La vidéo surveillance est à la mode.

Signe des temps où règne un sentiment d’insécurité croissante.


Elle s’est d’abord généralisée comme moyen de lutte anti-vol dans les surfaces commerciales. Suite à la proposition de la Région bruxelloise de subsidier l’achat du matériel par les communes dans un objectif de lutte contre l’insécurité, elle s’est ensuite répandue progressivement dans l’espace public.

Les réticences du parti Ecolo

Elles sont fondées sur des arguments bien connus :

 Les défauts du système : risque d’une atteinte à la vie privée, efficacité non démontrée comme moyen de prévention de la délinquance (celle-ci se déplace en d’autres lieux), faux sentiment de sécurité, coût élevé du matériel.

 Notre nette préférence pour des policiers sur le terrain plutôt que derrière des écrans !

Un sujet de débats à Uccle

A Uccle, l’échevin libéral Eric Sax s’est fait le champion des caméras dès 2002. Avec le soutien de son groupe politique, il a obtenu que la décision soit prise de placer 6 caméras dans le quartier du Globe à Uccle-centre. Dont coût de 114.000 euros. Depuis octobre 2005, des images sont enregistrées 24h sur 24.

Le sujet avait suscité un débat animé, en Conseil de police d’abord, puis au Collège et en Conseil communal. Ce fut le seul cas où je n’ai pas respecté le devoir de collégialité : au moment du vote je me suis abstenue, suivie par le second échevin Ecolo et aussi le Bourgmestre. Ce qui nous a été vertement reproché par Eric André en tant que « leader de la majorité ».

Il est vrai que le point avait été mis à l’ordre du jour à l’initiative du Collège. Pour une autorisation de procédure : c’est au Conseil communal qu’il appartenait d’approuver la dépense et la demande de subsides à la Région. Mais il a suscité un débat de fond imprévu, où il est clairement apparu que la décision, issue de l’initiative d’un échevin en Conseil de police, n’avait pas réellement fait l’objet d’un accord de majorité ; et qu’il n’avait pas été clairement dit en Conseil communal qu’il s’agissait d’une expérience qui devrait faire l’objet d’une évaluation avant d’être prolongée.

Nos abstentions n’ont évidemment pas empêché l’approbation de la décision par le Conseil. Mais elles ont marqué politiquement : il est en effet tout à fait inhabituel qu’un membre du Collège ne vote pas un point mis à l’ordre du jour du Conseil (même s’il a marqué son désaccord lors du débat préalable en collège).

Une singularité uccloise dans sa zone de police

Les communes de Watermael-Boitsfort et Auderghem (associées à Uccle dans une même « zone de police ») n’ont pas fait le choix d’installer des caméras. Si notre commune voulait mener une politique distincte au sein de la zone, elle devait le faire à ses frais.

C’est pourquoi les décisions lui appartiennent, tant en ce qui concerne le choix des localisations futures que la prise en charge de l’entretien des caméras et du financement des opérateurs.

Cette première expérience ayant été jugée positive, la nouvelle majorité a l’intention de l’étendre à d’autres quartiers.

Heureusement, les opérateurs qui visionnent régulièrement les images sont uniquement des fonctionnaires assermentés engagés par la zone de police ; et l’enregistrement est effacé après 24h.
Par ailleurs, les caméras dans l’espace public peuvent s’avérer utiles pour des interventions ponctuelles de régulation de la circulation.

En guise de conclusion

La ville offre la liberté de l’anonymat avec le corollaire inévitable d’une certaine insécurité. En matière de sécurité les solutions miracle n’existent pas. Mais les implications électorales étant particulièrement grandes, grande est aussi la tentation d’adopter des méthodes qui frappent l’électeur !

Dans la lutte contre la délinquance,

l’usage des caméras de vidéosurveillance n’est qu’un pis aller.

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