pour y substituer des récits qui déshabillent le collectif et construire un individualisme effréné. Armé du scientisme, il a réinventé sans cesse le monde au nom du progrès, stimulant la compétition entre tous. Il a diffusé incertitude et insatisfaction. Maniant avec cynisme une culture du risque, il s’est pris à son propre jeu, l’ivresse de l’accaparement ayant effacé toutes les normes, aujourd’hui il joue avec la planète. Difficile de lui (pr)opposer d’autres modèles ou cadres éthiques, il n’en a cure, les catastrophes affolant les politiques, un boulevard s’ouvre devant lui. Tout devient matière à générer du profit au 1%, jusqu’à la spéculation sur la spéculation.
Les prospérités collectives proposent de nouveaux équilibres sociétaux entre les capacités collectives à identifier et fournir une série de biens et services, le rôle alloué au service public, la part d’un marché régulé et les ressources environnementales disponibles. Elles construisent avec les égalités et les autonomies, un nouveau pacte social qui passe, dans une logique de finalités collectives, d’une politique d’allocation de moyens (comptabilisés) à une politique d’appel aux ressources communes. Elles mettent en œuvre un important transfert de capacités productives devenues capitalistes vers des modèles coopératifs et ceux des biens communs qui démarchandisent biens et services pour les gérer collectivement. Ceux-ci deviennent, avec le renforcement des services publics, trois outils essentiels de redistribution pour consolider les égalités. Ils doivent concerner tous les domaines et constituer le « capital social commun », dividende de base assurant à chacun des conditions d’existence digne.
Plus étendues seront ces prospérités collectives, plus grande sera la part faite à des relations humaines qui échappent à la logique du marché[[D’autant que « Le marché comptabilisé représenterait en Belgique moins du septième des flux de biens et services. Le PIB en recenserait moins du tiers. On est loin de ce que l’on pourrait attendre d’une « économie de marché ». Une définition large de l’économie est donc pertinente au regard de l’importance des flux concernés. Il est d’autant plus envisageable de parler de « décroissance » (du PIB) que la croissance du PIB est une notion en grande partie déconnectée de la réalité des biens et services rendus ». Bruno Kestemont, Revue Etopia n°8, 2010.]] comme à celle de l’Etat et peuvent donc être directement axées sur les valeurs d’usage, sur la satisfaction directe des besoins.
De l’instrumentalisation
à la société éco-citoyenne
Nous n’avons jamais été modernes[[Bruno Latour, 1991]]. La raison qui s’est posée en alibi instrumental n’a, finalement, jamais servi que la puissance[[« Pour chaque capitaliste qui réussit, il faut des perdants ». Robert Hinde, La Revue Durable n°48, 2013.]]. La mise à distance de la nature, des autres, des sentiments… a favorisé le récit très unifié d’un progrès détaché du terrain et qui n’a pas réglé ses comptes[[Il faudra par ailleurs s’attacher à mettre les responsables en face de leurs actes. « Il revient aux intellectuels de construire un projet politique, indépendamment des politiques, je dirais même contre les politiques. Nous ne devons plus les conseiller, nous devons les juger. (…)» Emmanuel Todd, Les intellectuels vont devoir parler au peuple, Marianne, 6/7/2013]]. L’imposture de l’objectivité, a encadré, avec la complicité schizophrénique des sciences, le détournement de la démocratie. Progressivement, face au projet simplifié et disqualifiant, nous avons reculé sur toutes nos souverainetés dispersées, offrant à la « modernité » nos résignations successives, notre asservissement consentant.
Si l’on définit le politique par le fait de se rassembler autour d’une chose commune, la question se pose de savoir de quelle façon cette chose est commune comme de connaître les modalités de ce rassemblement. L’intelligence collective et l’innovation sociale qui résultent de ce moteur de transformation coopérative sont deux outils politiques à l’échelle des citoyens. Ils permettent d’insérer, çà et là, dans les interstices toujours plus nombreux, la récupération et la restauration des capacités collectives. Apprendre à penser ensemble constitue une façon d’espérer inventer[[Avec une attention particulière à ce que la société attend de l’enseignement (d’où l’intérêt des balises et des trajectoires)]] une réponse politique attentive à la complexité d’une bonne relation entre humains et avec l’écosphère.
L’action collective et quotidienne est la seule à pouvoir alimenter le cadre relationnel de nos balises. En se concentrant sur les besoins réels[[Sur « l’output » alors que l’expérimentation classique se concentre sur la validation du processus.]], elle défriche, nourrit, complexifie en même temps qu’elle monte en capacités.
Notre mode d’action
Nourrie en permanence de nombreuses contributions scientifiques, l’écologie politique élargit son approche empirique aux expériences et aux interactions de la société entière, même (surtout?) où ne l’attend pas.
Pour appréhender cette complexité et construire ses choix d’avenir, elle fait le pari de l’intelligence collective et de la participation, de relativiser le savoir-expert pour réhabiliter celui (profane ?) des citoyens. En retour, ses propositions radicales sont à la fois alternatives et marginales, aussi cherche-t-elle à expliquer, à diffuser et à partager ses réflexions.
Notre option est résolument altruiste et pacifique aussi nous comptons exclusivement sur la contagion culturelle pour susciter l’adhésion et le changement[[« Ce qui induit l’individu à agir, c’est la résonance entre son monde cognitif et son environnement ». Kristen Monroe]]. La relation entre politique et culture est dialectique, ce que nous faisons et nos valeurs affectent la culture dans laquelle nous vivons et cette culture, en retour, influence nos comportement et valeurs[[Robert Hinde, La revue durable n°48, 2013.]]. Il y a un continuum politique entre l’action locale et les outils de gouvernance. Ce que l’on fait compte, implique les acteurs et amène un changement culturel et sociétal.
En choisissant le champ de l’action politique, ecolo porte ces projets dans leur radicalité à toutes les tables de discussions possibles avec le dessein que les réformes négociées soient les plus proches possibles de nos objectifs[[Y compris pour les processus démocratiques (gouvernance, participation…)]]. De ces compromis, se forme l’engagement tacite et progressif des autres à (re)connaître nos positions. Ils sont impliqués par nos questions, plongés dans leur complexité et mis en demeure d’y répondre, pris dans le jeu relationnel entre les conséquences pour leur cercle d’intérêts, la population, la planète, le futur… et leurs actes. Charge à nous et à ceux qui nous font confiance, de trouver le rapport de force suffisant pour maintenir nos préoccupations à l’agenda, jusqu’à prendre le risque de perdre.
Comme parti, nous avons vocation à changer les institutions de l’intérieur. Comme écologistes, nous avons vocation à le faire autrement. Cela implique une recherche constante de cohérence entre nos objectifs et notre fonctionnement interne. Cette cohérence s’illustre aussi par notre rapport au pouvoir. Même si nous cherchons à être le plus en mesure de défendre nos options, nous ne cherchons pas à nous l’accaparer, mais à l’exercer de façon transparente et collective.
ECOLO apprend, expérimente et vit les principes qu’il propose à la société. De notre fonctionnement interne à nos actions publiques en passant par nos élu.e.s, nous nous attachons à incarner notre projet. Via Etopia et en lien avec le mouvement, nous consultons en permanence le terrain, confrontons, débattons de nos idées avec le public.
Notre appel
Dans le contexte du momentum historique qui s’installe à l’échelle mondiale… il y a un nouveau rapport de force à inventer pour faire valoir les finalités collectives. Si les écologistes ont anticipé la situation de 40 ans, on ne peut pas dire que leur appel ait été largement entendu. Nous sommes là où précisément on le craignait. Les premières boucles de rétroactions étaient écologiques, les suivantes sont évidemment sociales…
ECOLO entend continuer à se connecter à toutes les initiatives individuelles et collectives qui luttent dans tous les domaines pour une existence pluridimensionnelle, à s’en nourrir et les nourrir, les soutenir et en apprendre.
Aujourd’hui, il n’y a plus à tergiverser, nous sommes ceux que nous attendions[[Message indien repris par Marc de la Menardiere dans sa présentation TEDx (http://youtu.be/zAfYtfMhvbw)]], notre transformation appelle celle de la société, construisons notre confiance sur notre capacité à changer pour se donner l’énergie de l’action coopérative. Développons des récits engagés par l’action[[« Nous vivons, dit-on, en démocratie, mais il n’y a pas de démocratie si le droit de penser l’avenir, c’est-à-dire aussi de penser les menaces qui pèsent sur cet avenir n’est pas reconnu comme crucial. Or, ce droit ne se heurte pas seulement aujourd’hui à un sentiment d’impuissance général, mais aussi à un véritable refus. On nous demande de faire confiance là où nous n’avons vraiment aucune raison d’avoir confiance. On nous dit « circulez, il n’y a rien à voir, rien à penser ». L’action de désobéissance civile (de Wetteren) est un appel à résister à cette situation. Les activistes sont les premiers défenseurs d’une démocratie qui a besoin que tout un chacun nous devenions capables de poser des questions qui nous concernent, qui concernent l’avenir commun ». Isabelle Stengers, Témoignage au Tribunal de Termonde, 2013]], le risque, la réussite et l’échec… une manière active de faire confiance…
Nous sommes indignés ? Engageons-nous !
Le bien-être de la société doit être vu comme bénéfique aux individus et donc (aussi) comme un but personnel et non du seul collectif[[Robert Hinde, La revue durable n°48, 2013]]. En animant la vie collective, en devenant citoyen, en faisant vivre la participation démocratique… En tout lieu de créativité sociale et politique.