La première démarche que l’on m’a demandé de faire, en tant que conseillère communale uccloise, fut d’intervenir auprès de l’échevin concerné pour que soit sécurisée la migration printanière des batraciens avenue J. Pastuur. Un problème que d’aucuns considèreront comme mineur mais qui prend toute son actualité dans le cadre de la biodiversité aujourd’hui menacée.

L’idée d’inscrire ce mot dans mon abécédaire ne vient pourtant pas de là. Mais bien de l’image de la grenouille qui m’a frappée dans le célèbre film sur Al Gore (« Une vérité qui dérange ») consacré au réchauffement climatique.

Si vous plongez une grenouille dans de l’eau bouillante,

elle aura le réflexe immédiat de se sauver en sautant hors du pot.

Si vous la mettez dans de l’eau froide que vous réchauffez progressivement,

elle se laissera mourir… faute d’avoir perçu le danger à temps !

L’évolution progressive des changements climatiques planétaires sous l’impact des activités humaines risque de nous mettre dans la situation de la seconde de ces grenouilles. Devons-nous souhaiter quelques nouvelles catastrophes naturelles aux conséquences spectaculaires pour que ces signaux avertisseurs réveillent nos consciences collectives ?

Ce « paradoxe de la grenouille » est familier des spécialistes en gestion des ressources humaines (GRH). Il nous renvoie à la problématique générale du changement. Seul un regard neuf posé sur une situation ou une institution peut être, nous dit-on, un véritable moteur de changement. Car une fois qu’il est bien intégré dans une fonction au sein d’une entreprise, l’employé perd sa capacité de remise en question. Devenu l’un des rouages nécessaires de l’institution, il est plus ou moins consciemment porté à promouvoir le maintien du statu quo.

Dans une telle perspective, et contrairement à ce que j’ai écrit à propos du mot « compétence », le renouvellement des échevins m’apparaît comme plutôt salutaire !

Si l’on en revient au risque (évoqué plus haut) encouru par les batraciens en migration printanière, il faut souligner une dernière raison d’avoir épinglé le mot « grenouille » dans cet abécédaire : les spécialistes font aujourd’hui le constat alarmant d’une décroissance rapide des amphibiens depuis les années 1960.

Plusieurs facteurs peuvent être mis en cause ; mais, parce qu’elle est particulièrement sensible à de très faibles modifications de la composition et de la qualité de l’eau, la grenouille est un très bon indicateur du degré de pollution des milieux aquatiques.

Quant aux cuisses de grenouilles de la cuisine française,

j’aime à croire que la pratique barbare de l’arrachage des pattes

est bien aujourd’hui interdite !

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