Bruxelles, capitale de l’Europe, ça veut dire quoi pour Bruxelles ? Aujourd’hui ville-capitale administrative. Demain, pour se développer, Bruxelles doit aussi devenir une capitale humaine et culturelle pour l’Europe.
Favoriser la participation des citoyens
Une de nos premières démarches est d’encourager la revitalisation du tissu urbain par la participation des citoyens à la vie culturelle de leur ville. Par son ancrage social, une politique culturelle actualisée doit reconnaître des médiums perméables aux nouvelles données culturelles et sociales de la ville. Il s’agit de développer les politiques horizontales d’éducation permanente : ouvrir l’éducation aux registres expressifs tels qu’ils sont mobilisés dans l’espace public médiatique et investis comme langage vivant (pensons à l’image et au dessin animé, aux graphes et aux tags, au conte, à la voix et aux bruits de la ville). Ecole rimera alors avec culture, formation avec émancipation. Les technologies du texte, du son et de l’image n’ont de pertinence que dans la mesure où elles problématisent effectivement la communication concrète.
Dans cette optique de culture urbaine, la ville réelle est considérée comme une ressource de l’action démocratique. Alimenter l’interaction entre espace public et puissance publique exige de développer des médiations concrètes et d’encourager des confrontations. La démarche artistique s’imbrique alors dans la culture urbaine.
Il s’agit de renforcer la socialisation moderne des nouvelles générations et d’élargir les publics. La démarche qui consiste à permettre aux gens de comprendre l’art, éventuellement même de créer, demande d’être soutenue. Cette démarche volontariste, promue par Ecolo, consiste en une reconquête culturelle pour nos régions et nos communes. La décentralisation passe par une action culturelle dans chaque commune voire dans chaque quartier. Ce travail de proximité devait reposer tant sur la notion de ville bilingue et pluriculturelle que sur celle de mixité culturelle dont la philosophie avait déjà été défendue lors de Bruxelles 2000. La symbiose français-néerlandais expérimentée au cours de cette manifestation est, aujourd’hui encore, à l’origine de nombreuses synergies des deux Communautés par le biais de leurs institutions. Cette duplicité est avant tout un atout constitutif de notre spécificité, celle d’une ville à partager, notamment sur le plan culturel, entre toutes les communautés afin d’en faire le terreau d’une multiculturalité réussie, facteur d’intégration par l’échange et la collaboration.
Ainsi faut-il écouter les habitants, répondre aux créateurs, soutenir l’action démocratique et l’émancipation, croire à l’intelligence de tous. Que Bruxelles soit une ville ouverte à toutes ses cultures et à tous ses créateurs.
Reconquérir les espaces publics
Ce travail participatif, de proximité, passe obligatoirement par la reconquête des espaces publics, l’une des facettes les plus emblématiques du travail d’Ecolo. En effet, cette entreprise de réinvestissement de l’espace public est apparue comme une réponse adéquate au sentiment d’insécurité supposée ou ressentie en ville et offre la possibilité d’un fructueux travail de proximité. Sortir la pratique culturelle de lieux confinés procède d’une démarche éthique. Les projets mis en place, expositions, événements, spectacles, doivent avoir pour volonté de se servir de l’esprit des lieux et du désir des personnes. La culture et l’animation socio-culturelle, investissent des lieux nouveaux, – rues, appartements, anciens commerces, gares désaffectées – qui n’avaient pas vocation à l’origine à accueillir de telles démarches. De par sa position administrative originale, de son aura touristique et de l’histoire de ses communes, Bruxelles ne peut faire l’économie d’une réflexion sur son identité et sa vocation culturelle. Ainsi, par exemple, placer des oeuvres d’art dans une ville n’est pas seulement un acte esthétique. C’est aussi un acte politico-social. Installer une sculpture ou toute autre création artistique permet de susciter la communication, la curiosité et la réflexion, en d’autres mots, la participation. L’espace public devient un lieu d’ouverture au monde et d’éducation permanente aux arts plastiques.
Le soutien apporté aux artistes de rue est essentiel. Pensons ici par exemple aux arts du cirque Ici également l’accès à de nouvelles formes d’expressions scéniques s’offre directement aux citoyens.
Insistons donc sur le lien nécessaire, fondamental entre social et culturel. L’accès direct à la création, pour la rencontre entre l’espace public physique et l’espace public du débat est un enjeu majeur.
Donner une place aux nouveaux médiums et supports d’expression
La ville est par essence le premier espace défriché par les nouveaux médiums et nouveaux supports d’expression: les communes ont, entre autres, le rôle d’identifier les ressources novatrices, les forces intellectuelles et créatrices, les générations émergentes avec leur mode spécifique de conception et de gestion des projets culturels. Afin de leur donner la place qu’ils méritent dans notre culture contemporaine. Les pouvoirs locaux ont un rôle essentiel en tant que partenaire des créateurs. Leur rôle est d’exposer au public leurs démarches, leurs moyens et leurs objectifs, d’alimenter la concertation sociale, d’assumer le risque de projets audacieux et intempestifs, d’évaluer rétrospectivement le chemin parcouru et, s’il le faut, d’admettre leurs erreurs.
La culture au quotidien consiste à extraire de ses lieux réputés confinés, cloisonnés. Décloisonner les disciplines artistiques, c’est donner l’art à voir, à entendre ou à toucher à un large public. Cette démarche vise également à promouvoir la transdisciplinarité et à lui offrir une grande visibilité. C’est construire des ponts interdisciplinaires et accroître l’audience.
La place donnée aux nouveaux supports artistiques et le décloisonnement des disciplines sont deux aspects qui ouvrent la création aux générations émergeantes ; ceci tant en musique ou en création tags ou en créations multimédias.
Conserver et valoriser le patrimoine
Bruxelles est également une région de patrimoine historique et artistique. Il faut y garantir une politique globale de gestion intellectuelle et de mise en valeur auprès des publics du patrimoine des communes. Cette politique doit se traduire par la diffusion d’outils scientifiques d’une grande qualité, accessible à un large public, ainsi que par une amélioration de son accueil. L’aménagement des horaires d’ouverture et la mise en valeur des collections par des expositions thématiques favorisent un meilleur accès à la connaissance du patrimoine. La redynamisation du folklore, en concertation avec les organisateurs de grands événements et les responsables culturels de la Ville participe de ce réinvestissement du patrimoine historique. Ces concertations permettent de réinscrire dans l’espace public une mémoire partagée par les communes et leurs habitants. Ces manifestations rassemblent un large public et peuvent avoir une dimension contemporaine. La Zinneke Parade est ici un très bel exemple. Les projets visant à faire découvrir les aspects du patrimoine européen est aussi une démarche à développer.
Une capitale culturelle européenne : accueil et tolérance
Bruxelles ne peut être qu’une simple capitale administrative, bureaucratique de l’Europe. Elle doit aussi en être la capitale des cultures européennes. Celle où se rencontre la pluralité culturelle de l’Europe et du monde. Cap 2016 c’est un objectif précis. Il faut par le travail de rencontre donner une large place à la création et ouvrir Bruxelles à l’art et à la culture.
Ceci n’est possible que parce que Bruxelles est forte de son bilinguisme et de ses multiples cultures mais également de son sens de l’accueil et de la tolérance.
Nous pouvons aboutir à cet objectif en favorisant la participation des citoyens, des créateurs, des artistes au projet culturel de Bruxelles.
Reconquérir l’espace public, les rues, les places, les parcs permet la rencontre entre les citoyens et les créateurs européens.
Soutenir les expressions contemporaines grâce aux nouvelles disciplines et décloisonner celle-ci tout en faisant connaître les richesses créatives de nos quartiers à l’Europe donneront à notre Région une place de ville créative, nouvelle et dynamique au cœur de l’Europe.
Faire connaître le patrimoine de nos communes et des villes et régions d’Europe favorisera la connaissance mutuelle de citoyens que nous voulons émancipés et européens, sensibles à la participation et ouverts à la création.