Un texte de Bénédicte Heindrichs, chercheuse-associée à Etopia et conseillère politique à Ecolo


La question de la justice redistributive touche directement aux politiques de logement. La Belgique est considérée comme un des pays possédant un des meilleurs systèmes de sécurité sociale au monde. Pourtant, des inégalités sociales se creusent dans notre société. Un des moteurs de ce processus est paradoxalement la politique publique menée en matière de logement : une longue tradition de politique acquisitive basée sur l’idée que la possession d’un logement est l’un des piliers de la sécurité d’existence des ménages. Les politiques publiques fédérales et régionales se focalisent sur l’attribution de primes et aides visant l’acquisition d’un logement. Or, celles-ci bénéficient principalement aux classes moyennes et aisées, comme l’a démontré une étude récente .

A l’inverse, les plus précarisés dans notre société sont le plus souvent locataires et la majorité de ces aides ne s’adressent pas à eux ou leurs sont inaccessibles pour différentes raisons.

Aujourd’hui, les politiques publiques visant le soutien à l’acquisitif montrent de plus en plus leurs limites dans un contexte de hausse des prix de l’immobilier. La crise est là et devenir propriétaire n’est plus une chose aisée : il manque de logements abordables et décents et la paupérisation de la population progresse. L’évolution à la hausse des loyers, la diminution de la taille des ménages, l’évolution de la composition des familles (séparation / recomposition), l’augmentation du prix de l’énergie et le contexte socio-économique sont des causes structurelles de difficulté d’accès au logement. Les ménages doivent consacrer une part de plus en plus large de leurs moyens pour se loger. Parallèlement à cette précarisation d’une part importante de la population, les prix immobiliers subissent une surenchère depuis plusieurs dernières années.
Sur le plan des politiques publiques, on assiste à une fuite en avant : on élargit l’assiette des bénéficiaires et des montants alloués sans réellement répondre aux problèmes d’accès au logement des plus démunis dont les rangs grossissent régulièrement.

Les décisions prises par le Gouvernement wallon relatives à la politique du logement dans le cadre du conclave budgétaire du 7 novembre 2008 illustrent parfaitement cette situation. Vont-elles véritablement dans le sens du renforcement du pouvoir d’achat des plus démunis? Quelles sont les conséquences de telles décisions sur la politique d’aménagement du territoire? Quels sont les impacts financiers de telles décisions? Ces 3 questions interrogent la portée réelle des mesures proposées afin de les évaluer à l’aune des objectifs d’une plus grande équité sociale et de la défense de l’environnement.

Table des matières (document complet à télécharger ci-contre)

  • Introduction
  • Le « prêt Tremplin », nouvelle mesure du gouvernement wallon
  • Impacts du « prêt Tremplin »
    • Mesure anti sociale
    • Pompe à désurbaniser
    • Budget non maîtrisé
    • L’impact financier actuel du «prêt jeune» se présente ainsi :
  • Conclusion
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