J’aime les arbres, et je les aime en toutes saisons.
Pour leurs formes, pour leurs couleurs, pour leurs odeurs.
Comme les humains, ils diffèrent les uns des autres sous leur commune destinée.
Chaque arbre a son histoire ; je regrette qu’il ne puisse pas me la raconter.
Parce qu’il s’élève à la verticale et puise dans l’air et dans le sol les ressources dont il a besoin pour grandir, l’arbre fait figure de lien unissant le ciel et la terre. Il est un symbole de vie, d’épanouissement et de pérennité qui inspira bien des poètes et des peintres. Il suscite chez les êtres humains un profond attachement qui semble plonger jusqu’aux racines de notre inconscient.
Est-ce pour cela que l’artiste belge Bob Verschueren nous touche tant avec son œuvre « La voix des arbres » exposée récemment dans le parc du château de Seneffe ?
La gestion des espaces arborés
Le souci de préservation des forêts illustre bien l’image d’un développement durable : une forêt a un potentiel économique de production d’un matériau renouvelable qui fournit de l’emploi, elle préserve la qualité de l’environnement (sol, eau, air, biodiversité) et elle offre un espace de détente et de loisir.
La gestion judicieuse d’un espace boisé passe cependant par la nécessité d’abattre.
Un abattage programmé dans le but d’assurer un renouvellement régulier de l’écosystème mais aussi de le maintenir en état de remplir son rôle important de fixation du CO2 afin de lutter contre l’augmentation de l’effet de serre.
N’oublions pas que seul un arbre en croissance joue le rôle de « poumon vert » que nous attendons de lui : dans une forêt qui a atteint le stade de la maturité le bilan des échanges gazeux est nul (les quantités d’oxygène et de gaz carbonique dégagées et absorbées deviennent égales). Seul l’arbre qui grandit est un fournisseur d’oxygène et un consommateur de gaz carbonique.
L’abattage n’est donc pas toujours à condamner ; suivi d’une replantation judicieuse, il permet l’entretien de la vie.
Mais une décision d’abattage ne doit pas être prise inconsidérément !
L’idée lancée par un ministre wallon de supprimer les arbres qui bordent les routes (sous prétexte qu’ils sont la cause de graves accidents) se passe de commentaire ! Si ce n’est pour remarquer que l’automobile semble être, pour certains, la seule rivale acceptable de l’arbre.
Quelques habitants d’Uccle ont d’ailleurs milité, avec ténacité, pour réclamer l’abattage d’une magnifique rangée de peupliers parce que les racines de quelques uns avaient soulevé des dalles de l’accès à leur garage !
Mise à mort d’un arbre : sentiment d’un acte profanateur
Marronniers de l’avenue Churchill, hêtraie du bois de Verrewinkel,
grand chêne du Dieweg, tilleul du Bosveldweg …
autant d’exemples qui témoignent d’un combat citoyen très vigilant.
Les habitants d’Uccle parlent volontiers de « massacre à la tronçonneuse ». Ils se mobilisent, avec passion, dès que menace un abattage. Un conflit de valeurs se pose chaque fois que dans notre commune des arbres sont menacés par un projet de construction.
La loi permet heureusement d’imposer la protection de certains lors de la délivrance des permis.
L’instruction des demandes de construire un édifice ou d’abattre un arbre gênant doit toujours prendre en compte une analyse préalable de la végétation sur le terrain. Nous y avons toujours veillé ; mais, il arrive malheureusement trop souvent que l’entrepreneur ne respecte pas les consignes imposées dans les permis délivrés.
Certains arbres qualifiés de « remarquables » pour leur taille, leur beauté ou leur rareté bénéficient d’une protection patrimoniale particulière. Ils sont nombreux sur le territoire d’Uccle.
Se pose aussi le problème de l’élagage lorsque des arbres deviennent trop envahissants.
Il arrive que des arbres soient mutilés, comme ce fut récemment le cas dans un parc d’Uccle-centre. Les méthodes de taille douce, respectueuses de la physiologie de l’arbre doivent devenir des pratiques généralisées.
Conclusion de cette réflexion inspirée par un mot bien attachant :
L’arbre est symbole et source de vie. Le fait de planter un arbre est un geste fort, porteur d’espérance
« L’homme qui plantait des arbres », cette belle histoire racontée par Giono, est une parabole qui célèbre à la fois la revitalisation possible par l’arbre de contrées désertifiées et un modèle de comportement humain responsable et totalement désintéressé.
« Si on t’annonce que la fin du monde est pour demain, plante tout de même un arbre »
aurait dit Mahomet.
La présence d’arbres en milieu urbain est d’autant plus précieuse que le quartier est densément peuplé et socialement défavorisé.
Un seul arbre de voirie peut faire le bonheur de quelqu’un qui n’a pas la chance d’avoir un jardin !
Je me souviens, non sans émotion, de l’attachement éprouvé par une habitante de la rue de Stalle pour un arbre endommagé devant sa maison ; son remplacement était devenu pour elle le symbole d’une prise en considération de son quartier par le pouvoir communal.
Il appartient aux pouvoirs politiques communaux et régionaux de gérer le patrimoine arboré des espaces publics dans une perspective d’avenir.
Cela implique des coupes mesurées assurant le renouvellement des arbres, et donc des abattages (que les riverains ont souvent bien du mal à accepter, en oubliant que si l’arbre est bien un être vivant qu’il faut respecter, cela signifie aussi qu’il est voué à une mort inévitable !).
La défense des arbres est un noble combat, un combat malheureusement trop souvent nécessaire.
La plus grande vigilance s’impose pour la protection des arbres à préserver en marge d’un chantier urbanistique. Par ailleurs, le danger d’une déforestation mal contrôlée dans le monde tropical est très alarmant. Ne devrait être employé en construction que du bois labellisé (c’est-à-dire en provenance d’une forêt gérée de façon durable).
Je suis cependant tristement frappée par le contraste entre la spontanéité
de la mobilisation citoyenne uccloise en faveur des arbres
et l’indifférence si répandue des nantis face à la précarité sociale
d’un nombre croissant d’habitants de notre commune.