Uccle a la grande chance d’être bordée par le plus remarquable des espaces verts bruxellois : une superbe hêtraie protégée dont la plantation remonte à la période de domination autrichienne dans nos régions. Bon nombre de citadins européens envient les Bruxellois d’avoir une si vaste forêt aux portes de leur ville.

Ce massif forestier s’étend à cheval sur les trois Régions de Belgique (ce qui ne va pas sans compliquer sa gestion). Il remplit une triple fonction : écologique, économique et sociale.

Il ne s’agit évidemment plus d’une forêt « naturelle ». Cette dernière, qui s’était spontanément développée en équilibre avec les conditions de climat et de sol, était une chênaie avec un sous bois diversifié. Il est encore possible d’en observer quelques vestiges aujourd’hui.

La gestion forestière vise à concilier exploitation du bois, repeuplement et protection. La Région bruxelloise s’efforce aujourd’hui de passer progressivement d’une monoculture du hêtre avec sous bois clairsemé à plus de biodiversité. La forêt en deviendra plus riche et moins fragile.

La question se pose d’autant plus que beaucoup des hêtres présentent aujourd’hui des symptômes inquiétants de défoliation au niveau des cimes et de cicatrices sur les troncs (portes ouvertes aux parasites) ; une dégradation qui serait due au stress hydrique induit par le réchauffement climatique, et qui menace donc à moyen terme l’avenir de la « hêtraie cathédrale » (au bénéfice d’autres espèces plus méridionales).

Ce projet d’abattage de plusieurs hectares de hêtres suscite la vive contestation de ceux pour qui la hêtraie, en tant que patrimoine classé irremplaçable, a une valeur historique et esthétique qui justifie son maintien dans son état actuel. Un débat où s’opposent deux visions : celle d’un avenir mieux assuré à long terme et celle d’une protection radicale d’un héritage du passé.

J’ai personnellement tendance à me ranger du côté de ceux qui préparent l’avenir !

La gestion de la forêt ne relève pas des pouvoirs communaux. Ceux-ci sont cependant concernés par l’exigence de respecter une zone de servitude périphérique imposée par le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol).

Aucune construction n’est autorisable dans les 60m qui bordent la forêt (marge réduite à 30m dans des conditions strictement définies).

Dans le cas de Uccle, cette servitude pose le problème des demandes de permis d’urbanisme qui concernent les terrains bordant la chaussée de Waterloo du côté opposé à la forêt. Le PRAS impose un recul aux constructions nouvelles, dont la raison d’être apparaît contestable étant données les nuisances engendrées par le trafic sur la chaussée. La Commune avait demandé que le PRAS tienne compte de cette situation particulière ; elle n’a pas obtenu satisfaction.

Les Ucclois sont aussi concernés par l’accessibilité de l’espace forestier au public et les règles qui assurent sa protection.

Pour la partie bruxelloise, celles-ci sont déterminées par l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement). Un autre conflit de valeurs oppose les usagers, désireux de pouvoir s’ébattre en toute liberté dans la forêt, aux défenseurs de son intégrité biologique. C’est pourquoi l’IBGE a initié la « Plate-forme participative de la Forêt de Soignes » dans le but de systématiser le dialogue entre gestionnaires et usagers de la forêt.

La question se pose notamment du respect des « zones naturelles » protégées (récemment étendues à 1/3 de la superficie) ; et aussi du ramassage du bois mort. Ce dernier constitue un refuge pour un très grand nombre d’espèces animales et végétales. Pour mieux préserver cette biodiversité, l’IBGE a décidé de laisser désormais en place les chablis.

Les modalités de circulation doivent également être régulées : traversées automobiles strictement limitées, itinéraires cavaliers et cyclistes distincts, sentiers réservés aux piétons, libres ébats des chiens interdits.

« Soignes » est pour Bruxelles un joyau (écologique et social)

que beaucoup de capitales nous envient !

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