Le week-end du 19 au 21 novembre les Verts allemands se sont réunis en conférence
fédérale des délégués (Bundesdelegiertenkonferenz – BDK) à Fribourg dans le Land de
Bade-Wurtemberg. 715 délégués représentant les 51.400 membres du plus gros parti vert
du monde y ont reconduit les mandats de leurs co-présidents dans une ambiance
euphorique gonflée par des sondages qui depuis plusieurs mois les placent au-dessus
de la barre des 20%, non loin des sociaux-démocrates du SPD. Dès l’an prochain, pour la
première fois dans l’histoire de l’Allemagne, un Land aussi grand que le Bade-
Würtemberg ou Berlin pourrait être dirigé par un écologiste. Comment expliquer une
telle lune de miel avec l’opinion, est-elle durable et quelles conclusions peut-on en tirer
pour les autres partis verts européens ?
Ces sondages demandent certes à être confirmés par des scrutins en bonne et due forme.
Mais ils donnent le tournis aux Grünen qui s’efforcent de rester les pieds sur terre. En
hausse constante depuis un an, soit depuis le démarrage de la coalition chrétiennedémocrate/
libérale au niveau fédéral, les Verts ont franchi au milieu de 2010 la barre des 20
% des intentions de vote, alors qu’ils n’avaient recueilli « que » 10,7% lors de l’élection
fédérale du 27 septembre 2009. En octobre et novembre, certains sondages les ont même
placés tout juste devant le SPD, une première absolue dans ce pays où la social-démocratie
européenne a connu quelques unes de ses plus belles heures gloires avec des chanceliers
comme Willy Brandt ou Helmut Schmidt. La tendance à la hausse confirme dans tous les
Länder, en ce compris dans les Länder de l’Est.
Le 27 mars 2011, les élections dans le Bade-Wurtemberg pourraient bien envoyer Winfried
Kretschmann à la ministre-présidence d’un des états les plus riches d’Allemagne (des
entreprises comme Mercedes, Porsche, Bosch y sont implantées). Les sondages y annoncent
les Verts au-delà de 25%. Ceux-ci y feraient une coalition avec le SPD, la CDU étant
renvoyée dans l’opposition. Un scénario comparable se profile à Berlin où des élections
auront lieu au mois de septembre. Les Verts y sont crédités de près de 30%, loin devant
tous les autres partis. L’ancienne ministre fédérale de l’agriculture Renate Künast pourrait
donc diriger la capitale allemande… ce qui serait un fameux symbole et ne resterait pas
sans impact sur la politique fédérale même si les élections à ce niveau sont encore loin
(2013 en principe).
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