« Ethique » et « Morale »

J’ai toujours eu du mal à distinguer les sens de ces deux mots.


Pour certains ils sont synonymes, le premier venant du grec et le second du latin, avec une connotation devenue péjorative du second (« moralisant »).

D’autres font une distinction philosophique. La morale est un ensemble de règles qui font consensus au sein d’une communauté ; contre lesquelles certains ont cependant envie de s’insurger. L’éthique serait alors une réflexion philosophique sur la morale. D’où vient-elle ? Pourquoi définit-elle le bien et le mal de cette manière ? Elle nous conduit, au terme d’une recherche personnelle, à nous positionner en référence à notre conscience.

Ces définitions ne m’aident pas beaucoup dans le choix du mot qui convient le mieux pour parler des règles de comportement qui devraient s’imposer en politique. Va pour « l’éthique » puisque c’est le terme le plus généralement utilisé.

Un thème combien d’actualité et auquel il est indispensable d’accorder la priorité si l’on veut réconcilier les citoyens avec le politique !

Bonne gouvernance

L’éthique en politique ce sont d’abord des exigences élémentaires en matière de « bonne gouvernance ». Compétence, intégrité, transparence me semblent être les maîtres mots. Mais aussi comportement en adéquation avec les valeurs que l’on défend… La fin ne justifie pas les moyens ; il devrait être inutile de le rappeler !

Démocratie plus participative

L’éthique c’est aussi la possibilité d’établir de nouveaux types de liens entre gouvernants et gouvernés. Donc la mise en pratique d’une démocratie plus participative comme le revendiquent aujourd’hui les associations citoyennes. Non pas pour se substituer à la démocratie représentative mais pour améliorer les processus de la prise de décision.

Le moins que l’on puisse dire est que ce n’est pas encore entré dans la pratique traditionnelle de la gestion communale uccloise. Je me suis heurtée à de lourdes pesanteurs à cet égard qui ont entravé le changement auquel j’aspirais.

Intérêt général

C’est également porter des projets politiques de qualité au service d’un intérêt collectif à long terme. Transcender la défense des intérêts particuliers de ceux à qui vous devez votre élection n’est pas facile. Difficile aussi de prendre, aujourd’hui, des décisions impopulaires qui s’imposent cependant pour l’avenir.

On peut aussi ranger dans cet ordre de préoccupation les placements financiers « éthiques » ; le groupe Ecolo en a fait la demande dans sa critique du budget présenté par le Collège ucclois pour 2007.

Refus des privilèges

L’éthique, en politique, c’est enfin le refus, de principe, d’accorder aux uns des privilèges dont ne bénéficient pas les autres.

C’est le refus de la pratique courante du « piston politique ». L’exigence du respect des lois doit être la même pour tous ; de même que l’imposition des sanctions par le pouvoir judiciaire.

La fameuse « tolérance zéro », cheval de bataille du nouveau bourgmestre ucclois, n’est acceptable que si elle s’applique à toutes les formes de délinquance, y compris la grande fraude fiscale et les manquements graves au code de la route !

Ethique et législation

Il y a par ailleurs les domaines de préoccupation sociétale qui relèvent de « l’éthique ». Par exemple l’avortement, l’euthanasie, les droits des homosexuels, la procréation assistée, les manipulations génétiques, la peine de mort…

Ces questions ont fait l’objet de débats passionnés au niveau fédéral ; elles n’interfèrent généralement pas dans la gestion d’une commune.

Cependant, bien qu’il soit généralement admis que chaque élu est libre d’avoir sa propre opinion sur les questions éthiques, certains partis affirment des convictions qui peuvent retentir sur le résultat des élections communales. J’ai un jour reçu un courrier d’un citoyen ucclois m’informant qu’il ne pourrait plus voter Ecolo étant donnée la prise de position du parti en faveur de l’adoption par les couples homosexuels.

Mai 68 nous a rendus beaucoup plus libres de nos choix éthiques personnels. Mais notre conception du bien et du mal demeure, inévitablement, influencée par le droit en vigueur dans la société où nous avons grandi. Il existe une relation dialectique entre le droit et la morale.

Elle justifie à mes yeux l’exigence d’une remise en question d’un cadre législatif traditionnel profondément marqué par le discours moral de l’Eglise catholique, qu’il n’apparaît plus légitime de vouloir imposer à tous aujourd’hui.

Une exigence éthique fondamentale : celle de la recherche du compromis nécessaire entre souci de l’intérêt général et respect de la liberté individuelle.

Ce qui est bien le propre, et la difficulté, de la responsabilité politique.

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