«Archivage : nom masculin. Action de conserver et de classer des documents ne présentant plus un intérêt immédiat» (Dictionnaire de français Larousse).

Voilà une définition du mot archivage qu’il nous faudra bientôt… archiver.

Elle ne présente en effet plus un intérêt immédiat tant la signification, la mission, le rôle conférés aux archives et aux archivistes ont évolué. Non seulement dans les techniques mais aussi parce que l’abondance, la diversité et l’immédiateté dans laquelle sont produites les informations qui font les petites et la grande histoire affectent notre mémoire collective. Cette dernière constitue cependant un patrimoine inestimable, dans d’innombrables domaines. Mais elle peut être aussi défaillante que la mémoire individuelle, tantôt conservatrice, sélective ou réécrite après coup. C’est là que la rigueur et la passion des archivistes se déploient à grands renforts d’instruments partagés ayant avant tout pour but de faire de ce patrimoine collectif du passé récent ou plus lointain un outil pour le présent et le futur.

Une société en transition telle que nous la vivons et un monde réel et virtuel de plus en plus «réseauté» exige plus encore que par la passé de prendre acte et note des processus en cours. Dans un tel contexte, l’histoire des mouvements sociaux et politiques, le déroulement, les épisodes et épilogues de batailles citoyennes et militantes, l’émergence de nouveaux paradigmes, de nouvelles pratiques, de nouveaux acteurs, d’institutions renouvelées sont de la plus haute importance. Les supports de toutes natures qui en sont la trace doivent être accessibles de façon cohérente, à ceux qui se consacreront à leur analyse à des fins juridiques, d’étude, de recherche historique ou scientifique.

Travailler de cette manière pour les générations futures, produire des balises et des référentiels exige un effort non seulement des archivistes, mais aussi des acteurs qui comme Monsieur Jourdain, produisent des archives sans le savoir. Rien d’étonnant à ce qu’eux-mêmes, dans le feu de l’action, ne prêtent guère d’attention à la seconde vie des documents et supports d’informations qu’ils fabriquent en quantité. Il y a par contre grand intérêt à forcer la conservation et la collecte de ces témoignages. Les archivistes, sortes d’arpenteurs documentaires, si on prend la peine de les leur transmettre, transformeront cette quantité d’informations en une compilation des traces des activités de ceux qui par leurs fonctions ont participé au projet, à l’institution, contribué à son organisation. Ils ne visent pas l’exhaustivité car on ne peut tout conserver et il n’y a pas de mémoire intégrale.

«L’archive a toujours été un gage, et comme tout gage, un gage d’avenir» – Jacques Derrida.

Les écologistes veulent prendre leur part dans cette conservation dynamique et prospective. Leur relative jeunesse dans le paysage socio-politique autant que leur engagement dans une approche holistique, interdépendante et interconnectée leur confère autant de flexibilité que de rigueur, d’ambition que de réalisme.

C’est ce que les auteurs des contributions qui suivent tenteront de démontrer.

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