Un texte de Benoît Lechat, chercheur à Etopia.


Lorsque le 13 mai 1966, les évêques belges publient ce que dans le vocabulaire du droit canon on appelle un « mandement », c’est-à-dire un ordre écrit adressé à l’ensemble des catholiques du pays, dans lequel ils réaffirment la légitimité de la présence d’une université catholique bilingue en territoire flamand, ils ignorent sans doute qu’ils vont ouvrir une période d’agitation politique qui, à terme, va transformer radicalement le visage de l’Etat et de la société belges. En Belgique, la vague de contestation étudiante qui touche la plupart des sociétés occidentales commence par cette décision d’une hiérarchie religieuse qui, pour les nouvelles générations, semble tout droit sortie de la nuit des temps. Elle entraîne non seulement la mobilisation du mouvement national flamand, né dans la seconde moitié du XIXème siècle, mais aussi l’émergence d’un mouvement étudiant d’un nouveau genre. Dans la partie francophone du pays, cette mobilisation ne trouve évidemment pas de prolongement. Mais là aussi, de manière certes très différente, la contestation étudiante s’en prend à l’autorité universitaire et en l’occurrence au conseil d’administration de l’ULB, dont le caractère non-démocratique est dénoncé. Plus tard, les étudiants francophones de l’université de Louvain tenteront également – au moins partiellement – de profiter de leur transfert en terre wallonne pour transformer de fond en comble leur institution. En Belgique, en 1968, la remise en question de l’autorité porte d’abord sur le pouvoir universitaire.

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