En politique ce mot a un double sens.
Des « compétences » sont attribuées aux membres d’un pouvoir exécutif ;
et chacun assume ses responsabilités avec plus ou moins de « compétence ».
Compétences…
Bien que les services à assumer au niveau communal soient évidemment similaires dans toutes les communes, les compétences à répartir entre les membres du Collège diffèrent d’une commune à l’autre : les appellations et les regroupements sont étonnamment diversifiés. Ces différences ne sont pas anodines : elles peuvent être révélatrices de réalités et d’options politiques.
Ainsi, par exemple, l’échevinat de « l’Aide sociale » est devenu celui de « l’Action sociale » à Uccle en 2000 ; une exigence qui était chère à Ecolo pour des raisons qui vont bien au-delà d’un purisme terminologique !
Des échevinats du « développement durable » sont apparus dans plusieurs communes au terme des élections de 2007.
La création dans la commune de Schaerbeek d’un échevinat « de l’Intégration sociale, de la Prévention et de la Solidarité » est le reflet de la volonté politique du partenaire Ecolo.
Celle d’un échevinat ucclois du Logement témoigne de l’importance désormais accordée à ce problème criant.
A chaque nouvelle législature le problème se pose de la répartition des compétences entre les membres de l’exécutif local. Il faut être conscient qu’elle est souvent régie par des considérations de type électoraliste.
Chacun sait qu’être échevin de l’Etat civil est une manière facile de gagner des voix alors que l’échevin de l’Urbanisme risque, quoi qu’il fasse, de se mettre beaucoup de monde à dos ! Le morcellement persistant à Uccle des compétences relatives à l’environnement n’est pas étranger au désir de partager ce type de vitrines valorisantes pour l’échevin responsable !
Dans son sens premier d’attribution de « compétences », ce mot évoque aussi un problème belge d’actualité : le débat institutionnel en Belgique se focalise aujourd’hui sur la question de savoir à quel niveau de pouvoir (fédéral, régional, communautaire) il convient le mieux d’exercer certaines responsabilités.
Par ailleurs, indépendamment du contentieux communautaire, la réflexion porte depuis longtemps, à Bruxelles, sur l’intérêt du transfert de certaines compétences communales à la Région en vue d’une plus grande efficacité.
Le fait que de très nombreux parlementaires bruxellois soient en même temps bourgmestres ou échevins induit une interférence fâcheuse entre défense d’intérêts locaux et nécessité de mener des politiques transversales à l’échelle régionale. J’ai appris avec satisfaction que la conférence des Bourgmestres des 19 communes avait enfin accepté, en début 2008, le principe d’une « agence bruxelloise du stationnement » (auquel se sont opposés longtemps plusieurs municipalistes avant tout soucieux de préserver leurs prérogatives). C’est d’ailleurs toute la politique de mobilité qui gagnerait à être plus transversale.
Je suis néanmoins sensible à l’argument que c’est au niveau local que la participation citoyenne peut le mieux s’exercer.
Remarquons aussi que l’institution souvent décriée des intercommunales est un moyen qui permet de concilier l’objectif de faire des économies d’échelle et celui de préserver une certaine autonomie des pouvoirs locaux. A condition qu’elles s’astreignent à plus de transparence dans leur gestion !
… et compétence
Je demeure personnellement surprise par le fait que bon nombre de professionnels de la politique acceptent sans problème de se voir attribuer de nouvelles compétences à chaque changement de législature, sans crainte de se sentir incompétent ! Cette habitude très répandue présente l’intérêt d’une motivation redynamisée et d’un regard régulièrement renouvelé sur la gestion des affaires ; mais elle exige une très grande faculté d’adaptation de la part des élus et induit inévitablement des pertes de temps et d’efficacité.
Une des architectes communaux m’a dit, avec humour, au début de mon mandat, « qu’il fallait au moins un an pour former un échevin de l’urbanisme » ! Six ans plus tard, j’avais encore l’impression d’en apprendre tous les jours.
Se pose aussi la question du rapport entre la formation personnelle des mandataires et le type de compétences dont ils ont la charge.
Doit-on avoir l’expérience de l’enseignement pour faire un bon échevin de l’Education ? Doit-on être un artiste pour faire un bon échevin de la Culture ? Non, bien sûr…
L’échevin peut se reposer sur une administration de qualité. Mais il faut reconnaître que cela aide d’avoir un minimum de bagage dans les matières qui sont gérées sous sa responsabilité. Ce qui n’exclut pas l’indispensable travail de mise au courant (qui me semble particulièrement lourd pour les échevinats plus techniques tels que les Finances, les Travaux publics et l’Urbanisme).
Le flagrant délit d’incompétence est une faiblesse qui ne trompe pas en politique.
Fort heureusement, dans la plupart des cas, les responsables d’un mandat exécutif acquièrent rapidement un niveau de compétence qui force l’estime.