Quelques réflexions que ce mot m’inspire, parmi beaucoup d’autres possibles !


Des responsabilités politiques à tout âge

A l’issue de chaque élection quelques élus très jeunes renouvellent l’assemblée du conseil communal ucclois. Un apport de sang neuf fort bienvenu ! On peut toutefois se demander si le poids des mandataires âgés n’y est pas trop dominant. L’âge de la retraite est prévu par la loi pour toutes les professions, sauf en politique. Cela peut poser problème.

En 2000, j’étais une enseignante à la retraite en âge de devenir « senior ». En menant la liste Ecolo aux élections communales, mon intention n’était pas de devenir échevin. J’estimais normal de laisser la place à de plus jeunes. Les négociations ont ensuite évolué d’une manière inattendue ; nos partenaires nous ont proposé la compétence de l’Urbanisme (à la place de celle de l’Action sociale que PS et Ecolo revendiquaient en priorité) et mon groupe a souhaité que je l’assume.

Je n’ai pas regretté d’avoir accepté cette charge ; mais je continue de penser qu’il n’est pas souhaitable de s’accrocher à des responsabilités politiques importantes au-delà d’un certain âge.
J’estime qu’il faut savoir partir à temps ; j’ai donc annoncé, avant les élections d’octobre 2006, mon intention de ne pas rempiler. Certains citoyens ont eu la gentillesse de m’exprimer leur regret, tout en s’étonnant du fait que j’avais atteint les 70 ans. J’y ai été sensible.

Je ne sais qui a dit que « l’on n’est vieux que dans le regard des autres ».

Une jeunesse aux multiples visages

Les jeunes d’aujourd’hui affirment leur spécificité et leur volonté d’autonomie ; tout en restant plus longtemps dépendants financièrement des adultes ! Enseignants et parents se heurtent à des difficultés éducatives face auxquelles ils se sentent souvent démunis. La multiplication de comportements violents d’adolescents suscite l’incompréhension des responsables politiques.

Sans avoir la prétention de proposer des solutions miracle à ces problèmes de société, je redis ici ce que j’ai affirmé lors de l’inauguration des nouveaux locaux réaménagés, sur le plateau Avijl, par la Régie foncière communale à l’intention de la maison de jeunes l’Antirides :

« En ces temps où les médias montent en épingle des faits de délinquance commis par des adolescents, c’est l’action des maisons de jeunes telles que la vôtre qu’il faudrait souligner. Les autorités communales d’Uccle sont fières de vous apporter leur soutien ; un soutien à une action qui est la meilleure des préventions… En tant qu’enseignante, j’ai côtoyé des ados pendant 35 ans. Et je peux témoigner de leur immense potentiel de créativité et de solidarité. Un potentiel qui ne demande qu’à se développer…pour autant que des adultes leur offrent écoute et confiance, tout en leur apportant des clés pour comprendre le monde et s’ouvrir aux autres. »

Une caractéristique des jeunes qui me semble très positive : ils se montrent plus sensibles que beaucoup d’adultes aux questions d’environnement. Probablement parce que, l’avenir de la planète, c’est eux que cela concerne !

Révélatrice est cette déclaration spontanée, sur les antennes de la RTBF, d’un des jeunes faisant partie de la délégation qui s’est adressée au parlement wallon en faveur de la protection de l’environnement : « Vivement qu’on soit adulte pour prendre les décisions » !

Cette aspiration ne conduit pas forcément les jeunes vers un engagement dans un parti politique (il en est beaucoup d’autres possibles). Mais elle témoigne d’une prise de conscience civique qui contraste avec l’individualisme qui leur est souvent reproché par généralisation abusive.

Donnons aux jeunes la possibilité d’être des acteurs

de la construction du monde de demain.

Le vieillissement manifeste de la pyramide des âges uccloise

Aux facteurs démographiques communs à toutes les sociétés occidentales (chute de la natalité après le « baby-boom » de l’après guerre et augmentation de l’espérance de vie), se sont ajoutés dans notre commune l’implantation d’un grand nombre de « seniories » privées sur son territoire et le départ de beaucoup de jeunes ménages avec enfants en raison du prix très élevé de l’immobilier.

La politique communale du logement tente de remédier à cette dernière cause du vieillissement, notamment par une augmentation de l’offre de logements publics (moyens et sociaux). Ce qui implique l’acceptation, bien difficile pour certains, d’une certaine densification du tissu urbain.

Une société vieillissante prépare mal l’avenir

Les personnes âgées ont-elles le statut qu’elles méritent ?

A vrai dire, les différences d’âge civil entre adultes m’ont toujours paru de peu d’importance dans les relations humaines.

Et vieillir n’altère pas mon plaisir de me trouver en compagnie d’hommes et de femmes beaucoup plus jeunes que moi.
_Mais il faut faire le constat d’une grande détresse morale chez beaucoup de personnes âgées, une détresse qui alimente leurs craintes et leurs rancoeurs. Impression de n’être plus utiles, d’avoir des souvenirs qui n’intéressent plus personne… alors que leur participation est pourtant essentielle à l’entretien de la mémoire collective.

L’habitude s’est même installée dans certains milieux de parler des personnes âgées à leur place !

Plus un arbre est vieux plus il inspire le respect.

Chez nous il n’en va pas de même pour les êtres humains.

La grande sagesse des cultures d’Afrique noire pourrait ici nous inspirer.

L’importance de l’intergénérationnel sous-estimée en politique

Le service ucclois du Troisième âge organise traditionnellement des activités pour personnes âgées. C’est semble-t-il conforme aux souhaits de beaucoup d’entre elles mais des expériences plus novatrices pourraient être tentées.

Avec l’augmentation de l’espérance de vie, nos sociétés deviennent de plus en plus plurigénérationnelles. Alors qu’elles ont tendance à se raréfier, les possibilités de rencontres devraient être multipliées. Je crois en leur nécessité mais aussi en leur fécondité.

Elles se pratiquent déjà, en dehors du milieu familial, dans le cadre du bénévolat des aînés (notamment dans les écoles de devoirs) et des initiatives de volontariat des jeunes en maisons de repos ; mais elles pourraient être favorisées davantage (notamment par le développement de petites cellules d’habitat groupé).

L’expérience humaine acquise par les aînés et la maîtrise aisée des nouvelles technologies par les jeunes peuvent être l’occasion de multiplier les échanges fructueux. Créer des espaces de parole entre jeunes et vieux, favoriser des échanges de vécus, initier des réseaux d’entraide, susciter des occasions de créations et réalisations communes… autant de suggestions dynamisantes pour la remise en question des préjugés réciproques et le renforcement du lien social.

Malgré l’intérêt croissant que lui porte une partie du secteur associatif, il me semble que l’intergénérationnel reste à inventer.

Les solidarités de jadis répondaient à des exigences de survie ;

elles étaient fondées sur la proximité de la mort.

Celles qui se mettent en place de nos jours sont une exigence

née du prolongement de la vie.

« Tout ce qui encouragera le dialogue et les relations entre générations

sera favorable au progrès de nos sociétés vieillissantes…

La solidarité intergénérationnelle n’est pas seulement un concept séduisant de l’esprit,

ou une belle idée généreuse, mais une absolue nécessité du temps de la gérité »

(Michel Loriaux, démographe belge)

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