Mardi. 16 heures. Le Bourgmestre et les 8 échevins convergent vers la salle du Collège où nous attend déjà la secrétaire communale : un FDF, 5 libéraux, 2 Ecolos et 1 socialiste.

Ces réunions hebdomadaires jalonnent la vie d’un échevin comme un métronome.

J’y avais généralement des dizaines de rapports à présenter ;
avec souvent des dossiers « chauds » en urbanisme.


En décembre 2006, dans son discours de fin de législature, le Bourgmestre ucclois Claude Desmet a judicieusement rappelé aux membres du conseil communal le nombre de fois que le Collège s’était réuni en 6 ans : plus de 300 réunions.

La loi communale prévoit en effet le minimum d’une réunion du Collège par semaine (avec un quorum imposé de plus de 50% des membres présents).

Beaucoup de décisions relèvent de la seule compétence du Collège (sans l’exigence légale de demander l’aval du Conseil).

Parmi celles-ci figure la délivrance des permis d’urbanisme (dans le respect des règles de droit édictées par le Gouvernement régional).

Si les réunions du Collège se déroulent dans une ambiance conflictuelle et agressive, elles peuvent être terriblement éprouvantes.

J’ai eu quelques échos à cet égard d’un passé ucclois pas tellement ancien ; et aussi de la situation difficile à vivre pour mes collègues Ecolo dans d’autres collèges communaux….

Ce ne fut heureusement pas le cas de la majorité arc-en-ciel uccloise 2001-06 : à quelques exceptions près dans le chef de certains (remarques ironiques récurrentes ou éclats occasionnels et de courte durée), nos débats se déroulèrent avec courtoisie, sans coup bas et dans une écoute souvent marquée par la volonté de tendre à un consensus. C’est tout à l’honneur du Bourgmestre Claude Desmet d’avoir su maintenir un climat propice à l’expression de chacun avec l’assurance d’être écouté des autres.

J’ai mieux compris, au terme de cette expérience, que des liens d’estime mutuelle peuvent se nouer entre élus de partis différents qui n’ont pas les mêmes priorités ni les mêmes convictions politiques.

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de désaccords ! Ni que des pratiques de « pré carré » ne soient parfois venues freiner les synergies entre échevinats que les deux échevins Ecolo tentaient d’initier.

Les désaccords au sein du Collège ne doivent pas transpirer à l’extérieur ! Un principe sacro-saint doit en effet être respecté : toute décision est collégiale. Et elle doit être actée comme telle dans le procès verbal de la séance (avec, s’il échait, le nombre d’abstentions, voire de votes contraires). Le passage au vote n’est pas fréquent et les membres mis en minorité ont alors le devoir de s’incliner… sans déclaration intempestive à la presse, ni en conseil communal.

C’est pourquoi, lorsque des habitants accusent personnellement un échevin de l’Urbanisme d’avoir délivré un permis pour un projet immobilier privé contesté, ils font une erreur d’appréciation. L’échevin ne peut que proposer un avis et le défendre avec le plus de compétence possible ; seul, il n’a aucun pouvoir de décision.

Je n’ai été que rarement mise en minorité ; mais j’ai dû beaucoup argumenter ! J’ai par contre souvent dû accepter d’amender le texte des avis d’urbanisme présentés au Collège (un texte proposé par les architectes puis avalisé par moi avec d’éventuelles modifications ou ajouts), pour répondre à la demande de certains collègues.

Leurs critiques étaient d’ordre diversifié : les conditions que nous souhaitions imposer leur apparaissaient comme trop exigeantes en matière de développement durable ; le style de la construction projetée n’était pas conforme à leur goût en matière d’esthétique ; nous étions en désaccord sur la densité acceptable en intérieur d’îlot ; les gabarits devaient être rabotés davantage ; il fallait exiger un nombre de stationnements supplémentaire ; pourquoi interdire les châssis en PVC … en voici quelques exemples, parmi beaucoup d’autres !

Les débats étaient souvent longs mais constructifs. Ils permettaient de renforcer utilement la qualité de la motivation des avis communaux.

Les exigences de la collégialité devraient faire de tout échevin un « généraliste » (il est en effet amené à participer aux décisions relatives à tous les aspects de la gestion communale).

Dans la pratique, c’est cependant loin d’être le cas : il est en effet impossible d’acquérir des connaissances pointues dans tous les domaines techniques tels que les finances, les travaux publics, l’urbanisme, le contentieux ou la législation sociale…

Le travail d’équipe d’un Collège doit donc idéalement être fondé sur des relations de confiance réciproque. Ce qui n’exclut pas, pour chacun de ses membres, la nécessité d’un esprit critique vigilant dans la lecture des rapports présentés par les autres et celle d’assumer sa part de responsabilité quant au choix des options politiques qui sont prises.

Parce que le Conseil communal est public, cette institution est mieux connue des citoyens que celle, plus discrète et pourtant combien importante du Collège, lieu de débat par excellence.

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