Un quartier ucclois en croissance depuis les années 70
Ce quartier ucclois de la basse vallée de la Senne a connu une croissance démographique relativement récente en raison de nombreux projets privés de promotion immobilière. Ce développement urbanistique (où prédominent les maisons unifamiliales) s’inscrit dans le cadre de la basse vallée du Geleytsbeek et de l’espace vert du Keyembempt (récemment réaménagé par l’Institut bruxellois de l’environnement et dont il est question dans le chapitre « Calevoet »).
Ce développement urbanistique présente l’intérêt d’une offre supplémentaire, fort bienvenue à Uccle, de logements sociaux et moyens.
Une cité sociale
Le nom du Melkriek évoque surtout la cité de logements sociaux qui y fut construite dans les années 70. Cette cité sociale de plus de 200 logements a été construite par la Société Uccloise du Logement (S.U.L). Inspirée du concept de « cité-jardin », elle n’a cependant pas le charme de celles, beaucoup plus anciennes, de Watermael-Boitsfort ; mais les maisons ont été dotées d’un confort moderne que n’avaient pas celles des cités de Floréal et du Logis.
Un nouveau projet public récent
La S.U.L était encore propriétaire d’un terrain de plus d’1ha, tout proche de la cité sociale, affecté par le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol) en terrain à bâtir pour une très large part. Elle a donc décidé, en début de législature 2000-06, d’y construire une trentaine de logements sociaux supplémentaires.
L’exemple de ce projet public de logement est intéressant parce qu’il témoigne des difficultés rencontrées lorsqu’il s’agit de passer du stade de la décision politique à celui de la concrétisation. Difficultés dues aux exigences de procédure à respecter qui allongent les délais ; mais aussi à la réticence fréquente des habitants face à la perspective d’une mixité sociale accrue dans leur quartier.
Le moins que l’on puisse dire est que ce projet public s’est heurté à de vives réticences des riverains. Non pas les locataires de la cité sociale voisine ; mais les habitants des immeubles privés (de construction récente) faisant face au terrain en question.
Le terrain est une parcelle humide, recouverte aux deux tiers par un petit bois, qui abrite des terriers de renards. Et il est à peine exagéré de dire que ce charmant petit animal – par ailleurs décrié par certains habitants des beaux quartiers en raison de son intérêt pour les poubelles – est devenu le symbole de la mobilisation riveraine pour la défense de « leur petit bois ».
L’émoi fut très vif à l’annonce d’un projet de construction de logements sociaux sur ce terrain. Défense de leur environnement proche et craintes de l’arrivée d’une population dont l’image est négative se sont spontanément imbriquées dans leur esprit.
La première réaction des copropriétaires des immeubles d’en face fut de faire circuler une pétition ; et d’interpeller les représentants Ecolo communaux, régionaux et fédéraux dans l’espoir qu’ils incitent la présidente Ecolo de la S.U.L à renoncer à ce projet. Espoir déçu !
Suite à l’appel d’offre lancé pour un marché public de service, la S.U.L, avait pourtant pris l’initiative d’une réunion publique dès la fin 2002, où les candidats architectes et les riverains avaient eu l’occasion d’un premier dialogue permettant aux habitants d’exprimer leurs préoccupations.
Un jury indépendant (de 9 membres dont 6 architectes) a sélectionné (parmi les 9 avant-projets présentés de manière anonyme) celui d’un ensemble de 10 maisons et 24 appartements, de gabarit modéré, concentré dans la partie ouest de la parcelle, de part et d’autre d’une nouvelle voirie à aménager.
La qualité du projet retenu est d’abord écologique : préservation de la majeure partie de l’espace vert ; économie de construction, d’énergie et de gestion. Il est également intéressant du point de vue urbanistique : comme l’a fort bien dit l’architecte Pierre Blondel, il se propose de « recoudre le tissu urbain à partir des éléments existants pour donner une lecture plus évidente des espaces ».
La demande de la S.U.L fut mise à l’enquête publique à deux reprises au printemps 2005 : d’abord pour le projet de logements proprement dit puis pour la modification de voirie nécessaire à son implantation (tout en préservant le sentier piéton vicinal existant).
La contestation demeura vive. L’amputation d’une partie du petit bois suscita une déception, à la mesure du grand attachement des habitants des immeubles existants pour ce paysage vert qui rythme les saisons.
Il est vrai que j’avais répondu par lettre à leur inquiétude en octobre 2003, en promettant, en toute bonne foi, que le bois serait épargné. L’intention de préserver la partie boisée du terrain constructible était bien celle de la S.U.L ; mais, après l’adaptation du projet au tracé de la nouvelle voirie, il s’est avéré nécessaire de prévoir l’abattage d’une petite partie (15 ares) réduisant la surface boisée aux 8/10è de celle existante. Ce qui est beaucoup moins que ce qu’autorisait le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol) !
Les arguments des voisins contestataires portèrent également sur la circulation et le stationnement. Ils mirent aussi en évidence le risque d’inondation (ce dont il fut tenu compte dans l’avis rendu par la commission de concertation).
Pour des motifs qui ne nous ont pas été expliqués, le permis d’urbanisme ne fut pas délivré par la Région avant la fin de l’année 2006. La construction n’a donc pu commencer que sous la nouvelle législature (en 2008) après l’exécution des travaux de voirie par la Commune. Le chantier est en bonne voie d’achèvement et l’ensemble du bâti confirme les qualités du projet qui a été retenu par la majorité arc-en-ciel précédente.
Huit années ont été nécessaires pour mener à bien ce projet social !
Chacun s’accordait pourtant à penser qu’il y avait urgence…