Les causes de nuisances sonores potentielles urbaines sont très diversifiées et en croissance : trafic automobile, passage des trams et des trains, mobilettes au pot d’échappement trafiqué, avions à basse altitude, restaurants et boites de nuit, musiques festives, certaines activités industrielles, tondeuses à gazon, aboiements de chiens …
Si l’on a choisi d’habiter en ville, il ne faut pas s’attendre à vivre dans le silence. On est cependant en droit d’exiger que soient respectées des normes de bruit à ne pas dépasser. En Région bruxelloise celles-ci sont fixées par une ordonnance dont l’application peut être vérifiée, sur demande, par des mesures de terrain faites par l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement).
La norme acoustique fédérale a été révisée en 2007 en ce qui concerne tous les immeubles d’habitation. Elle prévoit deux niveaux d’isolation contre les nuisances sonores : « confort acoustique de base » et « haut confort ». L’instruction des demandes de permis pour les projets RER s’est référée à la convention environnementale « Bruit et Vibrations » conclue début 2001 entre la Région Bruxelles-Capitale et la SNCB.
De très nombreuses plaintes relatives à des nuisances sonores de voisinage ont été adressées à mon Echevinat. A quelques exceptions près, ces plaintes se sont avérées généralement justifiées.
Elles étaient souvent liées à l’activité nocturne du secteur HORECA et à la circulation des trams ; mais aussi plus inattendues comme le ronronnement d’appareils de climatisation, la fréquentation d’une salle de fitness ou le chargement matinal du réservoir d’azote liquide du CERVA au Groeselenberg…
Un citoyen ucclois a fait une fixation obsessionnelle sur le bruit nocturne des avions. Un examen de la carte des trajectoires de vol montre pourtant que Uccle est relativement peu concernée par les nuisances liées à l’aérodrome de Zaventem.
Il est évident par contre, qu’à l’échelle de l’ensemble de la région bruxelloise, les vols de nuit posent un problème d’autant plus interpellant qu’ils ne sont pas indispensables. Le système économique pourrait réapprendre à faire des stocks, se passer des fruits frais hors saison importés de l’hémisphère sud, et renoncer aux courriers urgents transportés par avion ! J’ai la conviction que c’est dans la direction d’une interdiction des vols de nuit (comme l’avait proposé la ministre Ecolo Isabelle Durant) que se trouve la solution.
Mon expérience d’échevine témoigne du fait que la solution au problème des nuisances sonores est loin d’être évidente.
Le responsable a tendance à minimiser la nuisance et se montre rétif à prendre les mesures nécessaires (changement de ses horaires, isolation du bâtiment, déplacement d’un appareil litigieux) ; les mesures de l’IBGE ne sont pas toujours faites au moment où le bruit est le plus fort ; les procédures administratives sont longues ; le Bourgmestre hésite à prendre un arrêté de fermeture de l’établissement en cause… Nous avons cependant obtenu des améliorations de la situation dans certains cas. Mais, malheureusement, je me suis sentie souvent impuissante face à ceux qui venaient m’expliquer leur souffrance ; une souffrance très réelle, susceptible de tourner à l’obsession.
Or, il s’agit d’un problème grave de santé publique.
On sait aujourd’hui que lorsqu’il s’agit d’un bruit trop fort (dépassant le seuil recommandé de 90db) ces nuisances sont de nature à endommager durablement le système auditif. Les jeunes amateurs de musique et de discothèque sont particulièrement exposés à ce danger. Lorsque qu’ils sont nocturnes et répétés, des bruits même d’une faible intensité peuvent entraîner une dégradation de la santé humaine avec un risque de syndrome dépressif. Les médecins constatent l’apparition de plus en plus fréquente et précoce des phénomènes d’acouphène, probablement liés à la multiplication des nuisances sonores dans notre environnement.
De toutes les pollutions, les nuisances sonores sont
probablement les plus difficiles à supporter.
C’est d’ailleurs un des thèmes les plus souvent cités par les habitants
en matière de qualité de leur environnement.