Un texte de Thérèse-Marie Bouchat, chercheuse-associée à etopia
et conseillère politique à Ecolo

Introduction[[Le présent texte a servi de base à une conférence de presse du Groupe Ecolo au Parlement Wallon le 18 février 2008.]]

La pauvreté et la précarité touchent de plus en plus de ménages wallons. Pour un nombre
important de ces ménages, la situation socio-économique se dégrade. Les problèmes se
complexifient, se multiplient et se cumulent : pas d’emploi ou perte d’emploi, instabilité
professionnelle (contrats à durée déterminée, intérim, temps partiel,…), diminution du pouvoir
d’achat, difficulté de trouver un logement, perte de repères, isolement, santé déficiente …

Plusieurs indicateurs, relevés par différentes études, attestent de ces difficultés. Ainsi :

 de nombreuses personnes vivent sous le seuil de risque de pauvreté (17,5% en Wallonie,
contre 14,7% en Belgique et 10,7% en Flandre[[Chiffres cités notamment dans le rapport « Lutter contre la pauvreté. Evolutions et perspectives. Une contribution au débat et à
l’action politiques », Service de lutte contra la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, déc. 2007, p 9.]]) ;

 l’inflation touche de manière beaucoup plus importante les petits revenus (une récente
étude a montré que les bas revenus avaient perdu 400 € de pouvoir d’achat sur la seule
année 2007[[« Indice des prix, indexation et pouvoir d’achat des ménages à petits revenus », Ph. Defeyt, Institut pour un Développement durable,
nov. 2007.]]) ;

 l’emploi n’est plus un rempart contre la pauvreté (le taux de pauvreté des travailleurs
atteint 4,3% en Belgique et il va croissant au fil des ans[[« Les travailleurs pauvres en Belgique : une réalité pour le moins inquiétante », Olivier Flohimont et Stéphane Balthazar, Far, 2006]]) ;

 de nombreux demandeurs d’emplois se voient suspendus ou exclus des allocations de
chômage (près de 5% d’entre eux en Wallonie[[« Les exclusions ONEm, implications pour les CPAS », Ricardo Cherenti, Fédération des CPAS, déc. 2007, p 7.]]) ;

 de nombreuses personnes occupent des logements « quasi » insalubres (17,1% des
locataires et 5,9% des propriétaires occupent un logement dont l’indice de salubrité est
mauvais ou très mauvais[[« Enquête sur la qualité de l’habitat en Région wallonne », synthèse des résultats repris par le CRI, déc. 2007]]) ;

 certains ménages éprouvent des difficultés à assumer le coût des soins de santé (1 Belge
sur 4… et, pour près de 5% d’entre eux, c’est même impossible[[« Pour un belge sur 4, la santé est trop chère », Le Soir, 20 novembre 2007.]]).

Le constat est largement partagé et bon nombre d’acteurs se mobilisent pour que les choses
changent. Les syndicats demandent aux politiques qu’ils prennent d’urgence des mesures pour
restaurer le pouvoir d’achat. La fédération des CPAS wallons estime qu’il faut sortir au plus vite
de la logique d’exclusion dans laquelle nous entraîne le plan d’accompagnement et de suivi des
chômeurs. Les mutualités sont particulièrement inquiètes pour les aînés, davantage touchés par
la pauvreté et ses conséquences en matière de santé.
Par ailleurs, le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale souligne dans
son récent rapport que « de plus en plus de ménages ont des revenus insuffisants ou traversent
des périodes où leurs revenus sont aléatoires ». Il pointe également « une inégalité croissante des
revenus »[[« Lutter contre la pauvreté. Evolutions et perspectives », Op cit. , p 13.]].

Le présent texte sera décomposé en cinq sections, qui seront structurées de manière semblable :
un constat sera posé et des propositions seront émises.

Table des matières (document à télécharger)

  • Introduction
  • Pouvoir d’achat : augmenter celui des ménages en risque de pauvreté
    • Exonérer de la redevance radio et télévision tous les ménages qui sont en risque de
      pauvreté
    • Octroyer une allocation-loyer aux ménages qui ne peuvent accéder à un logement
      social
    • Offrir à tous les ménages une certaine quantité d’électricité… et opter pour une
      tarification progressive de l’électricité
    • Inciter à consommer moins d’énergie… et maintenir le pouvoir d’achat
    • Améliorer les mesures sociales régionales en matière énergétique
  • Economie : investir dans les politiques qui concernent les ménages à bas revenus
    • De manière générale, soutenir les secteurs verts, novateurs et créateurs d’emploi
    • Soutenir le secteur non marchand et l’économie sociale
    • Donner priorité à des politiques qui, in fine, améliorent les conditions de vie des
      populations précarisées
    • Emploi : viser l’accompagnement et la mise à l’emploi, dans des emplois de qualité
    • Exiger l’arrêt de la chasse aux chômeurs et revoir le « plan d’accompagnement et de
      suivi des chômeurs »
    • Revisiter les aides à l’emploi et recentrer certaines d’entre elles sur les publics les
      moins qualifiés
    • Promouvoir des dispositifs novateurs, tels les groupements d’employeurs et le plan
      Tandem
  • Formation : recentrer les aides régionales vers les publics les moins qualifiés
    • Développer un plan ambitieux d’alphabétisation
    • Resserrer certains dispositifs sur les publics moins qualifiés
    • Offrir un crédit « formation permanente » inversement proportionnel à la durée du parcours scolaire
  • Social : déployer un plan social, avec les pouvoirs locaux
    • Réfléchir à l’instauration de « plans locaux de politique sociale »
    • Améliorer / harmoniser la qualité de certaines interventions des CPAS
    • Réactiver les écoles de consommateurs
    • Développer des projets de crédit social accompagné
    • Apporter un soutien spécifique aux populations d’origine étrangère
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