Lors de mes études de géographie à l’ULB, j’ai eu la grande chance d’avoir pendant deux ans le botaniste Paul Duvigneaud comme professeur. Il nous enseignait notamment un cours passionnant intitulé « écologie végétale ». C’était dans les années 50 et l’usage du mot « écologie » n’était pas encore courant à l’époque ! L’impact de ce scientifique belge a été déterminant sur le développement d’une pensée nouvelle dans la manière de considérer les relations entre l’homme et la nature. Le « Prix Paul Duvigneaud de l’Education permanente à l’Environnement urbain » nous le rappelle chaque année.
Il est bien difficile pour certains d’appréhender le sens de ce mot sans lui donner une connotation politique. C’est pourtant nécessaire ; car l’écologie (étymologiquement la « science de l’habitat ») est une discipline scientifique universellement reconnue aujourd’hui, dont l’essor est relativement récent par rapport aux autres sciences naturelles.
« L’écologie, est la plus humaine des sciences de la nature ».
(Jean-Paul Deléage)
Elle ne saurait être réduite à une simple branche de la biologie. Ses objets sont les « écosystèmes », y compris l’impact qu’ont sur ceux-ci les activités de l’homme.
Un écosystème peut être défini comme un sous-ensemble du monde de la nature qui présente une unité fonctionnelle (une forêt, une prairie, un lac, un champ de céréale, les récifs de corail, les fonds océaniques, …..) au sein duquel diverses espèces animales et végétales entrent en interaction entre elles et avec le milieu minéral qui les abrite.
L’approche de l’écologie est donc résolument systémique. C’est une science des relations, des interdépendances des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, avec tous les flux de matières et d’énergie et les processus de rétroaction (ou feed-back) et d’évolution dans le temps qui les caractérisent. Son domaine de recherche s’est progressivement élargi de l’étude naturaliste d’écosystèmes particuliers à celle, pluridisciplinaire, de leur totalité : la « biosphère ».
Nicolas Hulot dénonce la confusion entretenue par les médias entre militantisme écologique et écologie scientifique (un amalgame qui, pense-t-il, jette le discrédit sur les chercheurs de cette discipline). Il omet cependant de souligner que bon nombre des militants « verts » ont une solide formation scientifique !
Le français ne dispose que d’un seul terme (« écologistes ») là où le monde anglo-saxon parle « d’ ecologists » pour les scientifiques et « d’environmentalists » pour les militants.
Il est paradoxal de constater que c’est au cœur de notre civilisation qu’est né un courant de pensée remettant fondamentalement en question le paradigme occidental prométhéen du progrès par une domination de la nature par l’homme.
Car l’écologie est bien une science subversive ! Elle a considérablement modifié la vision que nous avons des relations de l’homme avec son environnement ; et des possibilités d’avenir de la planète Terre habitée par l’espèce humaine. Et elle a fondé la naissance de l’écologie politique !
« Par l’intermédiaire de l’écologie humaine,
qui étudie les interactions entre l’homme et la biosphère,
l’écologie établit le contact entre les sciences naturelles d’une part,
les sciences politiques, économiques et sociales d’autre part »
(Paul Duvigneaud)