Faut-il que ce souci soit récent pour que le mot ne figure pas dans un dictionnaire d’usage courant (en l’occurrence mon « Petit Robert » des années 70) ! Seul le convive est défini (comme « une personne invitée à un repas en même temps que d’autres »). Il est vrai que le repas est l’acte convivial par excellence. Il fut un temps où la cigarette était elle aussi associée à l’image d’une rencontre conviviale.
Mon Petit Larousse de 1988 comble cette lacune, avec des expressions significatives : tolérance, échanges réciproques, réunions festives… C’est dans ce sens que le mot est devenu très à la mode de nos jours.
Il s’agit en réalité d’un mot inventé par Ivan Illich dans les années 70 :
« J’entends par convivialité l’inverse de la productivité industrielle.
Le passage de la productivité à la convivialité est le passage de la répétition du manque à la spontanéité du don… La relation conviviale, toujours neuve, est le fait de personnes qui participent à la création de la vie sociale ».
(Ivan Illich)
Deux journées particulièrement « conviviales »
En tant qu’échevine de l’Environnement, il m’appartenait d’encourager et de coordonner les actions communales de la Journée en ville sans voiture. Parmi celles-ci les fêtes de quartier, occasions de rencontre d’autant plus privilégiées que, ce jour là, l’occupation de l’espace de voirie est autorisée à ceux qui en font la demande.
Au cours des années de telles initiatives citoyennes se sont multipliées, à l’échelle d’une rue, d’un tronçon de rue ou d’un quartier. Tous les ans je ne manquais pas d’essayer d’en faire le tour (à vélo et à pied, après une première expérience décevante de voiture électrique). L’ambiance était généralement à la joie et l’accueil chaleureux. Pour l’occasion, la rue De Broyer se dotait d’un nouveau Bourgmestre d’un jour !
L’idée a été souvent émise d’organiser des fêtes similaires, pendant la bonne saison, en dehors du dimanche sans voiture. En obtenir l’autorisation du Bourgmestre est possible. Mais de telles initiatives restent rares.
A chaque rentrée de septembre, la foire annuelle de St Job est une tradition à laquelle beaucoup d’Ucclois sont attachés.
Avec ses animaux de ferme, ses cavaliers, ses nombreux stands associatifs et sa brocante, elle attire un public diversifié. Sous l’impulsion de l’échevin précédent de la Culture, Jacques Martroye de Joly, s’y ajoute aujourd’hui la participation de nombreux artistes. Un rendez-vous annuel à ne pas manquer !
L’importance d’un aménagement convivial des espaces publics
Difficile de dialoguer lorsque la présence de l’automobile demeure partout envahissante, qu’elle soit mobile ou immobile ! L’aménagement d’espaces publics paisibles et harmonieux donne envie de sortir de chez soi, d’aller à la rencontre des autres.
La place St Job et la rue Xavier De Bue sont des symboles d’une lutte séculaire entre partisans et adversaires de la voiture au coeur des noyaux commerçants.
Les deux Collèges précédents ont cependant eu le courage de limiter le stationnement au seul pourtour de la place St Job ; le Collège actuel y a autorisé l’organisation d’une brocante mensuelle. Sages décisions, qui sont des premiers pas vers la conception nouvelle d’une réappropriation de l’espace public par les piétons. Ce qui n’est malheureusement pas encore le cas d’Uccle-centre, le parvis St Pierre excepté.
Evitons de faire des espaces potentiels de rencontre des « non-lieux » de passage !
Et équipons les parcs publics d’aménagements conviviaux.
Des bancs sagement espacés, pas de tables, peu de jeux d’enfants. J’ai été agréablement surprise de trouver, dans un espace public de la ville de Sion (en Valais), des fauteuils blancs mobiles que les habitants pouvaient disposer au gré de leur fantaisie. Une initiative propice au dialogue et sans risque de vol étant donné le matériau utilisé (un plastic suffisamment lourd pour dissuader tout chapardage éventuel !)
Trop peu de rencontres entre communautés ?
Les occasions d’échanges et de solidarité pourraient être multipliées, dans l’esprit d’une reconnaissance de la différence en tant que richesse.
Les réceptions organisées à l’initiative du Collège ont malheureusement un caractère officiel qui rebute certains.
Le nouveau mode de célébration de la fête nationale (instauré sous la majorité arc-en-ciel) va cependant dans le bon sens d’une prise de distance par rapport au pouvoir religieux et d’une large ouverture à toutes les formes de pensées philosophiques.
Je salue ici au passage le projet du CPAS ucclois d’ouvrir des « cafés souvenirs » hebdomadaires (ou Alzheimer cafés ») dans les locaux de l’ancien « Institut national des invalides » qu’il a racheté récemment dans le but d’y transférer le seul home public communal. Une initiative visant un objectif préventif de mémoire ravivée, grâce à un travail collectif par petits groupes.
Mais les occasions de contacts intergénérationnels demeurent trop rares.
Une commune conviviale n’est évidemment pas une commune
où tout le monde se connaît ; mais où se sont instaurées et multipliées
des habitudes créatrices de lien social et d’ouverture à l’autre.