Vu l’absence de prédateurs naturels pour le grand gibier, la chasse est devenue une activité de régulation nécessaire. Mais trop peu de chasseurs assument ce rôle de gestionnaire des écosystèmes et trop de sociétés de chasse poursuivent principalement des objectifs économiques via l’offre du trophée facile et du plaisir de tuer.

La forêt wallonne souffre d’une surdensité de grand gibier, ce qui est néfaste pour la biodiversité (surtout les sangliers) et la sylviculture (surtout les cervidés). Des prélèvements insuffisants, d’une part, et le nourrissage artificiel, d’autre part, accentuent ce problème de déséquilibre entre les populations de grands gibiers et les capacités d’accueil des biotopes.

Le petit gibier souffre, lui, d’un manque d’habitats à cause de l’agriculture intensive. Certaines espèces de gibiers sont menacées.

Le lâcher de gibier jusqu’un mois avant l’ouverture de la chasse pose un problème éthique mais contribue également aux déséquilibres au sein des écosystèmes forestier et agricole.

La Déclaration de Politique Régionale contient une série les mesures correctrices nécessaires mais face au lobby dominant parmi les chasseurs les décisions tardent à être prises.

Contexte

La chasse comporte deux enjeux différents : celui de l’éthique et celui de la gestion de la biodiversité ; l’Homme étant un prédateur dans un écosystème.

En matière d’éthique et de chasse, on trouve des indications intéressantes auprès de nos voisins grand-ducaux : Le Conseil d’Etat luxembourgeois se pose la question de la place que la chasse récréative peut prendre dans un contexte ou « L’objectif de la Constitution est la protection de l’environnement, la réalisation d’un équilibre entre la conservation de la nature et la satisfaction des besoins de l’être humain étant le moyen par lequel l’Etat, en particulier au niveau du pouvoir législatif, doit mettre en œuvre cet objectif (…). Le texte requiert une mise en balance entre la conservation de la nature et la satisfaction des besoins de l’être humain. » (Extraits page 33). Suivant l’exégèse proposée, la réglementation de l’exercice du droit de chasse devra être définie par les exigences concernant la conservation et l’équilibre de la nature et plus particulièrement des populations animales, par la nécessité du maintien ou du rétablissement d’un équilibre agro-cynégétique et par les attentes de la société civile en termes d’éthique, de loisirs paisibles et de sécurité. L’Etat a l’obligation de veiller à rééquilibrer les formes d’usage de la nature entre ses multiples utilisateurs en tenant compte des importances relatives de chacun ». La Haute Corporation se demande s’il reste opportun d’appréhender l’exercice du droit de chasse en tant que droit individuel ou si cet exercice ne devient pas plutôt une mission d’intérêt général qui devra être exercée sous contrôle étatique. Le Conseil d’Etat critique le fait que le texte de la future loi ne va pas jusqu’au bout de cette logique, mais qu’il reste dans la logique du droit individuel soumis à certaines restrictions. Il va même plus loin en disant qu’« Il considère que la nouvelle législation sur la chasse devra prendre en considération l’impact considérable de l’exercice de la chasse sur l’équilibre physiologique et énergétique des animaux et notamment en ce qui concerne la durée de la période de chasse, le nombre d’espèces chassables ou les modes de chasse. ».

Ecolo a mis plus l’accent sur l’enjeu de la gestion de la biodiversité. « Pour Ecolo, la pratique de la chasse est une activité légitime, dès lors qu’elle se pratique dans le souci d’assurer l’équilibre forêt-gibier et avec une volonté de restauration et de gestion des habitats (tant en plaine qu’en forêt) en faveur de la biodiversité. La gestion des territoires de chasse doit se mener de manière intégrée avec tous les acteurs concernés. Ecolo est ainsi favorable à l’intégration accrue des différents acteurs de la ruralité dans la gestion des conseils cynégétiques. Ceux-ci doivent couvrir l’ensemble du territoire wallon et devenir des acteurs importants de la gestion de la faune et de la restauration des habitats naturels.
Les pratiques de nourrissage doivent à terme être abandonnées au profit de la qualité des milieux naturels. Elles doivent dès aujourd’hui être limitées dans le temps et l’espace sur base de critères objectifs de gestion de la faune. En outre, la lutte contre la surdensité de gibier doit devenir une priorité pour garantir un avenir durable à la forêt. Cette surdensité entrave en effet la régénération forestière et nuit à la diversité biologique des sous-bois. Enfin, Ecolo est favorable à l’interdiction des lâchers de gibier et à la suppression définitive du plomb dans les munitions de chasse et ce, pour tous les gibiers. ».

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