Uccle se flatte d’une tradition qui permet aux conseillers communaux de l’opposition de s’exprimer dans des conditions très satisfaisantes. Temps de parole non limité, maintien, sous la présidence efficace du Bourgmestre, d’un climat d’écoute relativement correct, réponses généralement pertinentes données par le Collège aux questions et interpellations. Avec l’instauration (sous la précédente législature et conformément au souhait du partenaire Ecolo de la majorité), d’une page ouverte à l’opposition dans le journal communal : une grande première !
L’existence de forces d’opposition et la possibilité pour elles de s’exprimer librement sont une exigence fondamentale de la démocratie.
L’opposition limite les abus du pouvoir en place par le contrôle qu’elle exerce sur l’action des mandataires. Elle suscite le débat idéologique public. Par ses propositions constructives elle peut être un facteur d’innovation. Son rôle principal n’est-il pas de proposer des alternatives ?
Il n’en reste pas moins vrai que, face à une coalition de majorité soudée, le pouvoir qu’a l’opposition d’infléchir les décisions demeure très limité.
Le jeu politique exige malheureusement le plus souvent que les conseillers de la majorité ne votent pas les propositions de l’opposition ; même lorsqu’elles sont intéressantes. Il est rare que des amendements proposés par des conseillers de l’opposition soient acceptés.
Le libre accès à l’information des conseillers communaux de l’opposition est un droit qui, dans la pratique, demeure assez théorique. La masse des informations qui passent au Collège est telle que les conseillers sont dans l’impossibilité matérielle de les intégrer, en supposant même qu’ils trouvent le temps de consulter les dossiers.
Les critiques de l’opposition telles qu’elles sont exposées en conseil communal témoignent, souvent mais pas toujours, d’une information lacunaire ou biaisée.
Les conseillers se fondent le plus souvent sur une information donnée par des citoyens, qui ont par la force des choses une vision partielle et subjective des problèmes. C’est pourquoi les interpellations des opposants peuvent être l’occasion, pour le Collège, de rectifier et compléter publiquement l’information ; d’une façon qui, en définitive et paradoxalement, conduit à valoriser son action !
Au terme d’une législature, il appartient à l’opposition de faire un bilan critique de l’action de la majorité. Depuis qu’est imposée à la majorité l’obligation d’une « déclaration de politique générale » en début de législature, il est aisé de dresser ce bilan en référence aux engagements pris.
Le leader de l’opposition uccloise ne s’en est pas privé en 2006. Mais dans tout bilan il y a du positif. Ne pas le reconnaître déforce l’auteur du discours. Tout ce qui est excessif ne devient-il pas insignifiant ?
L’expérience de la majorité arc-en-ciel fut riche pour les mandataires Ecolo. Elle nous a rendus plus compétents et beaucoup plus conscients des réalités à prendre en compte. Elle a démontré notre capacité d’exercer des responsabilités exécutives et accru notre crédibilité.
Cependant, une minorité d’Ecolos ucclois ont supporté difficilement les compromis inhérents à une participation minoritaire dans une coalition. Peut-être par manque de confiance et par crainte d’une « pactisation avec l’ennemi » ; mais surtout, je pense, parce qu’ils n’ont pas intégré les multiples contraintes qui limitent l’exercice du pouvoir.
Ecolo se retrouve aujourd’hui dans l’opposition à Uccle.
Nous avons perdu l’essentiel de nos capacités d’action ;
mais retrouvé une entière liberté de parole.
Pour une opposition critique vigilante, mais honnête et constructive.