Une étude très approfondie de Lissandre Ellyne, philosophie et économiste de formation, chercheuse-associée à étopia

L’avenir européen ne peut plus être dissocié de l’avenir des peuples pauvres. Les pays européens bénéficient globalement de l’internationalisation et l’intégration croissantes des marchés. Celles-ci creusent toutefois les inégalités de départ entre ceux-ci et les pays en voie de développement, et accroissent les problèmes d’immigration et d’instabilité politique et économique classiquement liés à une globalisation où le facteur capital est libre et où le facteur travail est lourdement réglementé. Les avantages de la globalisation représentent autant d’opportunités auxquelles les peuples n’ont pas un accès égal. Face à ces défis, l’émergence progressive d’une politique internationale du développement laisse penser que des solutions peuvent être apportées à ces inégalités. L’aide au développement peut appuyer le développement des pays pauvres et fournir des biens globaux là où il en manque afin d’égaliser le terrain d’opportunités entre pays. Toutefois, l’enjeu de l’aide est complexe et délicat. Les programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 1980 et 1990, par exemple, se sont traduits par l’appauvrissement relatif et absolu des pays subsahariens.

L’objectif du texte est de susciter le débat sur les forces et les faiblesses des politiques de développement et de coopération actuelles, et ce afin de stimuler la première étape d’un processus de conscientisation et d’action politique sur la coopération au développement. En particulier, il convient de revoir les pratiques des Institutions de Bretton Woods (IBW), à savoir les Nations Unies, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, maîtres coordinateurs de l’aide en Afrique depuis la crise financière de 1980. L’analyse de cette étude tentera à ce titre de mettre en exergue l’approche des Stratégies de Réduction de la Pauvreté (SRP). Il s’agit non seulement d’étayer notre compréhension des rapports entre institutions internationales, pays à bas revenus et les défis de la globalisation mais d’entrevoir la logique des SRP ainsi que leurs incohérences.

La première partie de cette étude fait donc état des stratégies de réduction de la pauvreté (SRP), politiques en cours depuis 1999, tant au niveau de leurs préceptes qu’au niveau de leurs objectifs et de leur administration. La deuxième partie de l’étude met en lumière les théories et les modèles économiques à partir desquels les SRP sont construites. Ces deux étapes permettent finalement d’évaluer dans une troisième partie
la cohérence interne du discours théorique, pratique et politique des SRP. L’œcuménisme des théories économiques adoptées a-t-elle un sens ? Les SRP établissent-elles un cadre international par lequel les pays peuvent gérer collectivement les déséquilibres créés par l’économie mondiale de sorte que tout peuple puisse accroître au même titre sa conception de bien-être économique et social ?

Table des matières de ce document (version intégrale à télécharger ci-contre)

Introduction

I. L’économie clinique

1. Contexte d’émergence
2. Les hypothèses de base
3. La stratégie de réduction de la pauvreté

II. Le développement économique

1. La croissance économique
1.1 Le modèle de l’accumulation du capital
1.2 Le modèle Harrod-Domar

2. Piège à la pauvreté et aide au développement
2.1 Comment éviter le piège
2.2 Capitaux, investissements et besoins premiers

III. Evaluation tridimensionnelle

1. Ambivalences théoriques des SRP
1.1 Entre théorie linéaire et théorie structurelle
1.2 Entre holisme et individualisme
1.3 Entre éclaircissements et occultation
1.4 Entre innovation et statu quo

2. Inadaptations pratiques des stratégies de réduction de la pauvreté
2.1 Financing gap approach à l’Index
2.2 Incitations Individuelles au menu ?

3. Le danger politique du Post-Washington Consensus

Conclusion

Acronymes

Bibliographie

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