Il est de plus en plus courant de déplorer l’existence d’un « fossé entre le citoyen et le politique ». Dans ce climat, les moments de rencontre véritable prennent toute leur saveur !
Il arrive que d’une rencontre fortuite, naisse l’étincelle qui nourrira un contact chaleureux et authentique inattendu.
Dans l’exercice de mon mandat d’échevin, j’ai gardé en mémoire quelques rencontres de ce type. Ainsi, par exemple, l’accueil chaleureux de l’habitante du moulin du Nekkersgat un jour de visite patrimoniale ; l’enthousiasme d’un citoyen qui nous a apporté une aide précieuse pour la réalisation des photos illustrant une des brochures de « promenade-découverte » éditée par mon échevinat ; le dialogue confiant autour d’une tasse de thé avec un couple de retraités qui m’avait sollicitée pour un problème de voisinage ; ou encore la confiance mutuelle qui s’est progressivement installée entre une militante du comité de quartier Engeland et moi-même…
Je n’ai jamais regretté d’avoir consacré du temps au dialogue avec ceux qui me sollicitaient, que ce soit en les recevant à mon cabinet, par un échange épistolaire ou en allant leur rendre visite à domicile.
J’ai eu souvent l’occasion de constater qu’un contact interpersonnel, prolongé dans de bonnes conditions, pouvait apaiser les tensions. Il favorise l’expression des émotions. Il permet d’expliquer le pourquoi et le comment des décisions prises. Prendre le temps du dialogue permet de faire un bout de chemin avec les gens et de lever des incompréhensions, d’autant mieux qu’il s’agira d’une rencontre dans l’intimité plutôt que de débats publics.
Le dossier douloureux de l’avenir d’une des maisons uccloises de l’architecte Dupuis (que j’évoque dans le chapitre «Patrimoine») fut par exemple l’occasion, pour la fille de Jacques Dupuis et moi-même, de renouer un dialogue franc et chaleureux qui apaisa la rancoeur.
Si la rencontre entre citoyens et élus est importante, celle entre citoyens l’est tout autant. Là aussi la responsabilité du politique est engagée.
Il lui appartient d’aménager des espaces publics propices aux rencontres.
L’automobile isole chacun dans sa bulle. C’est à pied que se multiplient les occasions de rencontre. Le long des sentiers, en ville comme en montagne, les gens se disent spontanément bonjour. Un noyau commerçant paisible invite les piétons au repos, comme au lèche-vitrine. Quelques bancs et tables judicieusement disposés dans l’espace public peuvent susciter le dialogue entre inconnus… Expériences toutes simples, trop souvent oubliées des décideurs.
Il doit aussi soutenir, autant que possible, les initiatives de la société civile.
Depuis quelques années, pour lutter contre l’anonymat et l’isolement régnant dans nos villes, une association citoyenne a lancé l’idée de « La Fête des Voisins » à l’échelle européenne.
Comme le dit très justement le Président de l’association belge :
« La Fête des Voisins est une réponse simple et ouverte à tous…
Elle est un prétexte, une occasion de se rencontrer.
Il s’y crée souvent une véritable dynamique ; de la convivialité naît l’entraide entre voisins,
et des petits services peut naître la solidarité de proximité ».
Beaucoup de communes bruxelloises incitent leurs habitants à participer à cette fête ; par une information, par un appui logistique et financier. Le groupe Ecolo ucclois a récemment souhaité que la Commune d’Uccle fasse de même. Tout en souscrivant à cette demande, je pense qu’il ne faut pas que le pouvoir public se substitue à ce qui fait tout l’intérêt de l’idée d’une telle fête : une démarche d’ouverture à l’autre dont l’initiative revient aux citoyens eux-mêmes.
Que dire enfin des rencontres « virtuelles » via internet ? Pas grand-chose… Refuge pour les timides. Fausse solution au problème de la solitude ? Danger pour nos ados !
La rencontre véritable est celle où les yeux peuvent se parler avec les mots du cœur.
Il n’y a rencontre véritable qu’entre des êtres qui acceptent
de se montrer authentiques … simultanément.