Non, l’élu n’est pas toujours un assoiffé de pouvoir !

 Il est même probable qu’il s’est engagé en politique animé par un idéal collectif.
Nombreux sont ceux qui souscrivent à l’idée

qu’un mandat politique c’est d’abord un devoir, pas un droit.

Et qui assument leur responsabilité avec beaucoup de conscience professionnelle.


L’élu a une fonction représentative. Il a été choisi par un certain nombre d’électeurs qui lui ont fait confiance. Il est normal qu’il s’efforce de ne pas les décevoir.

Je pense cependant que la fonction première d’un élu n’est pas de défendre les intérêts de son groupe identitaire (quartier, communauté culturelle, profession…). Il doit se soucier de l’intérêt général de la collectivité au sein de laquelle il siège.

Par exemple, je n’ai jamais considéré, qu’en tant qu’échevine de l’Urbanisme, j’avais le droit d’accorder plus d’attention à la qualité de vie de mon quartier !

Le temps, l’énergie et l’argent que la plupart des politiques consacrent à faire campagne pose question, électoralisme oblige. Comme aussi la quantité et la qualité très inégale du travail fourni par les élus après les élections (que ce soit dans une instance exécutive ou législative).

J’ai personnellement toujours considéré qu’être échevin dans une commune de l’importance numérique de celle de Uccle (75.000 habitants), c’était un métier à temps plein ; la fonction est d’ailleurs rémunérée en conséquence. Nous étions cependant minoritaires au sein du Collège à ne pas mener de front un autre emploi à côté de notre mandat politique communal ; ce qui réduit d’autant la possibilité de présence effective à la commune.

On connaît les raisons d’une telle situation : la réélection d’un mandataire public n’étant pas garantie, la prudence commande donc de s’assurer un emploi pour un lendemain incertain. Il faut aussi relativiser la sévérité de la critique ; car le Bourgmestre et les échevins ont de nombreuses obligations en soirée et le week-end.

Ce n’est pas par hasard que l’on parle fréquemment de « la classe politique ».
L’expression est ambiguë. Elle peut évoquer des privilèges de classe, ce qui n’est pas admissible. Elle peut aussi signifier un sens commun des responsabilités civiques, ce qui est une précieuse valeur partagée.

Par delà les divergences d’opinion, il est manifeste qu’une certaine complicité s’installe entre élus, même de partis différents. Ils ont une expérience partagée des campagnes électorales et du fait de s’exposer, volontairement, au regard de l’autre. Ils ont une fierté commune d’avoir été choisis et une même conscience d’un devoir de représentation démocratique.

Curieusement on parle « d’entrer en politique » comme on dit « entrer en religion » !

Cela s’explique probablement par une similitude : le fait de se mettre volontairement en marge de la société civile. Ce sentiment d’être en marge n’est pas toujours facile à vivre. Vous n’avez pas changé ; et pourtant, du jour au lendemain vous êtes regardé avec d’autres yeux !

Peu de gens demeurent indifférents au fait d’être connus ; ou, plus exactement, d’être reconnus comme quelqu’un d’important. N’y a-t-il pas un côté « star » chez tout homme ou femme politique qui espère « faire carrière » en politique ?

Quelles que soient ses compétences, il ne me paraît pas souhaitable qu’un élu s’accroche au pouvoir. Et encore moins que la politique devienne une « drogue », dont il ne peut plus se passer. C’est la porte ouverte à toutes les dérives de l’électoralisme ; et cela crée des « oligopoles personnels du pouvoir » bien peu démocratiques.

Une juste mesure est à trouver entre valorisation de l’expérience et renouvellement des mandats. C’est ce qu’un parti comme Ecolo cherche à mettre en pratique depuis sa création (seul l’octroi d’une dérogation permet à un mandataire d’effectuer plus de deux mandats successifs dans une même assemblée). Une règle statutaire sévère appliquée non sans peine, il faut le reconnaître !

Il faut aussi reconnaître que notre système démocratique souffre d’une faiblesse fondamentale : les diverses échéances électorales se succèdent à un rythme tellement rapide que la chasse aux voix devient la préoccupation dominante de beaucoup des mandataires. Leurs décisions risquent alors d’être trop infléchies par le souci de ne pas déplaire à leurs électeurs potentiels. C’est toute leur action qui risque de s’en trouver pervertie.

Cette réflexion n’est-elle pas particulièrement pertinente dans le contexte de la prise de conscience d’une dégradation de l’Environnement à l’échelle planétaire ? Un domaine où les élus responsables ont le devoir d’anticiper les crises, en imposant, aujourd’hui, des décisions contraignantes dont l’impact positif ne se révèlera que demain,

Il faut beaucoup de courage politique pour imposer des décisions impopulaires, au nom d’un intérêt collectif à long terme. Le risque est réel d’y perdre toute chance de réélection… et donc de possibilité de poursuivre son action.

Communiquer, plus et mieux, me paraît certes utile.

Mais ce n’est pas la solution miracle au problème de la myopie

d’un système démocratique qui se trouve enferré, par essence,

dans une perspective de court terme.

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