Cette expression vous fait peut-être penser aux communautés qui se sont développées dans la mouvance de mai 68. Il en subsiste des exemples aujourd’hui mais rares sont celles qui réussissent à s’installer dans la durée. Elle évoque aussi la colocation, cette pratique couramment choisie, pour une période temporaire, par des jeunes célibataires aux moyens financiers limités ; une manière conviviale de faire face à la hausse des loyers.

« L’habitat groupé » dont il sera question ici, c’est autre chose :

une alternative communautaire au logement familial classique.

L’idée connaît de nos jours un réel engouement dans de nombreux pays européens.

Elle répond fondamentalement à une aspiration sociale profonde liée à l’importance croissante que prennent les personnes encore autonomes du troisième âge dans nos populations occidentales : la recherche d’une alternative à la solitude et à la maison de repos. Elle témoigne également du désir de certains de retrouver la richesse des contacts intergénérationnels dans une structure sociale différente de celle de la famille élargie d’antan. Elle témoigne d’un besoin de combattre l’individualisme de plus en plus prégnant dans notre société.

Il s’agit de combiner, dans un même ensemble résidentiel né d’un projet collectif, la possibilité, pour le petit groupe de ses habitants, d’avoir un logement personnalisé tout en bénéficiant de services mis en commun et d’espaces propices au développement de liens sociaux conviviaux (l’articulation entre le privé et le collectif pouvant se faire à des degrés très divers).

Malheureusement, si l’espoir d’un habitat groupé alimente bien des rêves, il n’est pas facile de le concrétiser dans la réalité.

Je n’en connais encore aucun exemple à Uccle ; mais des citoyens sont venus me trouver, en quête d’un terrain ou d’un bâtiment disponible pouvant être aménagé dans cette perspective.

Pourtant, les expériences sont en train de se multiplier en Belgique francophone ; sous des formes très diversifiées (un même toit ou plusieurs bâtiments ; copropriétés ou location ; rassemblement d’aînés ou de familles avec enfants).

Elles sont le plus souvent le fruit d’initiatives privées.

L’ASBL « Abbeyfield » est probablement la plus ancienne et la mieux connue. Elle compte aujourd’hui plus de 1200 « maisons » regroupant une dizaine d’habitants aînés, réparties dans une douzaine de pays (dont deux en Wallonie et deux à Bruxelles). Elle encadre les expériences de locataires volontaires qui adhèrent à une charte et s’engagent à participer à la gestion et l’animation de la maison. Chaque habitant paie une participation à l’ASBL (moins coûteuse que l’hébergement dans une maison de retraite) et se sent coresponsable de la qualité de vie de la communauté.
A Bruxelles, le projet « Brutopia » est en plein développement. Son initiateur, Mark van den Dries cohabite déjà avec une soixantaine de familles dans une ancienne usine de matelas à Laeken et un autre projet se concrétise à Forest.

Elles peuvent aussi être des réalisations du pouvoir public.

Certaines communes ont participé à la création d’un habitant groupé. C’est le cas de celle de Woluwé St Lambert qui a pris l’initiative d’aménager un ensemble de six logements sociaux de grande taille pour y accueillir des personnes âgées valides souffrant de solitude (« l’antenne Andromède »).

A l’initiative de la Ministre Françoise Dupuis, le Fonds régional du Logement vient d’en concrétiser un bel exemple dans la commune de Forest : un bâtiment de quinze logements (avec espace commun au rez-de-chaussée), proposés à des locataires volontaires du Fonds du Logement désireux d’élaborer un projet de vie commun.

« L’habitat groupé » (ou communautaire)

est une réponse d’avenir au problème de la perte du lien social;

il prolonge l’autonomie tout en favorisant la rencontre;

il apporte une solution aux aînés en situation précaire.

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