Vous a-t-on déjà raconté la fable de l’homme d’affaires qui rencontre un pêcheur indien ?

Tu as pêché un bien beau poisson

Oui

Où ça ?

Là bas

Tu me montres l’endroit ? Je suppose que tu vas y retourner ?

Non, pour quelle raison ?

Pour en pêcher d’autres

Pour quoi faire ?

Pour les vendre

Pour quoi faire ?

Pour gagner de l’argent

Pour quoi faire ?

Pour pouvoir engager des ouvriers et pêcher davantage

Pour quoi faire ?

Pour avoir plus d’argent et acheter un grand bateau, avec lequel gagner encore plus

Pour quoi faire ?

Pour pouvoir te reposer

Eh bien… c’est ce que je vais faire

tout de suite !


D’accord. Ce n’est qu’une boutade. Qui ne fera pas rire tous ceux qui peinent à faire survivre leur entreprise dans un contexte de farouche concurrence.

Mais cette fable fait réfléchir à ce qu’on appelle la « qualité de la vie ».

Ce qui prime dans les aspirations des citadins nostalgiques du « village », c’est un environnement calme, le plus vert et le plus ensoleillé possible.

Pour de nombreux jeunes couples actuels c’est, au contraire, un logement proche de l’animation de la vie socio-culturelle urbaine.

Pour une famille à l’étroit dans un appartement trop petit, c’est trouver une maison à louer à un prix abordable.

Pour le propriétaire d’une villa dans un quartier aéré de standing, c’est l’absence d’immeubles à appartements dans son voisinage.
Pour le locataire menacé d’expulsion c’est la perspective d’un toit garanti à long terme.

Pour ceux qui émargent au CPAS, c’est la sécurité d’un emploi stable.

Pour le malade chronique, c’est un traitement réduisant ses souffrances.

Pour la personne électro-sensible, c’est l’absence d’antenne GSM dans son quartier.

Pour les habitants proches de Zaventem, c’est pouvoir retrouver le sommeil.

Pour le cadre débordé d’une multinationale, c’est la possibilité de se ménager un peu de temps pour soi et pour ses enfants.

Pour les vieilles personnes seules, ce sont des relations de voisinage plus conviviales.

Pour de nombreux Ucclois, c’est une réduction sensible du trafic automobile dans leur quartier ; mais avec la possibilité de garer devant leur domicile !

Pour de nombreux travailleurs, c’est perdre moins de temps en déplacements quotidiens.

Et, pour le paysan africain, c’est la possibilité de vendre le produit de sa récolte à un prix équitable.

Je crois inutile de continuer.

Vous aurez compris que tous les hommes n’ont pas

la même conception d’une vie « de qualité » !

Mais alors, que signifie au juste le slogan électoral d’un parti politique qui défend la « qualité de la vie » ? Cette expression certes électoralement porteuse n’est-elle pas de la langue de bois ?

Dans l’état d’Ontario aux USA la qualité de vie a été définie comme suit :

« Le produit de l’interface entre les conditions sociales, sanitaires, économiques
et environnementales qui affectent le développement humain et social ».
C’est peut-être un peu compliqué mais cela mérite réflexion, non ?

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