« Politicien ». Voilà bien un mot que je n’aime pas !


Je regrette qu’il soit très couramment utilisé pour désigner ceux qui ont fait le choix d’un engagement au service de la « chose publique ». D’autres termes sont pourtant possibles : « élus », « édiles », « mandataires publics », « responsables politiques », « hommes – et femmes – politiques »…

Je perçois en effet dans le mot « politicien » une nuance péjorative implicite. Surtout lorsqu’il est employé comme adjectif : « pratiques politiciennes ». Des connotations négatives, plus ou moins conscientes, y sont associées : langue de bois, clientélisme, soif de pouvoir, corruption,… et j’en passe. Le dictionnaire cite même l’expression de « politicien véreux » !

Remarquons qu’il existe en français courant un mot peut-être encore plus péjoratif : « politicard » ; il est moins utilisé et je ne sais comment il convient de l’écrire !

Une manière non « politicienne » de faire de la politique

Concevoir la politique comme une joute perpétuelle pour le pouvoir, échafauder des stratégies pour tromper et vaincre l’adversaire, privilégier l’électoralisme dans son action, entretenir des rivalités « corses » entre candidats d’un même parti … autant de pratiques que je désapprouve.

Au-delà de cette « politique politicienne » l’idéal dont je rêve est un engagement politique au sens noble du terme : une politique résolument « civique » au service de la collectivité, incarnée par des élus responsables, animés d’un engagement sincère, et pour qui la fin ne justifie pas l’emploi de moyens contraires aux valeurs qu’ils défendent.

Quoi qu’en disent tous les poujadistes, je crois qu’il existe

de nombreux hommes et femmes politiques qui partagent cet idéal.

La politique est-elle un « métier » ?

Parmi les élus, nombreux sont ceux qui cherchent à « faire carrière » en politique. Pas seulement pour les avantages matériels qu’ils en retirent.

Chez certains et pour des causes diverses, la politique devient leur raison de vivre ; une fois qu’ils y ont goûté ils ne peuvent plus s’en passer. C’est ce qui explique toutes les dérives de l’électoralisme.

Le parti Ecolo s’est doté de statuts qui visent à se préserver des tentations carriéristes. Après deux mandats successifs dans une même fonction, l’élu Ecolo ne peut rempiler que s’il obtient une dérogation de la part de l’assemblée militante concernée.

Une règle dure, qui peut avoir l’effet pervers de priver le parti de l’expérience bien utile des élus chevronnés ; mais qui assure le renouvellement possible de ses forces militantes conforme aux valeurs démocratiques qu’il défend.

Dans mon cas, comme dans celui de bien des mandataires issus tardivement de la société civile, l’engagement dans un parti politique est un moyen d’action, parmi d’autres, au service d’un projet de société. Beaucoup plus qu’une passion.

Se pose d’ailleurs la question de cerner le sens du mot « politique » Son étymologie grecque (de « polis ») rejoint celle, latine, du mot citoyen (« de la cité »). Elle témoigne simplement d’une référence à la collectivité. D’où l’idée importante que l’on peut mener une action « politique » autrement que par le militantisme au sein d’un parti.

Le vaste champ du politique

Les milieux associatifs (et dans une moindre mesure le monde syndical) se déclarent « apolitiques ». Je pense que c’est à tort. Car l’expression est malheureuse pour des citoyens engagés dans un combat qui est éminemment « politique » au sens large du terme. Disons plutôt qu’ils s’affirment « sans affiliation partisane officielle».

Ne pas faire de politique, c’est se désintéresser des questions relatives à la gestion commune de la cité. C’est accepter le monde tel qu’il est sans vouloir le changer. C’est aussi laisser faire, sans contrôler leur action, ceux qui détiennent le pouvoir.

Je crois que c’est la lecture du journal l’Express des années 60 qui a éveillé ma conscience politique d’adulte. De l’opposition à la guerre du Vietnam il n’y avait qu’un pas à franchir pour se sentir « de gauche ». Un pas qui m’a conduite à une étude approfondie des méthodes non-violentes d’action politique ; tout le contraire d’un pacifisme bêlant !

Antimilitarisme, anticolonialisme et tiersmondisme, relativisme culturel et combat contre le racisme, refus de l’ « économisme », remises en question féministes et participation aux collectifs d’enseignants sont les fondements idéologiques de mon parcours politique personnel. Un cheminement qui m’a logiquement conduite à l’écologie politique, dans la globalité de sa triple dimension environnementale, sociale et économique.

En définitive, ne devrait-on pas considérer que la plupart de nos comportements,

de nos engagements comme de nos refus d’engagement,

ont une portée « politique » ?

Se désintéresser de la politique c’est oublier ce qui fait la grandeur de l’homme :

sa capacité d’assumer sa part de responsabilité personnelle

dans les réalités du monde d’aujourd’hui

et dans la perspective de la construction de celui de demain.

En définitive, ne devrait-on pas considérer que la plupart de nos comportements,
de nos engagements comme de nos refus d’engagement, ont une portée « politique » ?
Se désintéresser de la politique c’est oublier ce qui fait la grandeur de l’homme : sa capacité d’assumer sa part de responsabilité personnelle dans les réalités du monde d’aujourd’hui et dans la perspective de la construction de celui de demain.

« Ce qui distingue un politicien d’un homme politique,
c’est que le politicien se préoccupe de la prochaine élection,
l’homme politique de la prochaine génération. »


(Jean-Marc Nollet)

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