Voici le programme provisoire du chantier Diversité. Celui-ci sera discuté lors de la réunion préparatoire du chantier. N’hésitez pas à le commenter dès à présent.


I) Diversité contre égalité : les politiques de diversité sont-elles menées au détriment d’objectifs d’égalité (comme le soutient, par exemple, Walter Benn Michaels) ? Le processus de reconnaissance politique des identités culturelles entraîne-t-il nécessairement le renforcement des inégalités intracommunautaires ? Comment s’articulent dans cette réflexion les opérations d’« action positive» ?

II) Revisiter les concepts de laïcité et de neutralité : est-il possible de se mettre d’accord sur une définition suffisamment large et opérationnelle de la laïcité et de la neutralité ? Comment l’écologie politique peut-elle contribuer à renouveler ce signifiant flottant à partir de sa position médiane – et de pont – dans la structuration pilarisée spécifique de la société belge ? Cette dernière est en effet marquée par l’influence intellectuelle du républicanisme français, et la réalité concrète d’un Etat structurellement faible, issu du compromis fondateur entre libéraux et catholiques et laissant un rôle de premier plan aux organisations issues des communautés philosophiques, notamment dans la dispense d’une série de services publics. Ces outils peuvent-ils constituer les embryons de futurs outils d’une démocratie multiculturelle ?

III) Repenser les dispositifs de la politique d’intégration des immigrés menée en Région wallonne et à Bruxelles (par la Cocof, côté francophone) comme symptôme du paradoxe décrit en I (républicanisme intellectuel et faiblesse étatique) et des apories auxquelles mène l’incapacité à se servir de certaines catégories d’analyse.

IV) Réinventer les outils de mesures : la constitution d’un appareillage de statistiques dites « ethniques » constitue-t-elle une étape nécessaire dans la lutte contre les discriminations ou le premier pas vers une ethnicisation inacceptable des politiques publiques ? Quels en sont les enjeux à la fois pratiques et politiques ? Cette réflexion sera menée à partir des travaux, réflexions et séminaires déjà élaborés par Ecolo (lors du processus Des solutions pour chacun).

V) Réfléchir à partir des Postcolonial Studies : interrogeant non seulement l’historiographie coloniale, mais plus largement l’ensemble des schèmes de pensée de la tradition occidentale et leur rémanence, les « Postcolonial Studies » fournissent un appareillage conceptuel susceptible d’aider au retour du refoulé de la « société ethnique » (Albert Bastenier). Peu de temps avant les cérémonies qui marqueront les 50 années d’indépendance congolaise, cette réflexion pourrait s’inscrire dans une actualité médiatique riche, et donner lieu à un débat plus large sur la façon dont notre Etat pense – et surtout ne pense pas – sa propre histoire.

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