« Liberté, liberté chérie ! »

Dans la hiérarchie des valeurs occidentales la Liberté prend souvent la première place.


Doit-on y voir une commune aspiration à une mort définitive de tous les régimes totalitaires ? Oui, probablement. Car dans l’idée de liberté il y a d’abord l’idéal d’un respect des droits de l’homme tels qu’ils ont été définis dans la déclaration universelle de 1948. Et les camps de concentration, de sinistre mémoire, sont devenus le symbole de la négation la plus absolue des libertés individuelles et collectives.

Liberté de pensée, liberté d’expression, liberté d’association, sont autant de droits qui fondent nos sociétés démocratiques. Mais cette forme de liberté doit-elle pour autant être prise pour une valeur qui prime sur toutes les autres ?

Le problème peut se poser au niveau communal.
_ Nos débats au Collège ont quelquefois porté sur le contenu du texte présenté par le groupe d’opposition de Stéphane de Lobkowicz pour la page réservée à cet effet dans le journal communal. Devait-on accepter la publication de déformations manifestes de la réalité des faits ; ou d’allusions ad hominem plus ou moins perfides ? La réponse n’était pas évidente. Il fallut en débattre, au cas par cas ; jusqu’à la décision d’envoyer un courrier, officiellement adressé par le Bourgmestre, précisant des règles d’éthique à respecter.

D’un point de vue plus général, je constate que la question se pose régulièrement de savoir quelles sont les limites du droit à la libre expression de ceux qui s’en revendiquent tout en défendant des idées jugées intégristes, racistes ou liberticides.

Dans le contexte d’un conflit récent interne à l’ULB (à propos de l’interdiction d’un débat offrant une tribune à Tariq Ramadan, un penseur théologien de l’islam) un de nos plus jeunes conseillers communaux ucclois s’est exprimé dans une « carte blanche » du Soir en soulignant que « la liberté n’est pas une valeur suffisante à la construction d’une société juste si ses corollaires de respect, d’égalité, d’humanisme et de solidarité sont bafoués ». Sous la plume d’un élu libéral, une telle déclaration peut peut-être surprendre ; elle n’en a que plus de mérite !

Par contre, une autre question est trop rarement posée : la revendication de la liberté en matière économique (liberté d’entreprendre, liberté des échanges, libre jeu du marché et liberté de spéculer…), seconde facette de l’idéal contemporain de liberté, est-elle compatible avec la défense d’autres valeurs qui nous sont chères ? A commencer par celles de justice sociale et de solidarité.

La gauche et la droite traditionnelles se distinguent du point de vue de leur conception de cette forme de liberté. La gauche se méfie de la liberté économique revendiquée par la droite ; la droite pense que les inégalités sont inévitables et que l’idéal d’égalité de la gauche se paye d’un trop grand sacrifice de la liberté.

Enfin, une troisième question ne doit-elle pas être posée ? Que devient le bel idéal de Liberté si l’exercice de certaines libertés n’est accessible qu’à une minorité ? Quand une liberté octroyée légalement n’est en réalité effective que pour certains, ce n’est plus de liberté dont il est question mais de privilège.

Liberté de se déplacer, liberté d’entreprendre, liberté d’investir, liberté de presse … en sont quelques exemples parmi d’autres. Qui a dit que la liberté c’est bon pour ceux qui sont forts et que c’est la loi qui protège les faibles ?

Trois questions fondamentales.

Trois domaines d’action auxquels nous sommes confrontés,

et ce à tous les niveaux de pouvoir.

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