« On s’est battus pour aller sur la lune, aujourd’hui il faut nous battre pour pouvoir rester sur la Terre ».
« La coalition violette n’est pas seulement contre-nature, elle est contre la nature ».
J-M Nollet (député fédéral Ecolo)
Les déclarations publiques des responsables politiques font rarement dans la nuance. Ils cherchent la formule qui frappe et que les médias vont s’empresser de relayer.
Les questions que posent les journalistes incitent les politiques à la confrontation et au manichéisme. De même, la volonté de ces derniers de se démarquer clairement de leurs adversaires politiques. Stigmatiser l’adversaire en des termes assassins est de bon ton en période électorale… ce qui n’empêche pas de pactiser après les élections ! Quant aux leaders populistes, leur succès est largement fondé sur l’expression d’une pensée simpliste et la formulation de propositions du style « yaqua ».
On attend des élus qu’ils fassent preuve de certitudes et affichent des opinions tranchées, tant au niveau des constats qu’ils posent que des moyens qu’ils préconisent pour y faire face. Par ailleurs, chacun sait qu’il faut faire court pour être entendu et qu’une affirmation simple sera mieux comprise qu’une pensée subtilement nuancée.
Personnellement, j’ai toujours eu du mal à entrer dans ce jeu. Je suis trop consciente que les réalités, qu’elles soient naturelles ou sociales, sont toujours plus complexes qu’elles n’en ont l’air à première vue.
J’ai acquis l’habitude de peser le pour et le contre, de confronter les arguments des uns et des autres, avant de prendre parti ; j’ai toujours évité de porter un jugement avant d’avoir pris le temps d’approfondir ma connaissance d’un dossier. Par ailleurs mon passé d’enseignante m’incite à vouloir d’abord expliquer, afin de donner à mes interlocuteurs les éléments référentiels nécessaires à la compréhension des problèmes qui se posent. Peut-être n’aurais-je pas dû faire de la politique !
Tendre à la plus grande objectivité possible par la multiplication des points de vue, nuancer ses affirmations, avoir l’honnêteté de prendre en compte ce qu’il y a de pertinent dans l’argumentation de ses adversaires, accepter de reconnaître que l’on s’est trompé, … autant de pratiques sages qui, parce qu’elles favorisent le dialogue, sont éminemment démocratiques.
Une telle attitude me semble faire partie intégrante du « faire de la politique autrement ». Mais elle cadre mal avec les exigences des militants qui ont soif d’idéologies mobilisatrices, et avec celles des électeurs que les certitudes rassurent.
Cela ne m’empêche pas, par contre, de m’élever contre une affirmation qui est manifestement une contre-vérité scientifique.
La confusion entre opinion et réalité des faits est fréquente, dans le domaine des sciences humaines encore plus que dans celui des sciences de la nature. Il en est fait un large usage en politique, par les élus comme par les citoyens ! De même dans les discours religieux : le renouveau actuel du « créationnisme » en est un exemple inquiétant.
Je plaide également pour qu’il soit fait référence au « principe de précaution » dans tous les cas de risques présumés relatifs à l’impact de technologies nouvelles. Avec la certitude qu’il s’impose alors de faire face à l’incertitude avec grande prudence !
C’est par exemple le cas de l’impact sur la santé et l’environnement de la généralisation de l’emploi des GSM et de la mise en culture des OGM.
Il est cependant dangereux de prétendre détenir le monopole de la Vérité. N’oublions pas que la science est faite d’hypothèses, de doutes et de remises en question !
Un ami me citait récemment Pascal :
« L’erreur c’est l’oubli de la vérité contraire ».