Depuis le sommet de Rio en 1992, le 22 mars

est la date de la « Journée internationale de l’eau ».

Un simple symbole ou un moteur de changement ?


S’il est un domaine où deux mondes s’opposent du point de vue de la consommation c’est bien celui de l’eau ! Rien de commun entre l’univers de l’Occidental et celui des réfugiés climatiques africains dont la cinéaste belge Marion Hansel évoque le drame, avec tant d’émotion, dans son dernier film « Le vent soulève les sables ». Précieuse rareté d’un côté, gaspillage éhonté de l’autre ; la consommation moyenne d’un paysan malgache est de 10l/jour alors que celle d’un citoyen des USA est de 600 litres !

L’or bleu : une ressource collective vitale et irremplaçable

L’eau est un bien aussi vital que l’air. Or, elle est loin d’être une ressource illimitée et équitablement répartie.

Dans de nombreux pays, les nappes aquifères formées par les pluies tombées pendant des milliers d’années, sont en voie d’épuisement et plus ou moins polluées.

Est-il nécessaire de rappeler qu’un être humain sur cinq n’a pas accès à l’eau potable et que la qualité de l’eau laisse à désirer pour près de trois milliards ; et que l’absence d’eau ou sa mauvaise qualité génèrent des milliers de morts par maladie chaque jour ?

Alors que de grandes sociétés multinationales investissent dans ce secteur pour en tirer des profits de plus en plus importants… Et aussi que le réchauffement climatique risque de compromettre l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes en Afrique et en Asie ?

Je pense que l’économiste Riccardo Petrella a raison lorsqu’il s’oppose à toute forme de privatisation de l’eau. Elle devrait être partout considérée comme un bien collectif, patrimoine commun de l’humanité ; gérée, traitée et distribuée en tant que service public de première nécessité.

Les conseillers communaux ucclois ne sont pas indifférents à la question de l’eau : moyennant quelques remaniements de forme, la motion que j’ai présentée (au nom du Collège) relative à un programme de développement de l’accès à l’eau des populations du « Sud » a été adoptée à l’unanimité.

Le droit à l’eau n’est malheureusement pas encore reconnu partout comme un droit humain universel. Cela n’a pas empêché les trois Ministres belges de l’Environnement de signer le 16 mars 2007 une charte affirmant que « l’eau est une ressource vitale dont l’accès doit être garanti ; et qu’elle ne peut être considérée comme un bien marchand ».

En région bruxelloise, un nouveau mode de tarification de l’eau avait déjà été mis en vigueur par l’IBDE début 2005. On est passé d’une tarification linéaire à une tarification solidaire garantissant à tous les citoyens un accès à l’eau en « qualité et quantité suffisante pour vivre » comme le revendiquait le Manifeste belge de l’eau en 2001. L’impact est aussi écologique puisque la progressivité du prix par tranches (au nombre de quatre) est un incitant à une utilisation plus rationnelle de l’eau. La majorité des ménages bruxellois paient désormais leur eau moins cher ; et les plus démunis peuvent couvrir leurs besoins vitaux pour le prix particulièrement réduit de 0,60 €/m_.

Ce choix politique belge d’un refus de principe d’une privatisation de l’eau semble en opposition avec les intentions de l’Europe.

Le président Barroso, qui vient d’être réélu pour un second mandat à la tête de la Commission Européenne, a annoncé sa volonté de libéraliser tous les services environnementaux dont celui de l’eau. Les mobilisations citoyennes seront essentielles pour contrecarrer une telle volonté.

Pour une consommation plus responsable de l’eau au niveau local

Uccle est pionnière quant à la gestion de l’eau dans ses bâtiments publics. Ce qui a largement contribué à l’attribution par l’IBGE en 2005 d’une deuxième étoile à notre label « entreprise écodynamique » (renouvelée en 2007). Le mérite en revient au dynamisme de notre écoconseiller.

Le principal site de nos installations techniques (rues Auguste Danse et Beekman) est équipé d’une gestion intégrée de l’eau, avec réutilisation des eaux de toitures pour les toilettes et le nettoyage des véhicules.

En 2003 également, j’ai proposé au conseil communal d’approuver l’instauration d’une prime communale de 500 € pour l’installation ou la rénovation d’une citerne à eau de pluie complétée par une pompe permettant l’utilisation de l’eau récupérée à des fins domestiques (toilettes, lave-linge, arrosages…).

Cette prime a du succès, surtout auprès des familles aisées. J’ai cependant pris conscience, par la suite, qu’elle ne s’inscrit réellement pas dans l’optique d’un développement durable bien compris étant donné le risque sérieux de dualisation sociale qui pourrait en être la conséquence : l’usage multiplié de l’eau de pluie entraînera une augmentation du prix de l’eau potable au m³ (compte tenu des coûts fixes des réseaux de production et de distribution largement supérieurs aux coûts variables) ; et la quantité totale d’eau usée ne diminuant pas pour autant, le montant de la taxe à payer par les consommateurs d’eau potable devra être augmenté (pour assurer un financement constant de l’égouttage et de l’épuration) !

Par ailleurs, toujours la même année, une exposition intitulée « L’eau du robinet, l’eau sans déchets », conçue et réalisée par mon échevinat de l’Environnement (avec le soutien financier de l’IBGE), a attiré un grand nombre de visiteurs à la piscine communale Longchamp.

L’objectif était double : réhabiliter dans l’esprit des citoyens l’image décriée à tort de l’eau du robinet (dédaignée par la moitié des Bruxellois alors qu’elle est tout à fait saine et 100 à 300 fois moins chère que l’eau en bouteille!) ; tout en contribuant à une réduction de la masse des déchets constituée par les bouteilles en plastique. La structure de l’exposition était fondée sur une comparaison entre l’eau du robinet et les eaux en bouteille dans tout leur cycle de vie, Les panneaux explicatifs bilingues comportaient une version pour adultes et une version, simplifiée, pour les enfants ; ils étaient accompagnés de quelques maquettes. L’exposition a ensuite circulé, à la demande d’écoles et d’associations à qui nous la prêtions pour une modeste contribution financière. Elle est également consultable sur le site internet communal.

Il a fallu pourtant attendre la fin de la législature 2001-2006 pour voir remplacer, sur les tables des conseillers communaux ucclois, les petites bouteilles d’eau minérale par des carafes d’eau du robinet. Et les bouteilles ont fait une réapparition en 2007 ! Tout un symbole.

La responsabilité collective d’une bonne gestion des eaux usées
Depuis 2007, la région de Bruxelles-Capitale est désormais équipée de deux stations d’épuration des eaux. Elle est enfin capable d’épurer la totalité de ses eaux d’égout (ce qui n’est pas encore le cas de toutes les villes européennes) avant de les rejeter à la Senne. Cette dernière est une grande malade… qui peut à présent entrer en convalescence !

Depuis 2002, Uccle a confié la gestion de ses eaux usées à l’IBrA (Intercommunale bruxelloise d’assainissement créée en 2001 dans l’objectif d’une gestion intégrée des 19 réseaux d’égouttage communaux). Un choix sage compte tenu de la vétusté de notre réseau d’égouts et d’un personnel communal insuffisant pour assumer cette lourde tâche. Mais aussi en raison du coût des importants investissements qui seront nécessaires à l’avenir pour compléter un réseau qui ne couvre pas encore l’entièreté du territoire communal.

La partie sud de notre commune ne peut être raccordée tant que la construction du collecteur principal de la vallée du Verrewinkelbeek n’est pas terminée. Celle-ci a été considérablement retardée par la nécessité de négocier avec la région flamande : les cours d’eau ne respectent pas les frontières !
Depuis de nombreuses années, la Commune a multiplié les démarches auprès de la Région bruxelloise pour que soit entreprise la construction de ce collecteur ; cette demande devrait se concrétiser dans les années 2010-1011… enfin !

En 2006 a été réalisée la fusion de l’IBrA avec l’IBDE (société de distribution de l’eau). L’avantage est double : une meilleure rationalisation du secteur à l’échelle de la région et la possibilité du maintien du taux réduit de TVA de 6% (qui n’avait été accordé à l’IBrA qu’à titre provisoire) sur les redevances facturées aux consommateurs. Elle s’inscrit dans le sens de la directive européenne qui préconise le « prix vérité » de l’eau.

Le problème n’est pas résolu pour autant de l’insuffisance des moyens financiers et humains dont dispose l’intercommunale pour assurer les travaux nécessaires de rénovation et de construction des égouts bruxellois. Uccle est en attente de nombreux travaux de réparation urgents compte tenu du risque croissant d’inondation.

L’objectif régional à atteindre devrait être l’application du principe d’une tarification solidaire de l’eau à la taxe sur les eaux usées.

En février 2008, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a refusé

d’accorder la priorité à la question du droit d’accès à l’eau pour tous

(devant le veto de plusieurs pays dont les Etats-Unis et le Canada).

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