Politiques et journalistes se côtoient régulièrement.

La majorité des élus attachent d’ailleurs une importance primordiale

à la manière dont on parle d’eux dans la presse.

Certains entretiennent des relations privilégiées avec un journaliste,

choisi pour relayer leur action.

Je dois reconnaître que j’ai négligé la communication médiatique ;

faute de trouver du temps pour m’en occuper !

Ce fut probablement une erreur.


Les medias, un contre-pouvoir nécessaire

La santé démocratique d’une société, on l’a dit souvent, dépend beaucoup de l’indépendance et de la diversité de la presse.

Les médias ont à cœur d’assumer ce qu’ils estiment, à juste titre, être un « devoir d’information ». Leur liberté d’opinion et de parole doit être défendue (exception faite pour ceux dont l’objectif s’oppose aux valeurs démocratiques !).

Le journalisme, un métier difficile

Je crois que ces difficultés sont très fondamentalement liées à des contraintes de temps imposées par un milieu financier très concurrentiel.

Les journalistes du quotidien sont trop souvent dans l’obligation de travailler dans l’urgence, sans avoir le temps d’aller sur le terrain, ni, surtout, d’acquérir les cadres de références nécessaires à la compréhension des problèmes et des enjeux.

Combien de fois ai-je dû leur donner au téléphone, pour le jour même ou le lendemain, des informations sur un dossier « chaud » d’urbanisme qui aurait demandé à être analysé en profondeur, plans en main ! On ne peut qu’être dans une logique du « vite fait » approximatif lorsque le journaliste a reçu mission de rédiger un article en quelques heures dans un domaine technique dont il n’est pas spécialiste.

Les exigences du traitement de l’actualité expliquent donc des erreurs et des lacunes dans l’information transmise, qui sont parfois lourdes de sens. Sans pour autant les justifier !

Je souscris aux propos du nouveau directeur général de TLB, Marc de Haan, quand il dit

« qu’il importe surtout d’éclairer le téléspectateur en lui apportant les outils d’analyse ».

C’est évidemment tout autre chose que d’être un « passe micro » des citoyens !

Encore faut-il donner aux journalistes les moyens matériels d’informer correctement. Le climat concurrentiel actuel entre médias en rivalité pour la conquête des parts de marché ne va pas dans ce sens. L’exigence d’attirer le public est malheureusement devenue souvent une condition de survie.

La recherche du scoop et la qualité de la forme (avec des titres accrocheurs et pas toujours en adéquation avec le contenu de l’article) sont alors privilégiées par rapport au traitement de fond de l’information. Des informations trop hâtives doivent trop souvent être démenties le lendemain.

Certains journalistes sont les premiers à s’inquiéter et à dénoncer le fait que les conditions de travail qu’on leur impose « au nom de la rationalité économique » nuisent à la qualité de l’information.

Le Groupe Bruschetta (rassemblant des journalistes et des juristes) a mené à cet égard une intéressante réflexion, dont les conclusions ont été soumises aux quatre partis francophones sous la forme d’une résolution qui a reçu le soutien des sénateurs écologistes et socialistes.

L’information, un enjeu politique majeur

L’information conçue comme étant une mission de service au public est un outil de citoyenneté responsable irremplaçable.

Or, de nombreux problèmes se posent malheureusement quant au traitement de l’information par les médias :

  • Si les règles de déontologie sont strictes en matière de sources (on cherche à relayer les différents points de vue ; on cite ses sources mais on respecte aussi, s’il le souhaite, la confidentialité de l’identité de l’informateur), elles le sont moins quant au choix des événements montés en épingle.

    Je déplore cette prédilection de la presse pour les thèmes conflictuels et sa tendance croissante à jouer sur l’émotionnel.

    Apparemment ce qui va bien et ne pose pas de problème n’est pas censé intéresser les gens ! Les informations positives envoyées à la presse ne trouvent qu’un relais discret. Ce qui va bien est un « non événement ». Par contre, le moindre désaccord politique ou conflit de voisinage trouve une large audience.

    Je me demande aussi pourquoi on attend trop souvent que les gens soient morts pour exprimer tout le bien que l’on pense d’eux (une question qui m’est venue à l’esprit à la lecture d’un remarquable texte publié dans le Soir à l’occasion du décès de l’avocate pénaliste Anne Kriwin).
  • Le montage des émissions et la conception des articles de journaux pose un autre problème : une phrase tronquée ou hors contexte peut trahir la pensée de l’interlocuteur. Les journalistes en sont-ils suffisamment conscients ?

    Les hommes et les femmes politiques ont d’ailleurs bien compris comment fonctionnent les médias : leur discours tend donc à privilégier les « phrases choc » qui seront épinglées au détriment de la réflexion de fond et de la nuance.
  • Les illustrations (photos, cartes, graphiques…) manquent souvent de pertinence. Elles semblent destinées à accrocher le regard plus qu’à fournir une information riche de sens.
  • Autre chose est la déformation délibérée de l’information par un journalisme au service d’une cause partisane.

    Je n’ai heureusement eu à le déplorer qu’une seule fois, dans le chef d’un journaliste qui a par ailleurs refusé tout contact direct avec moi. Dans ce cas, le droit de réponse reste assez théorique ; car il reste toujours quelque chose d’une rumeur.

Un constat bien sévère, me direz-vous ? Peut-être…

Car malgré des conditions de travail difficiles, certains journalistes

témoignent de grandes qualités d’objectivité, d’analyse et de synthèse.

Je suis la première à le reconnaître.

Share This