L’axe de la chaussée de Waterloo est une des plus anciennes voies de circulation conduisant à Bruxelles. Elle est jalonnée de lieux dits aux noms évocateurs de son passé rural : Petite Espinette (cabane isolée dans les bois), Vivier d’Oie, Vert Chasseur, Ma campagne. Quant au quartier de la Bascule, son nom rappelle la balance qui servait à peser les véhicules qui empruntaient la chaussée afin de déterminer le montant de la taxe à payer pour franchir la barrière de Vleurgat.
Sur une grande partie de son tracé ucclois cette artère très fréquentée est bordée sur son côté Est par la forêt de Soignes et le Bois de la Cambre. Un environnement vert tout proche qui attire de nos jours les promotions immobilières.
Une entrée en région bruxelloise
Contrairement à l’accès par la rue de Stalle, aucun monument ne signale l’entrée dans la capitale. Mais un bâtiment remarquable marque depuis longtemps le paysage à l’orée de la zone urbaine : celui de la taverne restaurant du Prince d’Orange.
Il s’agit d’une belle œuvre de style « cottage », construite par l’architecte Jasinsky au début du 20ème siècle. Dans l’esprit de nombreux Ucclois, ce lieu est symbolique, considéré comme important dans la mémoire collective. Il a pourtant failli disparaître après la fermeture de la taverne !
Désaffecté comme restaurant, le site avait été racheté par un promoteur immobilier désireux d’y édifier un immeuble à appartements. Difficile de contester le principe d’une telle demande de démolition-reconstruction : le bâtiment ancien ne bénéficiait d’aucune mesure légale de sauvegarde patrimoniale. Nous avons pourtant refusé le permis pour des raisons urbanistiques (programme trop imposant, nombreuses dérogations, architecture mal adaptée au lieu). Avec pour conséquence le maintien d’un chancre dont l’avenir semblait très incertain.
Une nouvelle demande fut introduite, par une société désireuse de réhabiliter le restaurant après rénovation du bâtiment. La Commune comme le comité de quartier ne pouvaient que s’en réjouir.
Le problème s’est cependant posé d’un comportement infractionnel du demandeur face auquel le Collège s’est trouvé fort démuni. Les travaux de transformation ont été réalisés en un temps record, avant la délivrance du permis ! Avec la couverture d’une terrasse en façade d’un style contesté, à juste titre, par le service régional des Monuments et Sites. L’objectif était celui d’une réouverture pour la belle saison de 2006.
Autre péripétie de ce dossier : le problème de la vive contestation d’un riverain angoissé par la crainte des nuisances sonores liées à l’exploitation du lieu a été réglé d’une manière peu habituelle ; le patron du restaurant lui a offert un bon prix pour le rachat de sa villa ! Ce qui n’a évidemment pas empêché que la Commune impose au demandeur la mise en place une protection anti-bruit efficace.
Un exemple, parmi d’autres, de la manière pour le moins cavalière
dont se comporte certains demandeurs de permis « hommes d’affaires » expéditifs.
Je dois reconnaître que le site a toutefois repris vie, à la satisfaction générale.
Un tissu urbain relativement hétéroclite
Noyaux commerçants qui s’étirent au point de se rejoindre ; résidentiel très modeste à côté de villas début de siècle et d’immeubles de standing récents,écoles, seniories, bureaux, clubs sportifs…
Cette diversité peu cohérente d’un point de vue paysager de la partie uccloise de la chaussée témoigne d’une urbanisation progressive qui a généré un exemple intéressant de mixité urbanistique et sociale.
Cette chaussée n’est pas une artère « de prestige » mais un axe qui attire. Elle constituait jadis une rupture au sein d’un tissu résidentiel plus récent. Une évolution récente est frappante : les anciennes villas unifamiliales sont parfois rénovées mais le plus souvent remplacées par des immeubles à appartements avec rez-de-chaussée commerciaux ; des commerces de luxe s’y établissent aujourd’hui de plus en plus nombreux, fréquentés par les habitants des quartiers résidentiels « chics » qui la bordent.
Un axe de grand trafic
Le trafic automobile y est dense presque toute la journée. Il s’agit d’un trafic de transit aux heures de pointe et d’un trafic local lié à l’attractivité de l’offre commerciale.
L’axe est par ailleurs bien desservi en transports en commun.
La chaussée de Waterloo fut pendant longtemps une importante ligne de trams (les trams dits « vicinaux », ceux qui portaient une lettre, non un numéro). Ils sont aujourd’hui remplacés par des bus. Sur certains tronçons circulent des bus des trois compagnies (TEC, De Lijn et STIB).
Cet axe routier encombré pose des problèmes de fluidité.
Le Plan communal de Mobilité propose des pistes à étudier pour l’augmentation de la vitesse des transports en commun (sites propres ou couloirs réservés possibles sur certains tronçons, réorganisation de l’ensemble des grilles de feux …). Ces diverses mesures devraient être une priorité.
Dans le même ordre de préoccupation, la STIB souhaite à juste titre l’aménagement d’un site propre pour les trams 3 et 23 dans le tronçon Churchill-Legrand ; ce qui implique la suppression d’une bande de stationnement. La Commune, d’abord très réticente, envisage aujourd’hui de créer un parking public sur un terrain libre riverain.
Avec la nouvelle halte RER, le noyau commercial du Vivier d’Oie va devenir un important pôle intermodal de déplacements. On est en droit d’espérer que cela réduira la densité du trafic automobile vers le centre-ville sur la chaussée pour autant que les possibilités de stationnement soient assurées.
La chaussée pose aussi des problèmes de sécurité.
C’est sur cette voirie que l’on enregistre sur Uccle le plus grand nombre d’accidents avec blessés. Une triste réalité en partie liée à l’effet de barrière de la chaussée pour la mobilité douce. Le Plan communal de Mobilité prévoit plusieurs carrefours à sécuriser prioritairement de manière à favoriser l’accès vers la forêt et le bois.
Un axe très ancien, devenu aujourd’hui un transect
(du pentagone populaire à la banlieue huppée)
révélateur d’une structure spatiale urbaine très diversifiée sociologiquement.