Un mot qui aurait mérité de figurer en fin de liste ; pour l’idéal qu’il personnifie !
« Zen » est la prononciation japonaise du nom chinois « chan » qui est lui-même une traduction du concept indien « dhyana » signifiant « méditation ». Le terme s’est transmis en même temps que le bouddhisme, dont il est devenu un des mots clé au Japon. Bien plus qu’un mot : un fondement de la pensée traditionnelle japonaise.
Le zen, nous dit-on, a été déterminant dans le développement du rituel de la cérémonie du thé, comme dans la conception des sports martiaux et celle des jardins japonais.
Le jardin japonais est l’image de cette nature « construite » qu’affectionne traditionnellement les Japonais alors qu’ils sont restés longtemps dans l’ignorance de la nature « écologique ». La découverte de celui du monastère zen de Ryoanji (près de Kyoto) laisse parait-il une sensation inoubliable d’ordre et de sérénité : quinze pierres surgissent d’une mer de sable fin ; disposées d’une manière telle que l’une d’entre elles demeure toujours invisible quel que soit l’endroit d’où on les contemple. Les Japonais pensent que la mémoire et l’imagination doivent toujours participer à la perception et ils ont appris à percevoir mieux que nous la forme et l’organisation de l’espace.
La science occidentale a mis en évidence l’effet bénéfique sur le cerveau d’une pratique régulière de la méditation. Mais à la suite d’un curieux appauvrissement de sens, l’expression courante « rester zen » est devenu synonyme de « rester cool ». Un état d’âme recommandable, pour lequel la langue française dispose pourtant d’un beau mot : la sérénité.
Le monde politique est un monde dur. Les mandataires baignent, inévitablement, dans le conflit. Ils doivent mener le combat au quotidien et sur plusieurs fronts ; et la paix n’est jamais durablement acquise. J’ai constaté que cela stimule le dynamisme de certains. Mais parvenir à « rester toujours serein » dans de telles conditions de travail est une performance à la portée de peu d’entre eux.
Je suis de ceux qui n’en n’ont pas été capables : comme beaucoup, j’ai dû affronter le stress.
J’ai cependant tenu les 6 ans. Avec le soutien amical et régulier de mon médecin ; et la présence à mes côtés de quelques collaborateurs de confiance qui partageaient mes valeurs. La principale difficulté fut pour moi de ne pas parvenir à déconnecter de préoccupations qui avaient une fâcheuse tendance à devenir obsédantes, et ce 24 heures sur 24.
On apprend cependant progressivement à prendre du recul. A remettre ses émotions négatives à leur juste place. A moins hésiter quant aux décisions à prendre. A se blinder contre l’agressivité ; en comprenant que, à travers notre personne, ce sont les idées que nous défendons et les actes que nous posons en tant que mandataire public qui sont remis en question.
Rester zen n’est pas facile pour un politique qui s’implique
dans un mandat à lourdes responsabilités.
C’est pourtant une grande force lorsqu’il y arrive.
Je ne sais pas comment font les autres. Ils n’en parlent guère !