Dire sans dire, dire sans oser dire, ne pas dire en ayant l’air de dire…

(Martine Chosson)


L’origine de cette expression est incertaine. Il semblerait que la métaphore soit venue des langues slaves, apparue du temps des Tsars pour désigner le jargon bureaucratique, puis reprise par les Polonais de Solidarnosc à la fin de la période stalinienne.

Elle désigne un langage figé, aux formules stéréotypées relativement creuses, que l’on oppose au « franc-parler » et qui s’utilise avec succès dans diverses circonstances de la vie sociale.

Son usage est fréquent, en politique plus particulièrement, mais également dans des contextes aussi variés que les relations sociales, le discours des médias et notre façon de parler de la mort, du sexe et des besoins naturels !

La publicité commerciale la pratique abondamment, elle aussi. Chacun aura pu remarquer que toutes les voitures sont « vertes » aujourd’hui ; et qu’il est « scientifiquement » démontré que bon nombre de produits alimentaires diminuent le cholestérol !

Si les politiques n’ont pas le monopole de la langue de bois, ils sont pourtant considérés comme les champions du genre. Plus particulièrement en période électorale !

Ils cherchent à faire bonne impression par des déclarations qui n’engagent pas leur auteur. Ils aiment les slogans. Ils masquent souvent la réalité des problèmes par un discours lénifiant ; ou font des promesses qui sonnent bien (« répondre aux besoins de nos concitoyens ») pour les résoudre.

Est-il utopique d’espérer que l’électeur ne s’y trompe pas ?

Il faut du courage politique pour renoncer à la langue de bois.

Pour admettre son manque de compétence face à un adversaire ; pour reconnaître qu’il existe un problème et pas de solution miracle. Pour affronter les contestations citoyennes en étant capable d’admettre la pertinence de certains de leurs arguments mais aussi de réfuter les affirmations non conformes à la réalité des faits. Il en faut, enfin, pour exprimer ses doutes et reconnaître ses erreurs.

Il faut aussi de la lucidité. Une qualité essentielle, que tout mandataire politique devrait cultiver s’il veut éviter d’être victime de ses illusions et d’entraîner les autres dans cet aveuglement. Durant l’exercice de mes mandats de conseillère communale et d’échevine, j’ai cherché à privilégier un discours authentique et porteur de sens.

Le « parler vrai » est le contraire de la langue de bois.

J’ai l’espoir qu’il se reconnaît à des signes qui ne trompent pas.

A commencer peut-être par l’expression du regard.

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