Les habitants des régions tempérées ont l’impression de revivre
lorsque réapparaissent les journées longues et ensoleillées du printemps.
Dans le désert africain, l’acacia est baptisé « le parasol du désert » ;
car là bas, il est vital, au contraire, de trouver de l’ombre.
Astre source de vie
Toute vie sur Terre dépend du soleil. Il nous éclaire, nous réchauffe et nous nourrit. Lorsque cette étoile s’éteindra ce sera la fin de notre monde.
Le besoin de soleil des êtres humains est physiologique, mais aussi psychologique. Ils y trouvent une source de communion sociale.
Nombreux sont les peuples qui célébrèrent un culte de l’astre divin. Le retour des solstices rythme les rituels. Le soleil est symbole de renaissance à la vie, de joie, de plénitude, de pouvoir. Les colorations du soleil couchant inspirent les peintres et les poètes. L’astre levant est porteur d’espérance…
Est-ce pour ces raisons que l’ombre portée par une construction nouvelle est un souci prioritaire pour les voisins ?
Il faut reconnaître que c’est souvent à juste titre … mais pas toujours ! Les demandeurs minimisent l’impact de leur projet (par exemple en montrant un graphique de l’ombre portée au seul solstice d’été !). Les voisins dramatisent (jusqu’à oublier parfois que les rayons du soleil ne proviennent jamais du nord !). Il appartient au pouvoir public de faire la part des choses, en imposant des conditions à la délivrance du permis d’urbanisme si cela parait objectivement nécessaire.
Energie de l’espoir
Je me souviens de ma première découverte de l’énergie solaire en Catalogne française, dans les années 80 : le four parabolique de Font Romeu qui concentre en son foyer une énergie capable de fondre des métaux à plus de 1000°. De telles images ont pendant longtemps fait croire que l’exploitation de l’énergie solaire était réservée à des usages de haute technologie sous des climats privilégiés.
On a fait bien du chemin depuis ! L’exploitation de l’énergie solaire s’est en effet généralisée à des usages de plus en plus quotidiens et diffusés dans le monde entier. Essayons d’en évoquer la diversité.
L’architecture exploite de plus en plus habilement l’énergie solaire passive, tout en protégeant les bâtiments des trop fortes chaleurs intérieures.
Larges baies vitrées, terrasses et patios se multiplient. Des balcons en « serres solaires » sont prévus dans le projet de logements de la Régie foncière de la rue de la Pêcherie. Des habiles surplombs préservent de l’ensoleillement excessif de l’été les vastes baies ouvertes sur le jardin d’une des maisons primées lors du prix ucclois d’architecture contemporaine de 2006.
L’énergie solaire est utilisée pour produire de la chaleur (capteurs thermiques) ou de l’électricité (panneaux photovoltaïques) avec un rendement énergétique meilleur dans le premier cas.
Le plus souvent fixes sur les toits et les façades des bâtiments, les capteurs peuvent aussi être mobiles et donc capables de suivre le soleil dans sa course diurne.
La Région bruxelloise octroie des primes pour ce type d’installation. En 2003, j’ai proposé au conseil l’instauration d’une prime communale complémentaire. Des Ucclois de plus en plus nombreux se montrent intéressés.
Le chauffage solaire des eaux sanitaires (et des piscines) s’est développé en premier. Ces installations permettent de réelles économies.
La Région bruxelloise a organisé une formation de professionnels pour les systèmes solaires thermiques.
En matière photovoltaïque, le potentiel de surfaces disponibles en milieu urbain est considérable grâce aux toits et aux façades des bâtiments ! L’investissement en photovoltaïque est certes plus coûteux, mais il diminuera avec la progression de la demande. Déjà aujourd’hui, il peut être amorti en moins de 10 ans.
L’exemple de la ville allemande de Fribourg commence à faire tache d’huile. Mais la Belgique est encore très en retard par rapport à l’Allemagne (où cette industrie, avec ses 6 millions de m_ procure de l’emploi à 60.000 personnes) !
Quelques belles initiatives belges méritent cependant d’être épinglées :
Une grande campagne d’information a été lancée en Région bruxelloise suivie d’un accroissement considérable des demandes de primes. De son côté la Wallonie, où la demande explose avec un nombre d’emplois créés croissant, a renforcé en 2008 son soutien au développement du photovoltaïque par de nouveaux incitants aux particuliers (supprimés en 2009 au profit de l’encouragement à l’isolation des bâtiments !).
En exécution de la décision du Conseil des Ministres du 18 mars 2007, la Régie fédérale des Bâtiments met à disposition une surface de 30.000m_ de toitures pour l’installation de
panneaux solaires photovoltaïques. Un appel a été lancé aux candidats concessionnaires qui peuvent remettre leur offre jusqu’au début du mois de septembre. Les conventions seront conclues pour une durée de 20 ans. Les coûts de l’investissement sont à charge du concessionnaire lauréat. Les profits générés sous forme d’électricité verte revendue sur le réseau lui reviendront.
Un immeuble de bureau en cours de construction, le « Solaris » à Uccle, chaussée de la Hulpe, lance une nouvelle génération de bureaux à basse consommation d’énergie qui mise sur le solaire et le géothermique. Un exemple parmi d’autres du rôle que peuvent jouer les promoteurs en matière de développement durable.
L’impact environnemental des panneaux photovoltaïques ne doit pas être négligé dans l’estimation du potentiel de cette énergie alternative renouvelable.
Le silicium dont sont constituées les cellules photovoltaïques est extrait de la silice, le matériau le plus abondant dans l’écorce terrestre. Mais cette extraction ne peut se faire qu’à de très hautes températures. Le bilan énergétique est cependant très satisfaisant : un panneau photovoltaïque produit en 2 ans la quantité d’énergie nécessaire à sa fabrication et sa durée de vie peut aller jusqu’à 30 ans. Par ailleurs, une fois en place, il ne génère aucune pollution ; et, lorsqu’il est usé, il est entièrement recyclable.
Par ailleurs, la recherche est très prometteuse en matière de cellules solaires composées de semi-conducteurs organiques dont la fabrication implique un coût environnemental et financier beaucoup moins élevé. A quand les bâtiments recouverts d’une peinture photovoltaïque ?
Une grande variété d’appareils solaires sont disponibles sur le marché en Occident : pour l’éclairage public, le contrôle des vitesses automobiles, les lampes de poche, les calculettes…
Les pompes solaires et les panneaux photovoltaïques se multiplient progressivement dans les pays du « Sud ».
J’ai vu récemment en Afrique sahélienne, des panneaux photovoltaïques implantés au profit de collectivités paysannes locales par une intelligente coopération au développement (se pose cependant le problème d’un bon entretien des installations !). Des fours solaires permettent d’économiser le charbon de bois à Madagascar.
Des voitures solaires sont en cours d’expérimentation.
C’est une technologie beaucoup plus prometteuse pour l’avenir que celle des voitures électriques classiques dont la batterie doit être chargée avec de l’électricité préalablement produite.
La ville solaire d’Arcosanti en Arizona (une cité laboratoire en cours de réalisation) et les centrales thermiques solaires du Sahara (un ambitieux projet privé) et de Chine préfigurent-elles l’avenir ?
Sous la forme du rayonnement direct ou diffus,
l’énergie solaire s’avère aujourd’hui une ressource aux immenses potentialités, propre et gratuite à la consommation.
Un jour le soleil s’éteindra, c’est le destin de toutes les étoiles.
Mais nous avons le temps !