Quel monde disparate que la communauté des architectes !

Un échevin de l’urbanisme en rencontre de tous poils.


Une diversité de profils

Il y a ceux qui sont des modèles. Créativité alliée à l’écoute des désirs de leur maître d’ouvrage, connaissance des règles urbanistiques, prise en compte des caractéristiques du milieu où doit s’insérer le projet, dossier de demande de permis constitué avec clarté et rigueur.
J’en ai rencontré plusieurs. Travailler avec eux est un vrai plaisir.

Il en est malheureusement d’autres…

 A commencer par ceux dont le travail manque de rigueur.
Ils présentent, par exemple, un projet non conforme aux règles en vigueur sans demander officiellement de dérogation

Ignorance des règles ou espoir que cela passe inaperçu ? Les deux hypothèses sont plausibles.

Nombreuses aussi sont les demandes introduites avec des données lacunaires, confuses voire contradictoires (notamment des plans et formulaires statistiques non concordants).

La compréhension de tels dossiers mobilise le travail des architectes communaux d’une manière anormale au détriment du respect des échéances.

Quant aux exigences de l’administration en matière de plan d’implantation, elles sont souvent mal reçues ; il s’agit pourtant d’un document essentiel pour juger de la bonne intégration d’un projet dans son environnement.

 Un autre problème souvent rencontré : celui de l’architecte qui supporte mal l’idée de devoir modifier son projet initial.

L’architecture est un art ; on l’oublie trop souvent. Et je comprends que l’architecte se sente souvent brimé dans son geste créateur par des contraintes budgétaires comme par les exigences d’un droit de l’urbanisme dont il ne perçoit pas toujours l’utilité.

Il faut aussi reconnaître que les riverains contestataires d’un projet immobilier novateur formulent souvent des critiques lapidaires, d’autant plus blessantes qu’elles ne relèvent que d’une esthétique subjective. Dur, dur, de devoir affronter les enquêtes publiques !

Mais ne l’oublions pas : la création en architecture est une œuvre personnelle qui s’inscrit dans une dimension collective. Et il existe, heureusement, de nombreux architectes que les contraintes motivent en stimulant leur imagination créatrice. Avec ceux-là le dialogue s’avère toujours fécond.

 Redoutables, sont ceux qui jouent au promoteur immobilier. Ils présentent des projets très – trop – gourmands, sont experts en lobbying (à tous les niveaux de pouvoir) et n’hésitent pas à revendre un permis au plus offrant après l’avoir obtenu.

 Il arrive aussi (heureusement rarement) qu’un architecte enfreigne délibérément la loi, poussé par un client qui préfère payer une amende plutôt que d’attendre l’issue de l’instruction d’une demande pour commencer les travaux. C’est une pratique malheureusement habituelle de certaines chaînes commerciales.

Dans le cas d’un magasin de vêtement récemment ouvert dans le centre d’Uccle, l’architecte a même eu le culot de prétendre qu’il avait respecté la loi « puisqu’une demande de permis avait été introduite ». L’ouverture du nouveau commerce s’est faite avant même que ne se soit réunie la commission de concertation ; le permis a bien été délivré ultérieurement, mais avec l’obligation de prévoir une entrée séparée pour accéder au logement de l’étage… ce qui rend nécessaire la démolition de la nouvelle vitrine ! Il n’est d’ailleurs pas exclu que la Commune se voie dans l’obligation d’ester en justice pour obtenir que cette condition soit enfin respectée.

Et les préoccupations écologiques ?

Le nombre des architectes privés qui témoignent d’une authentique volonté de pratiquer de l’écoconstruction est en augmentation. Je ne peux que m’en réjouir.

Et ce malgré le souvenir amusé de celui qui, souhaitant valoriser (aux yeux d’une échevine Ecolo) son projet de rénovation d’un grand immeuble en vantait les aspects « écologiques » … lesquels se résumaient à l’alimentation solaire de l’éclairage de la cage d’escalier et à la récupération de l’eau de pluie pour l’arrosage du jardin !

Je suis reconnaissante au Collège ucclois d’avoir accepté (et partiellement financé) la formation universitaire d’une de nos architectes du service de l’urbanisme au développement durable en architecture. Un investissement assurément rentable pour l’avenir.

Les architectes communaux : une espèce toute particulière !

Leur tâche est lourde et exigeante ; elle requiert un sens aigu du service public et de l’intérêt collectif, une solide compétence technique et juridique ainsi qu’une grande capacité d’écoute des habitants.

J’ai obtenu l’engagement d’un architecte supplémentaire en fin de législature. Ce qui permettra une présence encore plus effective sur le terrain et libèrera du temps nécessaire pour les projets communaux de planification et la préparation des défenses en recours (en collaboration avec la juriste du service de l’urbanisme).

L’équipe des architectes ucclois de l’urbanisme a toutes les compétences requises. Auxquelles s’ajoutent les qualités d’une grande implication dans leur travail, d’une réelle ouverture à l’architecture contemporaine et d’une féconde créativité.

Cela mérite d’être souligné. Et je tiens à les en remercier.

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