« Consommation » et « croissance » : deux mots qui auraient peut-être dû être présentés ensemble tant ils sont étroitement corrélés.


Une société de consommation

Tout est fait aujourd’hui pour nous inciter à consommer.

La publicité créatrice de besoins nouveaux, la mode, la vente par correspondance, la fabrication de biens jetables et non réparables, l’obsolescence planifiée des appareils électroniques, l’inflation qui dévalorise l’épargne, le besoin d’affirmation d’un statut social par la possession de biens matériels…

L’objectif sacralisé de la croissance dans les discours des responsables politiques et économiques ne fait que renforcer ces tentations. Nous sommes conditionnés à l’idée que consommation = croissance = progrès.

L’économiste français Serge Latouche parle d’un « impératif compulsif de la consommation » ;

et il ajoute que « la rupture avec l’ambiance consumériste dominante constitue un choix héroïque » !

Il n’en est pas moins vrai qu’après avoir monopolisé l’abondance, il va nous falloir apprendre à gérer équitablement la rareté !

« Consommer moins, consommer mieux »

Ce slogan est même devenu un argument publicitaire pour certaines entreprises (par exemple de transport en commun ou d’appareils ménagers).

Récupérer est aujourd’hui mieux perçu que jeter. Les objets ont une seconde vie. Des entreprises privées américaines proposent, via internet, des offres de copropriété pour des produits de luxe.

On parle aussi de biens, de services et de savoirs partagés. Les « Systèmes d’Echanges Locaux » (SEL) sont une initiative citoyenne très intéressante à cet égard.

« En toute autonomie mais dans le respect d‘une discipline acceptée,
des familles échangent sur une base locale des produits de leur jardin ou de leur cuisine, font circuler des biens d’équipement, se rendent une multitude de services, s’apprennent les uns des autres des techniques de toute nature ; le tout dans le cadre de rencontres de personne à personne qui dépassent de loin la seule satisfaction du besoin à l’origine de l’échange».

(Benoit Lechat dans Etopia Revue d’écologie politique décembre 2007)

Le système se fonde sur une réciprocité où chacun accepte d’être tour à tour offreur et demandeur. La valeur des échanges est le plus souvent comptée en temps de travail mais chaque SEL a des modalités d’organisation qui lui sont propres. Née en France (dans les années 90), l’idée fait son chemin dans le monde entier.

La consommation : un acte par lequel tout citoyen acquiert du pouvoir

Un consommateur responsable se pose des questions sur les implications de sa décision d’achat ou de non achat ; en orientant la demande il peut contribuer à infléchir l’offre.

Il le fera d’autant plus efficacement qu’il s’inscrira dans un réseau de « consommateurs – citoyens ».

Privilégier les produits écologiques et ceux du commerce équitable, refuser les gadgets inutiles, choisir autant que possible des biens qui n’induisent pas de nuisances, boycotter les produits des multinationales qui foulent aux pieds les exigences environnementales et sociales d’un développement durable … sont des attitudes courageuses qui résultent le plus souvent d’un choix individuel. Mais nous pouvons y être encouragés collectivement.

Un rôle important des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics ne peuvent imposer des pratiques d’achat au nom d’une éthique ; l’effet serait d’ailleurs contre-productif ! Mais je pense qu’ils ont un devoir d’incitation et de dissuasion.

D’abord en montrant l’exemple ; ce qui est loin d’être toujours le cas.

Il n’est pas facile d’induire des changements dans les pratiques traditionnelles d’achat d’un service communal de l’économat ! L’introduction de clauses environnementales et sociales dans les cahiers des charges des marchés publics n’est pas encore devenue une habitude.

Ensuite par la fiscalité ; et enfin par l’éducation.

Deux thèmes qui sont l’objet d’un autre chapitre de cet abécédaire.

Et Uccle dans tout cela ? Le chemin est ouvert. Beaucoup reste à faire

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