Dans sa déclaration de politique générale, la nouvelle majorité uccloise a pris l’engagement d’élaborer un « agenda 21 local ».


Cette annonce ne m’a pas surprise. Lorsque j’en avais lancé l’idée avant la fin de mon mandat d’échevine, j’avais reçu un accueil favorable, tant auprès des hauts fonctionnaires de l’administration de l’Urbanisme et de l’Environnement que de l’échevin Marc Cools qui allait me succéder. J’ai donc appris cette décision avec grande satisfaction.

« Agenda 21 » : un concept global né au sommet de la Terre de Rio en 1992

L’ « agenda 21 » est un programme d’action pour le 21e siècle, approuvé par 173 Etats, dans le but de répondre aux exigences d’un « développement durable » dans les trois domaines intégrés de l’économique, du social et de l’environnemental.

La concrétisation de cet objectif passe par l’élaboration et la mise en œuvre de plans au niveau local. Le développement durable est une démarche qui se décline en effet à toutes les échelles du territoire. Et les objectifs doivent être définis différemment selon les niveaux concernés.

Toutes les collectivités communales sont invitées à s’inscrire dans cette dynamique.

Si un grand nombre de communes européennes (les premières en Italie, en Suède et en Allemagne) se sont déjà lancées dans l’aventure d’un agenda 21 local, les exemples wallons et bruxellois sont encore limités.

L’administration régionale bruxelloise de l’Urbanisme et de l’aménagement du territoire (AATL) a témoigné de son intérêt pour l’idée par l’organisation, en octobre 2006, d’un « midi de la planification » sur le sujet. L’ouverture tardive du pouvoir de tutelle à cet égard m’a semblé fort opportune.

« Agenda 21 local » : la concrétisation des actions au niveau local

L’agenda 21 local est un « plan de développement durable » à ne pas confondre avec un « plan communal de développement » (PCD).


 A la différence des PCD, les agenda 21 ne sont pas des plans réglementaires soumis à des exigences légales de procédure très contraignantes. Ils peuvent se focaliser sur des thématiques diversifiées d’une localité à l’autre, en fonction de leurs spécificités respectives ; ils abordent certaines matières qui n’entrent pas dans le cadre d’un PCD tel que défini dans la législation urbanistique bruxelloise.

 Par ailleurs, la logique de la réflexion dépasse le temps d’une législature : il s’agit d’un plan d’actions concrètes, à court, moyen et long termes.

 Autre différence, fondamentale : des exigences plus impératives en terme de démocratie participative. La participation de la population doit être au coeur de la démarche d’un agenda 21.

L’engagement ucclois de 2007

Je doute que le nouveau Collège ucclois MR-PS ait pris pleinement conscience, à l’époque, de la profondeur des changements impliqués par cet engagement public de début de législature !

Par contre, la décision d’engager un fonctionnaire de haut niveau pour chapeauter la démarche (en sus du bureau d’étude chargé d’organiser le processus de consultation citoyenne) témoigne d’une réelle volonté d’efficacité.
Le rôle d’un tel responsable est très important du point de vue de la coordination et de la communication. La qualité de la communication est primordiale. Elle doit viser l’ensemble des élus et de l’administration communale ainsi que le plus grand nombre possible de citoyens ; et trouver les moyens d’une diffusion appropriée et motivante.

L’élaboration de l’agenda 21 ucclois a été rapide (au terme d’un processus d’un an).

Le nombre de citoyens motivés ayant répondu à l’appel est encourageant ; mais les acteurs socio-économiques semblent peu concernés. Quatre groupes de travail ont été constitués axés sur les thèmes du patrimoine naturel, du logement, de l’énergie et de la coopération. Le travail de ces « comités 21 », encadrés par une méthodologie participative rigoureuse établissant d’abord un diagnostic puis des objectifs, a abouti à définir un projet de « plan d’actions » que l’échevin responsable Marc Cools a présenté au Collège début septembre 2009.

La comparaison entre le projet de « plan d’actions » présenté au Collège et celui soumis deux mois plus tard à l’approbation du Conseil communal est édifiante : les changements exigés par le Collège (ou du moins certains de ses membres) sont révélateurs de choix politiques frileux, plus particulièrement en matière de logements publics, de mobilité et de solidarité.
Il en ressort un document (approuvé le 22 octobre 2009 en même temps que le « plan carbone ») qui a le grand mérite d’exister mais dont le volet environnemental est très – trop – dominant par rapport au volet social.

Au moment où j’écris, de nombreuses questions me viennent à l’esprit. Dans quelle mesure tous les membres du Collège (puis l’ensemble du Conseil communal) s’impliqueront-ils dans ce projet ; dans quelle mesure celui-ci orientera-t-il, de manière vraiment transversale, le travail de tous les services de l’administration communale ? Une formation des fonctionnaires de l’administration communale sera-t-elle assurée dans la durée ? Sera-t-on conscient que le volet humain de la concrétisation d’un tel plan est au moins aussi important que les aspects techniques ? Comment associer les agents économiques de la société civile à la mise en oeuvre ?…

La réponse à ces questions est d’autant plus incertaine que l’élaboration de l’agenda 21 ucclois a été confiée à la responsabilité du seul échevinat de l’Environnement et que, malgré la qualité du travail de cette administration, il n’est pas aisé pour elle d’obtenir l’implication des autres acteurs de la vie communale.

Essentielle par ailleurs sera la mise en œuvre d’un processus d’évaluation continue de la concrétisation des objectifs.

L’évaluation implique la maîtrise d’indicateurs locaux (sociaux, économiques et environnementaux). Parmi ces derniers l’empreinte écologique a l’intérêt d’être aisément calculable ; mais n’oublions pas que c’est un indicateur purement environnemental.

Ce qu’on est en droit d’attendre de la démarche d’agenda 21

c’est, au-delà d’une prise de conscience collective accrue,

de l’action… novatrice et concrète !

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