Rapports de forces entre partis

Dissensions internes à une formation politique

Conflits avec certains citoyens

Arbitrage des litiges entre citoyens

Règlement des conflits au sein des services de l’administration

Négociations avec les administrations régionales de tutelle


Le conflit au cœur du combat politique

Cette énumération de conflits possibles ne doit pas donner une image noire de la vie politique. Elle est simplement le constat d’une réalité qu’il faut pouvoir assumer, avec le moins de stress possible. Car celui qui prend la décision d’assumer des responsabilités politiques s’engage, inévitablement, dans une vie où il devra affronter le conflit au quotidien.

Dans les situations pénibles, l’idée que c’est votre fonction plus que votre personne qui est remise en question peut aider, dans une certaine mesure, à rester « zen ». Le plus difficile peut-être : se convaincre que son adversaire est de bonne foi (cela arrive plus souvent qu’on ne le pense!).

La participation à une majorité de coalition est une situation potentiellement conflictuelle par essence. Lorsqu’elle est très minoritaire (comme c’est généralement la cas pour un parti comme Ecolo), la distinction entre compromis admissible et consensus mou n’est pas toujours évidente.

Au sein d’un Collège, il faut se montrer capable à la fois d’ouverture au débat d’idées et de fermeté sur les questions que l’on estime être des priorités programmatiques. La diplomatie est souvent plus efficace que l’opposition frontale et l’acceptation de compromis est inévitable. J’ai aussi compris qu’il n’est pas facile de résister à la tentation du consensuel pour avoir la paix !

Le drame des conflits de voisinage

Ce domaine particulier fut cependant pour moi une expérience nouvelle. En devenant échevine de l’urbanisme, j’étais loin de soupçonner l’importance qu’allaient prendre les litiges de voisinage dans mon travail. Et encore moins l’intensité des souffrances que de tels conflits pouvaient générer.

Je n’imaginais pas que deux voisins puissent en arriver à ne plus s’adresser la parole pour un problème de haie ou de muret de façade ! Je n’avais jamais rencontré de gens (souvent des personnes inactives) chez qui les querelles de voisinage viraient à l’obsession.

En cas de litige, le pouvoir public est appelé à l’aide, souvent toute affaire cessante.

Il arrive aussi qu’il soit violemment pris à partie : « Comment avez-vous pu délivrer un permis pour une telle aberration ? » – ou encore « Pourquoi ne sanctionnez-vous pas cette infraction ? »…

Si les explications données au service de l’urbanisme n’ont pas convaincu, on demande à rencontrer l’échevin ; et si celui-ci ne vous a pas donné raison, on fait appel au Bourgmestre … lequel demande à l’échevin de lui fournir des éléments de réponse !

La première règle d’or qui s’impose est l’écoute des deux parties avant de se faire une opinion. La seconde : savoir témoigner de l’empathie … sans pour autant donner forcément raison au plaignant. Face à ce qui prend parfois les proportions d’un véritable drame familial, il faut demeurer patient, prendre le temps d’expliquer les règles qui déterminent les droits de chacun (en matière de mitoyenneté, de servitude, de vues droite et oblique…), aider à relativiser l’importance du problème.

J’ai tenté, à plusieurs reprises, de jouer un rôle de médiation. Le résultat n’est pas garanti. Mais réunir les adversaires en présence d’une personne neutre investie d’une certaine autorité permet en tout cas de réinstaurer les conditions d’un véritable dialogue, sans les excès verbaux et les malentendus qui ont envenimé le passé.

Le plus difficile : faire admettre au plaignant que le litige ne relève pas du droit public et qu’il est donc du ressort du juge de paix. Or, c’est très souvent le cas.

Déçu, le citoyen frustré s’en va alors avec le sentiment d’un pouvoir public impuissant ou qui n’assume pas ses responsabilités.

Des causes de conflits souvent complexes

Sous l’apparence de désaccords idéologiques se révèlent souvent des conflits d’intérêts ou d’ordre personnel. Des relations professionnelles difficiles peuvent être liées à des dysfonctionnements générés par l’organisation du travail ou l’aménagement de l’espace. Les tensions sont envenimées par des a priori et des malentendus générés par une mauvaise communication. Les susceptibilités blessées peuvent conduire à la crise et à la rupture…

Rien de bien neuf dans ces réflexions générales sur la difficulté du vivre ensemble qui ne sont évidemment pas spécifiques au monde de la politique.

Je dois avouer que j’ai encore du mal à avoir une vision positive du conflit ; face à l’agressivité de l’adversaire je me sens fragile. Pourtant, « gouverner autrement » n’est-ce pas faire en sorte qu’un maximum de gens puisse s’exprimer dans des débats contradictoires ?

« Une démocratie sans conflits d’opinion, de valeur, de projet de société est une démocratie en train de mourir »

(Pascal Durand)

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