Ce néologisme évoque une approche globale des enjeux environnementaux

liés à la construction et à la rénovation.


L’objectif est une utilisation rationnelle des matériaux, de l’énergie et de l’eau de manière à réduire l’empreinte écologique des bâtiments. Le terme « bioconstruction » signifie plutôt une construction qui réponde le mieux possible aux besoins de l’homme des points de vue du confort et de la santé. Enfin, une architecture est dite « bioclimatique » quand elle s’efforce de tirer passivement le meilleur parti des éléments du milieu naturel.

Toutes ces préoccupations se rejoignent et s’inscrivent dans l’optique d’un développement durable. Les techniques mises en œuvre sont multiples et en rapide évolution. Elles sont en concurrence sur un marché en plein développement.

L’idéal en matière d’écoconstruction
Il peut se résumer comme suit :
Un bâtiment bien intégré dans son environnement

confortable en toute saison

sain et facile à entretenir

construit avec des matériaux peu polluants, renouvelables ou recyclables

économe en consommation d’énergie

capable d’exploiter des énergies renouvelables

avec une gestion rationnelle des eaux et des déchets

d’une grande longévité et facile à rénover

modulable en fonction de l’évolution des besoins à différentes époques de la vie


Inutile de souligner que très rares sont les constructions répondant à l’ensemble de ces critères !

Ecoconstruction et énergie

Dans les projets d’urbanisme témoignant d’une conscience écologique qui nous ont été présentés à Uccle, la préoccupation la plus courante était celle de l’énergie (un thème qui fait l’objet d’un autre chapitre de cet abécédaire).

Le souci d’économiser l’énergie se manifeste par une bonne isolation thermique alliée à un système de ventilation efficace ; par le choix d’une installation de chauffage plus rentable ; par un habitat plus dense. Dans un objectif plus exigeant encore, la maison dite « passive » (bien orientée et structurée dans ses espaces intérieurs) parvient à réduire sa consommation d’énergie de 75% !

L’exploitation des énergies alternatives devient moins rare dans les demandes de permis : l’énergie solaire, thermique ou électrique (panneaux photovoltaïques), mais aussi tout simplement une bonne orientation des baies vitrées ; et aussi l’énergie géothermique (pompe à chaleur, puits canadien).

Une grande part de l’empreinte écologique en Belgique est liée au logement. Il est aujourd’hui possible d’atteindre de très grandes performances dans la réduction de la consommation énergétique des bâtiments. Sous l’impulsion de la Ministre Ecolo Evelyne Huytebroeck, ce combat est devenu une priorité du Gouvernement bruxellois dès la précédente législature.

Des primes sont octroyées pour des travaux d’isolation et de rénovation des installations de chauffage. Les normes sont désormais plus sévères pour les nouvelles constructions (l’arrêté sera d’application en juillet 2008). Un certificat de « performance énergétique des bâtiments » (PEB) devra être obtenu dans les volets isolation, ventilation et efficience énergétique.

L’effort pour des bâtiments moins énergivores s’impose plus particulièrement pour les logements sociaux afin de réduire les charges de leurs occupants.

Ecoconstruction et choix des matériaux

Les matériaux naturels sont redevenus à la mode. Parmi eux le bois connaît un véritable engouement récent. A juste titre.

Il a en effet de nombreux avantages : construction rapide, souplesse et légèreté, facilité de rénovation, bonne isolation thermique, matière première renouvelable et non polluante.

La filière bois est soutenue par Ecolo en tant que source d’une plus value environnementale et sociale non délocalisable. Mais avec l’exigence d’un bois « certifié », c’est-à-dire issu de forêts gérées durablement. Malheureusement rares sont encore les entrepreneurs belges qui maîtrisent les techniques du bois.

Bois, aluminium et PVC sont en concurrence pour les portes et châssis.


La comparaison de leurs propriétés respectives (faite dans un autre chapitre) peut aider à faire le choix.

Le béton a mauvaise presse ; « bétonneur » est même devenu une injure ! Je ne partage pas cet a priori négatif pour un matériau qui ne manque pas de qualités.

Sa durabilité et ses propriétés isolantes et acoustiques sont reconnues, et il est à 100% recyclable. Le béton « cellulaire » a le pouvoir de dépolluer l’air. Il se prête à la fabrication d’éléments préfabriqués rapidement mis en œuvre. Bien travaillé, le béton peut prendre un aspect velouté que personnellement je trouve très esthétique ; mais il ne doit pas nécessairement rester visible.

Idéalement, les matériaux devraient être choisis en tenant compte de leur « écobilan ».

Le concept d’écobilan est simple : il s’agit de l’impact environnemental d’un produit pendant tout son cycle de vie, compte tenu de sa fabrication et de ses propriétés d’utilisation, de régénération et de recyclage. Par contre, le calcul concret de l’écobilan d’un matériau ou d’un produit déterminé est un travail très complexe. C’est pourquoi peu d’écobilans sont aujourd’hui disponibles. Celui du béton semble particulièrement intéressant.

La responsabilité des pouvoirs publics

Quand il s’agit de projets publics, les décideurs politiques sont encore réticents face à ces nouvelles techniques de construction. C’est d’autant plus regrettable qu’ils pourraient et devraient montrer l’exemple.

L’argument souvent évoqué est le surcoût de l’écoconstruction.

Cette crainte n’est que partiellement justifiée. Certains atouts ne coûtent rien (architecture bioclimatique, utilisation du bois, densification pour limiter les pertes d’énergie …). D’autres induisent de petits surcoûts récupérés à court terme (1 à 7 ans) par les économies qu’ils procurent (isolation, type de chauffage plus performant, citerne d’eau de pluie… Les surcoûts d’autres options sont récupérables à moyen terme (panneaux solaires, pompe à chaleur, épuration des eaux par lagunage, toitures verdurisées…).

L‘exemple d’un projet pilote tournaisien d’habitat groupé mérite d’être monté en épingle : 36 maisons mitoyennes passives au prix d’une construction classique !

Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle incitatif très important.

Sous l’impulsion de la Ministre de l’Environnement Evelyne Huytebroeck, l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement) a lancé deux appels à projets pour la réalisation de bâtiments écologiquement performants. Près de 80 projets ont déjà été récompensés, émanant de tous les types de maîtres d’ouvrage privés et publics (dont celui d’un nouveau bâtiment communal ucclois). Lorsqu’ils seront concrétisés, Bruxelles pourra se vanter d’un nombre record de bâtiments « éco-exemplaires » contemporains. Un changement de cap historique dans l’art de construire et de rénover (qui est le fil vert conducteur de l’exposition « Le nouveau visage de Bruxelles… vers une ville durable » installée en 2009 devant la cathédrale Saints Michel et Gudule).

J’ai essayé, pour ma part, de contribuer dans la mesure de mes moyens à la promotion de l’écoconstruction à Uccle : conscientisation des maîtres d’ouvrage, formation des architectes communaux, conditions imposées dans les permis, primes incitatives, exigences dans le cahier des charges des marchés publics, critère retenu dans la délivrance du prix ucclois d’architecture contemporaine…. Mais il reste encore tellement à faire !

En guise de conclusion
La construction écologique permet la valorisation de certaines pratiques anciennes et surtout d’innovations technologiques d’avenir. C’est aussi un secteur très prometteur en terme d’emploi. Conçue par des architectes expérimentés et réalisée par des entrepreneurs compétents, elle est devenue aujourd’hui beaucoup plus concurrentielle qu’on ne le croit.

Les mentalités semblent évoluer rapidement dans la bonne direction.

Ce n’est pas par hasard que Batibouw, le salon belge du bâtiment,

s’est focalisé sur ce thème en 2008 !

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