« Le Kroll » est la première chose que je regarde en ouvrant Le Soir.
Les dessins de ce caricaturiste font mes délices !
Kroll allie la finesse de l’humour à une grande profondeur dans le décodage de l’actualité politique et sociale. Derrière le dessinateur transparaît toujours l’analyste expert de l’actualité politique. En nous faisant rire, il nous fait toujours réfléchir. Il peut même aussi nous faire pleurer.
L’humour de Kroll n’est jamais bêtement méchant. Il tape juste, par la pertinence de ses rapprochements et l’adéquation du dessin au texte. Le grossissement du trait met en relief des réalités essentielles. Il évite tout esthétisme sans tomber dans la vulgarité.
Les dessins de presse sont un matériel pédagogique fort intéressant.
Lorsque j’étais enseignante j’avais l’habitude de proposer à mes élèves l’analyse des dessins de Plantu (le caricaturiste du journal Le Monde) et aussi celle des peintures de Granger (ce peintre auteur de nombreux tableaux évoquant les relations « nord-sud »). Cela nous permettait utilement de nuancer le propos par une réflexion critique ; mais les adolescents avaient besoin d’être aidés pour comprendre ces images au second degré.
Chez Kroll, le message est plus direct, moins symbolique ; mais bourré de références à l’actualité du moment qui sont autant de clins d’œil.
La pertinence de ce nom dans cet abécédaire est discutable.
J’en conviens.
Mais il me donne l’occasion d’évoquer ici, plus particulièrement, les dessins de Kroll relatifs à la mobilité. Mieux que tous les mots, ils expriment l’absurdité d’une société « malade de la bagnole ».
Celui que j’épinglerai plutôt ici évoque à la fois le réchauffement climatique et le paternalisme de la coopération au développement.
Guy Verhoofstad et Freya Van den Bos, aisément reconnaissables font face,
tout sourire, à deux congolais armés de lance et bouclier.
« Le principe est simple. On vous explique :
on vous donne cet argent pour que vous ne polluiez pas, ici.
Et nous polluons chez nous à votre place. Et ça fait bouf, au total ».
Réponse du plus grand des « noirs », le visage fermé :
« Pour Kyoto, c’est ça ? »
Habile transition avec le mot suivant…Kyoto !