J’aime les zooms, au cinéma comme en photographie.

Lorsque le cinéaste fait un zoom il focalise l’attention du spectateur

sur une partie de l’image qu’il veut mettre en valeur.

Qu’il souligne l’essentiel du message ou épingle un détail de l’image qui passait inaperçu,

le zoom est toujours porteurs de sens.

Mais le zoom est une image trompeuse si elle demeure le seul éclairage de la réalité !


Le zoom, une pratique courante en politique

La focalisation sur un aspect de la réalité par les élus, les citoyens ou les journalistes ne s’exerce pas toujours à bon escient.

On épingle un fait qui figure, grossi parmi beaucoup d’autres possibles, dans l’image stigmatisante d’un mandataire ; ou qui, au contraire, valorise son action. L’esprit de clocher incite à dramatiser un problème local (par exemple de mobilité) et à proposer une solution ponctuelle sans en percevoir les implications plus générales (c’est le « yaqua » bien connu !).

Par contre, une visite de terrain, par exemple, est un « zoom » souvent très utile dans l’instruction des dossiers d’urbanisme.

Elle permet la prise en compte de spécificités locales du site concerné (relief, perspectives paysagères…) qui échappaient au seul examen des plans réglementaires (PRAS et PPAS) et du dossier de la demande écrite.

La démarche inverse du zoom, souvent salutaire

Cette démarche (puis-je parler d’un « contre zoom » ?) permet à celui qui s’engage en politique de relativiser l’importance excessive qu’il peut être tenté d’accorder à certains problèmes locaux. Il est bon de sortir de « sa bulle », de voir les choses de plus haut, de dépasser les logiques électorales de l’échelle communale.

Uccle n’est pas le nombril du monde, ni même de la capitale ! Je suis consciente que cette réflexion donne un argument à ceux qui prônent le cumul d’un mandat communal avec un mandat de parlementaire régional ou fédéral. Une pratique courante dans les autres partis, qui n’est pas admise chez Ecolo (sauf rares exceptions dûment motivées) et s’est avérée un point d’achoppement délicat lors des négociations régionales de 2009.

Elle permet d’insérer les faits dans leur contexte et de les relier entre eux pour qu’ils prennent leur véritable signification. Les problèmes de mobilité et de logement par exemple gagnent à être traités par des politiques à l’échelle régionale.

Le choix des matériaux de construction des bâtiments en est un autre bon exemple. On envisage souvent seulement des critères de propriétés d’usage, sans prise en compte des conséquences du processus de fabrication en amont et des possibilités de recyclage ou de réemploi en aval.

Dans le débat démocratique, le fait de prendre le recul nécessaire pour voir les choses de plus haut facilite la compréhension de certaines décisions, qui, prises isolément, paraissent contestables dans l’optique d’une démocratie de voisinage.

Ainsi par exemple à propos de la gestion des propriétés de la Régie foncière communale.

Deux de ses terrains à bâtir ont été vendus clos du Drossart (après mise aux enchères comme l‘exigeait la loi), au grand dam des riverains qui se sont vus imposer des promotions immobilières privées à la place de deux espaces verts « de fait » (et non « de droit ») sur lesquels ils auraient tout au plus admis quelques unifamiliales. Cette décision du Collège s’inscrivait dans le cadre d’une politique visant à dégager des fonds propres pour financer des projets de construction de logements publics (sociaux et moyens) sur d’autres propriétés foncières communales (rue de la Pêcherie et au plateau Avijl) qui nous semblaient être des sites plus adéquats que les terrains du Drossart.

Tout l’intérêt des appareils munis d’un zoom est le double sens du mécanisme.

Il permet ce que les géographes dénomment les « changements d’échelle ».

Seule la combinaison des images permet d’appréhender la réalité

dans une vision systémique qui reflète toute sa complexité.

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