Les possibilités de contacts entres les humains se sont démultipliées.
Avec l’entrée dans l’ère électronique, nous vivons un essor extraordinaire d’une grande diversité de moyens techniques de communiquer.
Et, paradoxalement, le sentiment de solitude s’accroît !
Le besoin humain de communiquer
L’usage de plus en plus généralisé et de plus en plus fréquent du téléphone mobile et de l’ordinateur est très révélateur du besoin profond des être humains d’entrer en relation les uns avec les autres, comme de la difficulté d’assumer sa solitude.
Je suis frappée par le fait que bon nombre des communications par GSM ou par internet n’ont pas pour objet de transmettre un message.
On n’a rien de spécial à se raconter. Ni de projet commun.
On ressent, simplement, le besoin d’être en contact, de créer un lien social.
Mais la véritable communication, c’est autre chose.
Cela demande de s’ouvrir à l’autre et d’oser s’exprimer de manière authentique.
Cela passe par un langage commun et un effort de compréhension mutuelle.
Il arrive même que l’on puisse se passer des mots.
L’obligation de communiquer du pouvoir politique
Les politiques communiquent. Ils ont un devoir d’information du citoyen, une responsabilité d’éducation collective à assumer (par exemple en matière de civisme, de sécurité routière, de protection de l’environnement …). Ils doivent aussi rendre des comptes et être ouverts au dialogue.
Le choix des moyens de communication qu’ils utilisent n’est malheureusement pas toujours le plus approprié. Passons-les rapidement en revue.
L’impact limité de la communication écrite
J’ai diffusé pendant 6 ans, via le journal et le site internet de la Commune, des explications régulières relatives aux importants dossiers d’urbanisme, aux règles en vigueur et aux procédures à suivre ; pour aboutir à la conclusion que nombreux étaient les citoyens qui ne prenaient pas la peine de les lire.
Constatation d’autant plus décevante que les « gazettes » publicitaires privées semblent susciter plus d’intérêt et sont souvent prises pour argent comptant. Je me souviens de l’agressivité d’une dame âgée à propos d’une date erronée d’enquête publique qu’elle avait trouvée dans « Bravo Uccle » ; impossible de lui faire admettre que je n’en étais pas responsable !
L’utilité de la communication par l’image
Elle est importante, et pas seulement lors des campagnes électorales. Encore faut-il qu’elle soit attrayante et clairement lisible.
Dans le cas de la nouvelle déchetterie d’Uccle, j’ai proposé au Collège l’assistance d’une école uccloise de publicité. C’est un de ses étudiants qui, dans le cadre d’un travail de fin d’étude, a conçu le logo de l’installation et la signalétique imagée destinée à guider les habitants dans son utilisation. Une manière d’assurer la communication que j’estimais nécessaire et qui n’a pas grevé le budget communal !
L’oral meilleur vecteur de communication politique ?
Certainement oui, si c’est dans le cadre d’un véritable dialogue interpersonnel.
Mais pas forcément lors des réunions publiques organisées à l’initiative du Collège. Celles-ci ont cependant leur utilité : leur premier intérêt est de permettre l’expression de chacun ; et de mettre les désaccords en évidence. Elles permettent aussi d’utiles mises au point.
Lors des séances publiques des commissions de concertation d’urbanisme, l’échange oral entre les différents acteurs complète de manière irremplaçable les participations écrites à l’enquête publique.
Pendant l’élaboration de l’étude d’incidences relative au projet SNCB du RER, j’ai organisé (avec la collaboration technique des deux fonctionnaires concernés) trois réunions dans le quartier en question dans un double objectif : diffuser auprès des riverains une information sur l’état d’avancement de l’étude ; écouter leurs inquiétudes et leurs questions afin de les relayer auprès du « comité d’accompagnement » encadrant le travail du bureau d’étude.
De son côté, l’échevin Marc Cools a multiplié les réunions publiques en matière d’aménagement de voirie et de circulation pendant la précédente législature.
Des recherches en psychosociologie ont mis depuis longtemps en évidence le fait que le contenu d’un message oral, qu’il soit public ou privé, n’a qu’une importance très relative par rapport à la façon dont il est exprimé : l’intonation et le rythme de la voix prime sur les mots ; et l’élément qui semble avoir le plus d’impact est la communication non verbale du langage gestuel !
Postures corporelles, gestes des mains, expressions du visage, et notamment celle des yeux sont autant de messages qu’exprime en même temps l’orateur, sans en avoir conscience ; messages dont la perception, plus ou moins consciente également, domine d’autant plus dans l’esprit de l’auditeur qu’il est moins capable de juger de la pertinence du contenu du discours. Il est des attitudes corporelles qui valorisent, et d’autres qui disqualifient.
C’est pourquoi le « look » des candidats prend de nos jours une importance croissante dans les campagnes électorales.
Ceci me rappelle un souvenir de la campagne électorale de 2000 : au lendemain du débat télévisé sur Télé Bruxelles, une amie me raconte avoir rencontré quelqu’un qui lui faisait un grand éloge de ma prestation ; pourtant, lorsqu’elle lui a demandé ce qui l’avait frappée dans ce que j’avais dit, cette personne a été incapable de lui répondre !
Et la communication par voie informatique ?
Les possibilités d’accès à l’information sont devenues fascinantes ; grâce à des outils qui deviennent de plus en plus vite obsolètes (et donc mis au rebut) à mesure que le progrès technique s’accélère. Illustration exemplaire du développement de la « société de consommation » !
Dans une commune comme Uccle, un très grand nombre de citoyens ont un accès régulier à internet. Et les courriers reçus par emails deviennent plus nombreux que ceux par voie postale. J’ai initié la mise sur le site communal des ordres du jour de la commission de concertation et de l’intégralité des avis rendus par celle-ci. La possibilité de régler les formalités administratives via internet va se généraliser dans un proche avenir.
Mais gardons-nous d’oublier ceux qui ne sont pas équipés d’un ordinateur ou n’ont pas les moyens de se payer la connexion internet. Ils ont un droit égal à l’information.
En guise de conclusion
La communication est vecteur de lien social. Elle est aussi un rapport au savoir et un rapport au pouvoir.
Dans toute communication il y a un émetteur et un récepteur. La responsabilité d’une mauvaise communication est souvent partagée. Aussi clair et authentique que soit votre message, il ne sera perçu et intégré que par ceux qui sont disposés à le recevoir.
« Tu es un enfant si tu ne comprends rien à ce qu’on te dit ;
Tu es un ado si personne ne comprend rien à ce que tu dis ;
Tu es un adulte si ce que tu dis n’intéresse personne. »
(Extrait d’une pièce de théâtre créée et jouée par les professeurs de l’école Decroly)