Retranscription de la conférence Dany Cohn-Bendit – Cornélius Castoriadis, le 27 février 1980 à Louvain-la-neuve, dont est tiré le livre « De l’écologie à l’autonomie » (Seuil, 1980).

Préambule de juin 2008

Ce texte provient d’un moment où le spectre de mai ’68 était intensément palpable et
concernait les écologistes au plus haut point : une grande conférence organisée dans un
auditoire belge, à Louvain-la-Neuve, université créée à la suite du Mai 68 flamand. C’était le 27 février 1980, soit dix jours avant le 8 mars 1980, date de la création du parti Ecolo.

Ce jour-là, il y eut dans un auditoire comble : 1000 personnes pour venir écouter dans
l’hilarité générale, provoquées par les pannes de micro électrique, Cornelius Castoriadis et Dany Cohn-Bendit, mais aussi dans une sorte de recueillement – osons le mot – presque religieux. Sorte de mai après mai, c’était surtout un lien qui s’est établi entre deux pôles : l’écologie et l’autonomie. Castoriadis n’a pas tellement parlé ce soir-là de l’autonomie comme remise en question des autorités (le général de Gaulle, le recteur de l’ULB, les évêques belges ou Van den Boeynants, le Michel Daerden de l’époque), mais plutôt de l’autonomie comme forme d’auto-gouvernement et de remise en question de l’imposition de mode de consommation et de production.

Ce n’est sans doute pas tout à fait un hasard (mais évidemment c’était dans l’air du temps) si
une semaine plus tard dans le préambule du texte fondateur d’Ecolo on trouve les mots
« fédéralisme » et « autogestion » (ce qui est assez proche, du moins à l’époque) à côté du
mot « écologie ». C’est la raison pour laquelle, depuis lors, l’écologie ce n’est pas seulement
la défense de l’environnement, c’est aussi la volonté de reprendre le pouvoir et de le
reprendre ensemble – pas tout seuls. Le pouvoir de vivre et pas le pouvoir de dominer le
monde. Le pouvoir de décider soi-même, ensemble, à la base de la société, le plus possible.
C’est la volonté de reprendre le pouvoir par rapport à une logique de besoins qui sont
imposés par le système capitaliste ou par tous ceux qui veulent décider à notre place de ce
qui est bon pour nous. C’est la volonté de résister aux tentations autoritaires de tous poils.
C’est surtout la volonté de réinventer politiquement – c’est-à-dire dans la discussion
démocratique – ce que la liberté veut dire dans un contexte où il y a chaque jour un peu plus
urgence et nécessité absolue de changer complètement la vie et en même temps une volonté
d’inventer des formes tout à fait nouvelles pour y arriver. C’est pour cela qu’il vaut la peine
de relire ou réécouter Castoriadis et Cohn-Bendit nous parler d’écologie, d’autonomie et…
d’énergie.

Benoît Lechat, étopia.

Retranscription

Pour une lecture aisée de cette retranscription, nous vous proposons de télécharger le document pdf ci-contre.

Exclusivité Etopia : l’enregistrement d’époque, remastérisé par nos soins, peut aussi être écouté dans notre section podcast. Lien direct vers cette page

Cette retranscription a été réalisée par le site [->www.magmaweb.fr] sur base de l’enregistrement sonore de l’ensemble de la conférence réalisé par Benoît Lechat, remasterisé et publié en 2007 par Etopia.

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